(Duékoué) massacres – Le parti de Gbagbo veut la démission du gouvernement

Texte intégral du point de de presse du FPI du 25 juillet 2012

Mesdames et messieurs les journalistes de tous les médias de la presse nationale et internationale.

La Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002, vit une tragédie sans fin marquée par des exécutions de populations dont la dernière a eu lieu le vendredi 20juillet 2012 à Duékoué. Le drame que vit Duékoué mérite l’interpellation de la communauté nationale et internationale pour que des mesures appropriées soient prises pour mettre fin aux traumatismes des Ivoiriens.

Il y a peu plus d’un mois, précisément le 15 juin 2012, le Front Populaire Ivoirien vous conviait à une conférence de presse, en ces mêmes lieux, pour vous informer et attirer votre attention sur les massacres des autochtones Wê perpétrés dans l’Ouest de notre pays par les FRCI l’armée privée de M. Alassane Ouattara.
Avant la présentation des nouveaux faits, leur analyse, et les dispositions qu’exige cette situation d’une extrême gravité, il importe de rappeler dès l’abord, le contexte socio économique dramatique ivoirien que nous soulignions à notre conférence de presse du 15 juin dernier.

1. La vérité sur la réalité à l’ouest : massacrer tous les Wê et vider cette zone des planteurs ivoiriens

La mainmise des multinationales du négoce sur le cacao ivoirien, qui est l’un des fondements de la guerre faite à notre pays, passe par l’expropriation des planteurs nationaux (wê, baoulé). Cela au profit de colons étrangers burkinabé, malien plus malléables qui exerceront comme des ouvriers agricoles dans les plantations industrielles des multinationales à créer.
Ce qui se passe à l’Ouest est une terreur orchestrée par le pouvoir pour accélérer l’expropriation des paysans autochtones dont déjà des milliers d’entre eux ont été froidement exécutés ou se sont exilés. Les maîtres d’œuvre de cette sale besogne au profit du pouvoir et de la colonisation des terres de l’Ouest sont connus de l’ONUCI et des FRCI. Leur chef de file Amadé Ouremi qui a participé à la guerre pour la prise du pouvoir par Alassane Ouattara, contrôle au vu et au su des nouvelles autorités toute la région ouest, à la tête d’une armée très lourdement équipée. Ils sont au total sept chefs de guerre burkinabé portant des tenues militaires estampillées FRCI, en liaison avec des supplétifs Dozos vivant de prébendes, rançonnant les populations, s’adonnant quotidiennement à des actes de brigandages, coupures de routes, vols à mains armées, assassinats…
Le président de la République, Alassane Ouattara dont la promptitude est devenue légendaire dans la persécution, les accusations fantaisistes, extraditions et détentions extra judiciaires des pro Gbagbo, s’avoue curieusement incapable de faire la différence entre un vrai et un faux FRCI.
De même, le secrétaire général par intérim de son parti le RDR, Amadou Soumahoro qui nous a si funestement habitués à ses surenchères totalitaires avec ses discours ethnocidaires et fpicides, se mure dans un silence, satisfait certainement de pouvoir alimenter les cimetières promis aux pro Gbagbo pendant que son patron poursuit allégrement son séjour à l’étranger.
Ces aveux d’impuissance et/ou de complicité font de M. Alassane Ouattara, en plus de tous les massacres qui ont jalonné sa course au pouvoir, le coupable de tous les crimes commis contre les citoyens de tous ordres de notre pays depuis son accession au pouvoir d’Etat, dans le bain de sang que l’on sait.
Et le récent drame de Duékoué porte tout autant la marque de sa pleine et entière responsabilité.

2. Le drame de Duékoué : les faits, et les responsabilités

Dans la nuit du jeudi 19 au vendredi du 20 juillet 2012, le quartier Kokoma, sécurisé en permanence par les FRCI et les dozos a été agressé par des hommes armés non identifiés. Cela a occasionné la mort de quatre (04) personnes identifiées, dès le lever du jour, comme des membres de la communauté malinké majoritaire dans ce quartier.
Sans aucune forme de procès, des pensionnaires du camp de refugiés de Nahibly sont accusés d’être les auteurs de ces tueries. S’en suit alors une expédition punitive des FRCI et des dozos appuyés par des centaines de personnes armées (armes de guerre, armes blanches, bidons remplis d’essence, allumettes, etc.). Sur les lieux, une colonne de FRCI, de dozos encercle le camp des réfugiés, tandis qu’une autre colonne y pénètre. Le camp est mis à feu, les occupants tués à vue, ceux qui voulaient fuir sont rattrapés et exécutés soit brûlés vifs. L’on assiste alors à un véritable massacre des femmes, enfants et vieillards, jeunes gens et jeunes filles.
Cette tuerie massive commencée dès neuf (09) heures du matin, s’est poursuivie jusqu’à 16 heures sous le regard et donc la présence des autorités administratives dont le préfet Monsieur Effoli Benjamin, des agents de police et de gendarmerie médusés, écœurés, mais impuissants car dépourvus du minimum de moyens d’intervention. Pis, le détachement des forces de l’ONUCI, posté depuis toujours devant ce camp assiste impassiblement à cette barbarie digne de l’Inquisition (tribunal chargé de réprimer les hérétiques).

