«La relance des affaires en Côte d’Ivoire par le lancement d’un grand emprunt obligataire en faveur du secteur privé»
Libre Opinion Par Stéphane AMANI, titulaire d’une Maîtrise es Sciences Economiques, Université d’Abidjan, Master’s degree in Government Administration, University of Pennsylvania, USA. Cadre de banque. Ex Conseiller Technique au Ministère des PME (2003-2005), ex Directeur Exécutif du FIDEN (Fonds Ivoirien pour le Développement des Entreprises Nationales), précédemment PCA du Fonds de Garantie des Crédits aux PME (FG-PME). stephamani2003@yahoo.fr; cel: +22508410341
Du programme du Président de la République, on comprend aisément que l’emploi doit se faire à partir du rôle que les banques devront jouer pour permettre aux entreprises du secteur privé d’offrir ces emplois, élément déterminant d’une relance de l’économie nationale. Par définition, le rôle d’une banque consiste à collecter des dépôts d’argent et de valeurs, puis à les utiliser sous forme de crédits ou d’investissements. Toutes les banques ont donc été fondées pour mettre à la disposition de l’économie réelle, les moyens de financer son développement, parce qu’elles bénéficient de facto, d’une garantie de l’Etat.
Avec l’atteinte du point d’achèvement du programme de restructuration de la dette extérieure des pays pauvres très endettés (PPTE), l’Etat, soucieux de la bonne gouvernance, devra désormais pouvoir dégager des marges bénéficiaires pour les nombreux investissements à réaliser dans le processus de développement du pays. Mais la véritable croissance ne se fera que si la population s’organise en groupements d’intérêts économiques, en groupements à vocation coopérative (GVC), en mutuelles de développement, et en fédérations, comme auparavant, pour obtenir l’assistance bancaire nécessaire pour la réalisation des projets et l’extension d’affaires existantes.
Il faut donc que l’Etat de Côte d’Ivoire, dont le potentiel est et semble redevenu crédible initie une grande action, ou plusieurs, en direction des institutions de financement que sont les banques et établissements financiers, puisqu’il (l’Etat) est une garantie morale comme nous venons de le souligner. Le redémarrage des activités sera alors certain, après que le problème sécuritaire ait trouvé une solution, l’argent n’aimant pas le bruit. C’est en voie de l’être. Bravo déjà aux tribunaux de commerce ! Il faut davantage rassurer tout le monde, les banques ayant souffert récemment en période post – électorale, tout comme la population, les investisseurs et l’image même du pays.
L’Etat doit donc impérativement lancer le plus grand Emprunt Obligataire qu’il n’ait jamais réalisé en faveur du secteur privé. Un emprunt, de l’ordre de 6 à 7%, d’un montant de CFA 500 milliards (Euros 762 millions ou US$ 1 milliard) servira au financement du micro – crédit, de l’artisanat, de l’innovation, des PME surtout, et des entreprises nationales. Non pour le financement des infrastructures, puisque cela est déjà en cours de réalisation. Sans utopie aucune, le moment est favorable, avant la fin de l’année 2012. Soyons-en certains, le montant à récolter sera bien au-delà, voire le double, après que les responsables de départements concernés se soient entretenus avec la population lors de leurs passages à la télévision, sur les différents médias, au Conseil Economique et Social et bien évidemment au Parlement. Ils soutiendront ainsi, le vœu de leur collègue de l’Economie et des Finances qui plaide déjà auprès des banques pour le financement de la commande publique. Il faut le dire, le Chef de l’Etat vient d’accomplir un grand travail en ouvrant notre marché à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique à travers l’AGOA. Les souscripteurs interviendront d’ici et d’ailleurs.
Il faut désormais plaider ouvertement pour le secteur privé ivoirien : la commande privée. Nous avons des structures telles que les mouvements et fédérations des pme/pmi, les inventeurs, la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Chambre des Métiers et autres organisations qui sauront nous propulser vers la croissance à deux (02) chiffres, car elles sont l’émanation des ménages. En parlant des fournisseurs de l’Etat, ceux sont bien des entreprises privées. Mais combien d’entre elles ont réellement la capacité de soumissionner et d’exécuter correctement les marchés publics ? Aidons les Pme ivoiriennes en général, en création ou en extension. Ce secteur assure plus de 87% du tissu économique. Permettons à nos pme/pmi d’être plus compétitives dans leurs différents domaines de compétence. Le produit intérieur brut (PIB) fera alors un grand bond en avant et la croissance à deux (02) chiffres sera une réalité bien plus tôt qu’on ne le pense.
Une fois ce mécanisme de financement du secteur privé mis ou remis en scelle, par la bonne manne dégagée par cet emprunt de l’Etat pour les entreprises du secteur privé, la commande publique trouvera aisément les moyens nécessaires, et les anciennes et nouvelles collectivités territoriales pourront grandement être parties prenantes dans le processus de développement national. Puisque la réconciliation nationale ne peut se faire que pas à pas, à cause de sa complexité, faisons en sorte que l’homme qui a faim soit déjà libre, en se nourrissant d’abord, en se soignant mieux, en épargnant enfin et en participant au processus de (re) construction nationale, pour mieux s’asseoir et mieux discuter.
Toutefois, une clé de répartition claire et précise de l’usage des fonds nécessaires (CFA 500 milliards pour le secteur privé uniquement) doit faire l’objet d’un décret, après validation d’un texte pris au Parlement dans ce sens. On parle bien de bonne gouvernance ! Cela rassurera tout le monde, surtout la population avide de participer davantage à la création de richesses incluant l’épargne. L’Etat aura alors crée la dynamique nécessaire pour appâter tout le monde et impulser le développement pour l’émergence en 2020, ou 2030 si on traîne les pas, en inscrivant toutefois la Côte d’Ivoire et d’autres pays de la sous région en marche dans le gotha des pays industrialisés en 2050. C’est possible. Yes, we can make it !
Sénèque, ne disait-il pas : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».
Intervention personnelle.
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