40 milliards des pro-Gbagbo gelés Les exigences de la Suisse

Hamadou Ziao L’inter

70 millions de francs suisses, soit 35 à 40 milliards de Fcfa appartenant à une centaine de personnalités proches de l’ancien régime ivoirien dirigé par l’ex-président Laurent Gbagbo, et logés dans des banques suisses, ont été gelés par les autorités de ce pays.n.

L’information nous a été donnée hier jeudi 26 juillet 2012, par l’ambassadeur de la Suisse en Côte d’Ivoire, Son Excellence David Vogelsanger, de passage à notre rédaction. A en croire le diplomate suisse, « c’est une liste de plus de cent (100) personnes, pour un montant d’environ 70 millions de francs suisse. Je ne peux pas vous donner de noms, je ne sais pas à qui appartiennent ces comptes, mais je peux vous expliquer le mécanisme de saisie de ces comptes ».

M. Vogelsanger réagissait à une possible rétrocession de ces fonds à l’État de Côte d’Ivoire, après leur saisie par les autorités suisses, comme ce fut le cas pour les comptes de l’ex-président tunisien Ben Ali, dont les fonds ont été reversés à l’État tunisien. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, note le diplomate, des conditions restent cependant à remplir. « Les autorités ivoiriennes doivent fournir à la Suisse des éléments concrets concernant les personnes concernées, les banques et les infractions au code pénal qui sont reprochées à ces personnes. Pour le moment, la justice ivoirienne n’a pas encore fourni des éléments nécessaires pour saisir les comptes de ces personnalités ivoiriennes », a-t-il dit. Soulignant qu’il aura une rencontre à cet effet avec le ministre de la Justice, non sans faire remarquer que les comptes gelés ne le resteront pas indéfiniment. S.E Vogelsanger n’a pas parlé que de comptes bancaires au cours de la rencontre d’hier. La réconciliation, la sécurité et l’Etat de droit étaient également au centre des préoccupations.

Réconciliation nationale, sécurité et État de droit

« La Suisse n’est pas donneur de leçons », a coupé court le diplomate suisse sur le volet de la réconciliation nationale, ajoutant toutefois que son pays soutient ce processus conduit par le Premier ministre Charles Konan Banny. « Après la crise, la première personnalité ivoirienne, après le président Ouattara, que j’ai rencontrée, c’est le Premier ministre Charles Konan Banny (Ndlr : président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, CDVR). Nous avons parlé de réconciliation. Si on demandait conseil à la Suisse, nous serons heureux de partager notre expérience », a-t-il assuré. S’agissant de la sécurité, le diplomate suisse, qui dit n’avoir pas quitté la Côte d’Ivoire durant la crise post-électortale, a déclaré que la situation sécuritaire s’est beaucoup améliorée à Abidjan. « Abidjan n’est même pas la ville la plus dangereuse du continent. Comparée à Lagos, Naïrobi, Johannesburg, Abidjan est un paradis », a-t-il fait observer

. Par contre, souligne S.E Vogelsanger, ce n’est pas le cas pour les villes de l’intérieur, où le phénomène de coupeurs de route, du racket et autres tracasseries routières, faussent les espérances en matière de sécurité. « Les gens ont du respect pour les plaques diplomatiques. Mais les entreprises et les hommes d’affaires suisses qui n’ont pas de plaques diplomatiques, subissent des tracasseries », a-t-il déploré.

Il a mentionné de façon particulière la situation à l’ouest de la Côte d’Ivoire, avec la récente attaque du camp des réfugiés de Nahibly, à Duekoué, intervenue le vendredi 20 juillet dernier. « J’ai été choqué par ce qui s’est passé. Un ambassadeur n’est pas là pour faire des enquêtes et situer les responsabilités. C’est le travail des autorités ivoiriennes. Mais il est clair que ce qui s’est passé dans ce camp de réfugiés, est totalement inacceptable. En tant que pays à l’origine de la Croix-Rouge et du droit international humanitaire, c’est choquant. Et j’espère beaucoup que les auteurs seront retrouvés et punis », a-t-il affirmé. En ce qui concerne l’État de droit, M. Vogelsanger pense que c’est un travail de longue halène, estimant toutefois avoir noté chez les autorités ivoiriennes, une bonne volonté d’y parvenir.

Hamadou ZIAO

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