Visite/SEM. Alassane Ouattara: « Mon souhait, c’est de juger tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire »
Source: Fraternité Matin
SEM. Alassane Ouattara SEM. Alassane Ouattara Le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara, était samedi l’invité Afrique de Rfi. Sans faux fuyant, il a répondu à différentes questions portant sur le transfèrement de Mme Gbagbo, la situation à l’Ouest, les relations avec l’Afrique du sud etc.
‘’Mon souhait, c’est de juger tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire’’. C’est la réponse du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à une question de Christophe Boisbouvier sur un éventuel transfèrement de l’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, à la Cour pénale internationale (Cpi). C’était samedi, à l’émission ‘’Invité d’Afrique’’ de Radio France internationale (Rfi).
Transfèrement de Simone Gbagbo à la Cpi
‘’ Nous avons à ce sujet à l’étude. Quand mon prédécesseur a été transféré, la Cpi a diligenté des enquêtes parce que nous n’étions pas en mesure de le faire à cette période-là. Les juges ne venaient plus au travail, donc la justice ne fonctionnait pas et nous n’avions pas les textes juridiques nécessaires pour juger Laurent Gbagbo. Maintenant, depuis un an, tout ça a été remis en place. Ma priorité et mon souhait, ce serait de juger tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire’’, a-t-il dit. Depuis des mois, des rumeurs persistantes d’un transfèrement de l’épouse de l’ex-Chef de l’Etat alimentent toutes les conversations. La réponse du Chef de l’Etat laisse présager que le procès de Simone Gbagbo pourrait se tenir en Côte d’Ivoire. Elle est impliquée dans la crise post-électorale en Côte d’Ivoire qui a fait un peu plus de 3000 morts. En août 2011, elle a été inculpée par le procureur de la République, Simplice Koffi, de ‘’crimes de sang, vol aggravé, détournement de denier public, pillage, concussion et atteinte à l’économie nationale’’
Poursuite contre les ex-Forces nouvelles
Outre ce sujet, le Président Ouattara s’est aussi prononcé sur des poursuites contre des éléments des ex-Forces nouvelles devenues Forces républicaines, en mars 2011, lors de la fusion des Forces armées des forces nouvelles et des Forces de défense et de sécurité conformément aux dispositions de l’Accord politique de Ouagadougou du 4 mars 2007. A ce sujet, il a été clair et précis : ‘’ Je ne peux pas aller m’attaquer à des gens, au niveau de la justice, s’il n’y a pas de soupçons avérés ou de preuves. Si maintenant, des personnes liées à ceux qui m’ont soutenu ont commis des crimes, elles seront jugées. Elles seront jugées, il n’y aura pas d’exception !’’ Autre point abordé au cours de cette interview, la justice des vainqueurs reprise en chœur par les contempteurs de la coalition des Houphouëtistes au pouvoir. Pour le Président Ouattara, ‘’ les personnalités qui sont en prison ont commis des crimes, soit économiques, soit de sang. Donc, ce sont des personnes qui méritent d’être en prison. Maintenant, il s’agit de faire en sorte que la lumière soit faite sur tout ce qui s’est passé en Côté d’Ivoire. À cet effet, j’ai mis en place une commission nationale d’enquête. Ses résultats me seront présentés dans les prochains jours, à la fin juillet, et tous ceux qui ont commis des actes criminels passeront devant la justice.’’ Concernant les arrestations qui pourraient entraver la marche du processus de réconciliation, le Chef de l’Etat a souligné que ‘’ ce n’est pas parce que quelqu’un qui a commis des crimes est extradé, que ça porte atteinte à la réconciliation. Je ne peux pas accepter cela. Les choses sont très claires. Il y a eu des crimes’’. Les criminels, a-t-il ajouté, doivent être traduits ‘’devant la justice, si nous voulons construire un Etat de droit’’. Tous ceux, à l’extérieur, sont impliqués dans une affaire seront ramenés en Côte d’Ivoire. ‘’ J’ai été en contact avec les autorités togolaises et ghanéennes. Les extraditions ont commencé. Ça ne va pas s’arrêter à M. Lida Kouassi! Ça va continuer ! Je n’apporterai pas seulement la prospérité aux Ivoiriens, mais je leur apporterai aussi la paix et la sécurité’’, a affirmé le Chef de l’Etat.
Evénements de Duékoué
Sur la situation à l’ouest, le Président Ouattara a fait quelques précisions : ‘’ Il faut préciser les choses. La sécurité est revenue en Côte d’Ivoire. Maintenant, il y a des éruptions de temps en temps. Il y en a eu, il y a quelques mois. Il y en a eu il y a une semaine. Les miliciens sont sortis du camp de réfugiés, pour aller attaquer les populations civiles, qui elles, ont voulu se venger. Je condamne, bien sûr, l’acte criminel, je condamne la réaction des populations de vouloir se faire justice elles-mêmes. Nous avons entrepris une enquête. Les auteurs seront traduits devant la justice. Il n’y aura plus d’impunité en Côte d’Ivoire.’’ Vendredi dernier, des violences ont éclaté dans la ville de Duékoué. Le site des déplacés de Nahibly est parti en fumée. Le Président de la République est également revenu au cours de cette interview sur sa rencontre avec son homologue français, François Hollande. Celle-ci, fut ‘’très excellente’’, avec ‘’une bonne ambiance’’, a-t-il dit. Sans détour, il a répondu aux questions sur la situation au Mali et ses rapports avec le Président de l’Afrique du sud, Jacob Zuma. Sur la crise malienne, le Chef de l’Etat, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), souhaite que la force pour libérer le nord Mali soit la plus large possible : ‘’ Je pense qu’il faut une force élargie. Bien sûr, il faut que la Cedeao commence et ensuite l’Union africaine. Nous serions d’ailleurs heureux que le Président Idriss Deby participe à cette opération, et bien sûr, les forces de la communauté internationale. Il faut aller au-delà de l’Afrique pour mettre en œuvre la libération du nord du Mali. C’est important pour le continent et pour le monde.’’ Pour ses relations avec le Sud- africain Jacob Zuma, il a indiqué ‘’le Président Zuma et moi sommes devenus amis. Nous avons des discussions enrichissantes’’. Pour terminer, le Président de la République a confirmé sa participation au prochain sommet de la Francophonie qui se tiendra à Kinshasa, en République démocratique du Congo (Rdc).
Étienne Aboua
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