Par Olivier Dion Source: L’Intelligent d’Abidjan
Les détenus pro-Gbagbo de Boundiali ont reçu la visite de Mme Loma Cissé Matto, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de la Justice, le jeudi 26 juillet 2012 à Boundiali. Cette visite qui fait suite aux deux précédentes à Korhogo et Odienné, a été l’occasion pour la ministre de la Justice de s’enquérir de l’état de fonctionnement des juridictions sous sa tutelle.
Mme Loma Cissé Matto a mis son séjour à profit pour se rendre compte par elle-même des efforts qui ont été faits par les partenaires au développement en termes de réhabilitation et d’équipement des tribunaux et maisons d’arrêt et de correction de Boundiali, après la destruction et le pillage systématique des symboles del’appareil judiciaire et de l’autorité de l’Etat pendant la crise post- électorale. Dès son arrivée dans cette localité, le jeudi dernier, aux environs de midi et en compagnie d’une délégation forte de la présence de huit collaborateurs et du Chef de la Division Etat de Droit de l’ONUCI, une séance de travail s’est tenue à la section du Tribunal avec l’autorité judiciaire. Le président du Tribunal a profité de l’occasion à lui offerte pour formuler ses besoins en termes de véhicules de service, mais aussi et surtout en matière de personnels judiciaires dont les effectifs sont jugés insuffisants. Après avoir félicité ses collaborateurs pour la haute conscience avec laquelle ils s’acquittent de leurs tâches, Mme Loma Cissé Matto a promis apporter très rapidement des solutions adéquates à toutes leurs préoccupations, aussitôt qu’elle aura rendu compte de sa mission au Premier ministre. Le second temps fort de cette tournée de travail, selon une source proche de la délégation, a été la visite rendue aux pensionnaires de la prison civile de Boundiali où Mme Loma Cissé Matto a pu s’enquérir des conditions de détention, ainsi que de l’état de santé de tous les détenus et singulièrement de certaines personnalités inculpées à l’issue de la crise post-électorale et détenues dans cet établissement pénitentiaire. Au nom de ses camarades de cellule, Philippe Dacoury Tabley a d’abord remercié Mme la ministre pour l’initiative de cette visite, ainsi que pour leur suivi sanitaire qui a connu une nette amélioration : «Merci pour le bilan de santé dont nous avons bénéficié récemment de la part des médecins venus d’Abidjan. Actuellement, nous recevons la visite d’un médecin de l’hôpital une fois par semaine pour pallier à nos ennuis de santé. Toutefois, certains parmi nous souffrent de maladies chroniques qui nécessitent un suivi plus régulier dans un centre spécialisé», a-t-il fait savoir. Poursuivant, l’ex-Gouverneur de la BCEAO, s’est étonné de leur présence dans une maison d’arrêt et de correction. «Nous n’avons commis aucune faute qui puisse justifier notre présence ici, avec des détenus de droit commun. Sur les 25 que nous étions au départ, nous ne sommes plus que 9 actuellement, les autres ayant bénéficié de la liberté provisoire. Ayant tous été inculpés sous le même chef d’accu sation, nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes encore en prison. Nous souhaitons enfin le dégel de nos comptes pour fai- re vivre nos familles et notre libération pure et simple, car nous ne nous reprochons rien», a-t-il signifié. A sa suite, l’ex- député Martin Sokouri Bohui, qui faisait office de maître de cérémonie pour la circonstance, a abondé dans le même sens: « Certains parmi nous ont été arrêtés sur leur lieu de travail. Mahan Gahé par exemple, syndicaliste de son état, a été arrêté à son domicile», a-t-il rappelé avant de procéder à la présentation des autres compagnons de cellule en insistant notamment sur leurs fonctions respectives dans le gouvernement illégitime de la crise post- électorale. En réponse, le ministre en charge de la Justice a tenu à faire la précision suivante : « Il n’y a aucun prisonnier politique dans nos établissements pénitentiaires. Tous ceux qui sont dans cette prison sont des détenus de droit commun, dès lors qu’ils ont fait l’objet d’une inculpation formelle par le juge d’instruction. Seul l’aboutissement des procédures judiciaires en cours permettra à chacun d’être fixé sur son sort. Pour les préoccupations relevant de l’environnement de détention, nous avons en projet de doter les prisons de téléviseurs, de bibliothèques et d’activités ludiques pour occuper sainement les détenus. Relativement aux questions d’ordre sanitaire, nous allons rapidement voir ce qui peut être fait», a-t-elle conclu, dans une ambiance conviviale. La rencontre s’est achevée par la visite de la cellule partagée uniquement par les huit personnalités sur la soixantaine de détenus que compte cette prison, cellule dans laquelle, toujours selon notre source, il a été observé la présence de plusieurs ventilateurs et autres réserves de vivres. Outre Mme Christine Adjobi, actuellement internée à la Pisam pour raison de santé, Henri Philippe Dacoury-Tabley, Gilbert Aké N’gbo, Désiré Dallot, Alcide Djédjé, Martin Sokouri Bohui, Basile Mahan Gahé, Gnahoua Zibrabi et Séka Obodji sont les pro-Gbagbo détenus à la pri- son civile de Boundiali. Avant de quitter Boundiali, Mme Loma Cissé Matto et sa délégation se sont entretenues avec le corps préfectoral.
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