Le forfait accompli, les acteurs paradent dans la ville avec les armes en signe de victoire entonnant des chants guerriers et vantant leurs prouesses. A ce jour, le camp de Nahibly est détruit, incendié, ses locataires massacrés, les plus chanceux sont soit blessés, soit contraints à se cacher en brousse où des patrouilles de FRCI/dozos sont à leurs trousses.

Le bilan provisoire indique 211 morts (sources diverses concordantes), une centaine de blessés et des centaines de personnes disparues.
Suite à ce massacre à grande échelle, le Gouvernement Ouattara, dans une mise en scène ignoble et coupable parle de six (06) morts et de quelques blessés.
Il organise un reportage télévisé visant à minimiser l’ampleur du drame qu’il qualifie de difficultés humanitaires à la place de tueries massives.
Face à ces faits d’une extrême gravité, les autorités nationales et l’ONUCI complices dans le drame ivoirien, n’ont trouvé rien de mieux que de se jeter mutuellement la responsabilité dans un jeu macabre de ping pong.
Alors que le ministre délégué à la défense Paul Koffi Koffi déclarait sur les antennes de la RTI « le camp de Nahibly était gardé depuis sa création par les casques bleus de l’ONUCI », Arnauld Akodjenou le numéro 2 de l’ONUCI affirmait pour sa part que « la responsabilité primaire pour la sécurité du camp en incombait aux autorité ivoiriennes. Cela avait été arrêté lors de l’établissement du camp. A aucun moment la sécurité du camp n’a été sous la responsabilité de l’ONUCI ».
Face à la flagrance des faits qui les accablent tous, ils n’ont pas cette fois entonné en chœur leur sempiternelle litanie coup d’étatienne, mais certains thuriféraires du régime que ne visitent jamais, les scrupules, la honte, encore moins la compassion, ont trouvé là matière de dire que les réfugiés pro Gbagbo se sont auto-massacrés.
Quel délire morbide !

Ceux qui nous dirigent sont-ils encore des humains ?

Pour le Front Populaire Ivoirien aussi bien les autorités ivoiriennes que l’ONUCI sont responsables de ce drame par leur légèreté, pour ne pas dire leur connivence dans la gestion de ces évènements. Complices dans le génocide Wê de mars 2011, les FRCI et l’ONUCI le sont également à fond dans l’expropriation et les massacres des populations autochtones Wê à l’ouest du pays. Et ces forces armées coalisées doivent rendre des comptes pour crimes contre l’humanité.
De nombreux villages et campements Wê ayant été rasés, brûlés durant la guerre, et les plantations occupées par les FRCI et Dozos, les survivants ont été parqués dans le camp de Nahibly situé au milieu de nulle part entre Duékoué et Guiglo, pour être massacrés le moment venu, à l’abri de tout regard, et dans la plus grande discrétion et complicité entre les FRCI et l’ONUCI qui, pour distraire l’opinion nationale et internationale, se rejettent la faute.
Le camp de Nahibly unique refuge des populations Wê détruit, saccagé, anéanti, il ne reste plus aux Wê qu’à fuir massivement leurs terres, abandonnant ainsi l’Ouest du pays aux colons burkinabé, qui une fois bien établis, poursuivront leurs chevauchées macabres vers le sud-est du pays pour assujettir tous les autres peuples ivoiriens. Ce qui se passe à l’ouest n’est que le début, d’une colonisation totale du pays.

