La Côte d’Ivoire, qui se voulait sur le chemin de la reconstruction et de la reconstruction, vient de renoue avec la violence matérialisée par des attaques armées qui ont fait au mois d’aout 2012 plusieurs morts et blessés au sein des forces de l’ordre dans la capitale économique, Abidjan ainsi que dans la partie ouest du pays.
Ces actes de violence interviennent un peu plus d’une année après la crise électorale qui a fait 3.000 morts, faisant de la questions de la sécurité si nécessaire à la reprise économique, une condition qui reste encore à satisfaire.
La pacification espérée après la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, n’a pas tenu longtemps dans la capitale économique, Abidjan étant redevenue le théâtre d’attaques meurtrières, jusque là cantonnées dans l’ouest frontalier du Liberia et mis sur le compte de « mercenaires » à la solde de l’ancien président.
Des membres de la mouvance présidentielle n’ont pas manqué d’interpréter ces attaques comme une volonté de saboter les efforts jusqu’ici consentis sur le terrain économique et qui rendaient le pays à nouveau « fréquentable » par les bailleurs et les investisseurs avec l’allègement de la dette.
Selon le site Internet de la Banque mondiale, 4,4 milliards de dollars de dettes ont été annulés par les institutions de Brettons Woods, et le pays a été inscrit dans la liste des pays inscrits à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
« Les niveaux appréciables de croissance de l’économie projetés (8.6% et 5.5% respectivement pour 2012 et 2013) dépendent de la consolidation de la paix et de la restauration de l’appareil productif », selon l’étude sur les perspectives de l’économie africaine de la Banque africaine de développement, qui souligne aussi que la crise postélectorale avait causé une chute de 5,9 du Produit intérieur bruit (Pib).
Sans doute pour éviter d’entretenir la psychose cette question sensible, le président Alassane Ouattara dans son discours prononcé à l’occasion de la de fête de l’indépendance, préféré parler d’existence de « poches résiduelles d’insécurité ».
Dans son édition du mardi 14 août 2012, le quotidien ivoirien l’Inter (privé) titrait « assauts tous azimuts, des assaillants frappent encore à Toulépleu » (Ouest) en référence à une énième attaque la veille d’un poste-frontière menée par des éléments armés, dans cette ville de l’ouest frontalière du Libéria. Deux mois auparavant une attaque toujours dans cette partie du pays faisait 18 morts dont 7 casques bleues.
Pour le pouvoir en place, nul doute que ce sont les forces pro-Gbagbo qui sont derrière ces attaques.
« Nous avons les aveux de ceux que nous avons arrêtés avec des armes et des munitions près des lieux de l’attaque », soutenait le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko au lendemain des attaques d’Abidjan.
Dans un document publié par l’Inter, l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly, ex-membre du Front patriotique ivoirien de Laurent Gbagbo, souligne la responsabilité du camp des forces fidèles à Gbagbo ainsi que celles liées à Ouattara.
Selon lui on compte au total en 97.000 à 100.00 éléments armés, laissés dans la nature depuis la fin de la crise postélectorale. Du coté des forces pro-Ouattara sur les milliers de combattants recrutés pendant la crise postélectorale, seule une petite minorité a rejoint les rangs de l’armée.
« Ces ex-combattants (…) non retenus dans les FRCI (Forces républicaines de Côte d’ivoire, gouvernementales) vivent dans la rancœur et la frustration et sont en attente de toutes les bonnes occasions qui pourraient leur permettre d’exprimer leur colère vis-à-vis de ceux qui leur ont menti, les ont utilisés et les ont rejetés au moment du partage du butin », a-t-il expliqué.
Préconisant lui aussi une réforme de l’armée nationale, Mamadou Koulibaly a invité le pouvoir a « cesser la politique de l’autruche et à regarder le problème en face ».
Cette réforme , que d’aucuns brandissent comme une solution, a été pourtant évoquée par le président Ouattara qui a annoncé dan son discours, la création à terme d’un « Conseil national de sécurité et une autorité unique chargée de procéder au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des ex-combattants de tous bords ».
La violente crise postélectorale qu’a vécu la Côte d’Ivoire est consécutive au second tour de l’élection présidentielle de novembre 2010, qui avait donné le spectacle de deux présidents proclamés. D’un côté le président sortant Laurent Gbagbo, qui refusait de céder le pouvoir mais finalement mis aux arrêts le 11 avril 2011, et de l’autre Alassane Ouattara considéré comme vainqueur par la Commission électorale indépendante (Cei) et soutenu par la communauté internationale.
Outre les aspects économiques, ce déficit de sécurité constitue aussi un grand frein à une autre urgence de l’heure pour la Côte d’ivoire : la réconciliation nationale
Jeudi 16 Août 2012
Ouestaf News
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