Cette assertion repose de manière intangible sur des faits graves qui incriminent au premier chef M. Alassane Ouattara, son régime et son Gouvernement. Relativement aux récents massacres de Duékoué, le FPI rappelle que lors de la visite d’Etat effectué à l’ouest en avril 2012, M. Alassane Ouattara avait publiquement annoncé sa ferme volonté « d’en finir avec le camp des refugiés de Nahibly ». A sa suite et prenant prétexte de l’attaque de Taï, M. Amadou Soumahoro, Secrétaire Général du RDR (parti de Alassane Ouattara) et de surcroît Ministre – Conseiller du président Ouattara avait promis : « l’Ouest sera nettoyé et aseptisé… ». Le préfet de Duékoué, représentant institutionnel du chef de l’Etat semble être soulagé par la disparition du camp des réfugiés et de ses occupants car selon lui « le site est un nid de malfrats ». Ces trois (3) déclarations sont révélatrices d’une action planifiée, de destruction du camp et de ses occupants, sinon comment comprendre que le Gouvernement n’ait jamais mis en place des mesures concrètes et efficaces pour le retour sécurisé des occupants de ce site, pourtant autochtones Wê, dans leurs villages.
Pour le FPI, le traitement infligé aux refugiés du camp de Nahibly, doit être analysé dans le même registre que les massacres de Sabra et Chatila au Liban en septembre 1982.

Voilà de quoi se rendent coupables depuis le 11 avril 2011 M. Alassane Ouattara et ses alliés de l’ONUCI, dans le génocide programmé des peuples ivoiriens.
Le Front Populaire Ivoirien, accuse de ce fait, Alassane Ouattara, président de la République, ministre de la défense, son gouvernement et l’ONUCI de génocide en Côte d’Ivoire.

3. Pour la fin des massacres et l’avènement d’un état de droit en Côte d’Ivoire : les exigences du FPI

Face à ces douloureux événements, le Front Populaire Ivoirien s’incline devant la mémoire de tous les morts, victimes de la barbarie et de l’incompétence du régime Ouattara. Il adresse ses condoléances les plus attristées à toutes les familles endeuillées et leur témoigne de sa sympathie et de son soutien. Il exprime sa compassion aux blessés à qui il souhaite un prompt rétablissement.
Le FPI condamne avec la dernière énergie les attaques meurtrières perpétrées contre les populations civiles innocentes du camp des refugiés de Nahibly.
Il s’indigne de l’attitude désinvolte et de la surprenante indifférence du Gouvernement tendant à minimiser cette tragédie qui ajoute au martyr du peuple wê déjà durement éprouvé.

Il réaffirme que le président Ouattara porte l’entière responsabilité du drame récurrent qui se déroule à l’Ouest avec le massacre ciblé et donc du génocide du peuple wê.
C’est pourquoi, le Front Populaire Ivoirien :
1- Dans l’immédiat exige :
– des sanctions contre les autorités ministérielles et administratives en charge de la sécurité et de la défense ;
– la mise en place d’une commission d’enquête crédible sur la tragédie de Duékoué;
– la démission du Gouvernement pour incompétence avérée ;
– le démantèlement de la bande à Ouremi, véritable nœud de la sécurité et de la défense ;
2- En appelle à la clairvoyance et à la haute attention du Président de la République Française, M. François Hollande, qui s’apprête à recevoir M. Alassane Ouattara, à l’Elysée pour prendre la pleine mesure de la tragédie des populations ivoiriennes et de tous les habitants de la Côte d’Ivoire du fait de l’insécurité organisée par l’armée ethnocentrique instituée par le régime Ouattara par ordonnance le 17 mars 2011.
3- Réitère son appel :
– au désarmement des ex-combattants et à l’encasernement des militaires ;
– à la démobilisation immédiate des personnes non éligibles à la fonction militaire et à la mise à la retraite de tous les « com’zones »
– au désarmement des dozos et leur retrait dans leur aire culturelle ;
– à la réhabilitation de la police et de la gendarmerie nationales dans leur mission régalienne de sécurisation du territoire national ;
– à la création d’une armée véritablement républicaine au service de toute la Nation ;
– à l’application effective de la loi sur le foncier rural de décembre 1998, résultat d’un consensus national.

La Côte d’Ivoire doit cesser d’être l’Etat de non droit qu’elle est devenue depuis le 11 avril 2011. Cela passe inévitablement par l’arrêt immédiat de tous les massacres, persécutions, extraditions, détentions extrajudiciaires, la libération de tous les détenus, à commencer par le Président Laurent Gbagbo, le retour de toutes les filles et de tous les fils de ce pays en exil pour délit d’opinion et d’appartenance politique.
La réconciliation nationale par un vrai et non un simulacre de dialogue républicain, pour la mise en œuvre d’un jeu démocratique juste, équitable et transparent sont des impératifs auxquels nul ne peut se dérober.
Tous unis nous sortirons, avec notre pays libéré de ses prédateurs de tout acabit, vainqueurs de cette douloureuse et tragique situation qui nous est imposée.

Mesdames et messieurs les journalistes, merci de votre aimable attention.

AKOUN Laurent
Secrétaire Général par intérim

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