Washington suspend son aide militaire au Rwanda

A la Une: Washington suspend son aide militaire au Rwanda

RFI

Par Marie Normand

La presse commente ce mardi la décision des États-Unis de suspendre son aide à la formation militaire au Rwanda. Kigali est accusé de soutenir les rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. « Une sanction américaine, écrit Africanews, qui contraste avec l’étonnant silence des pays de l’espace francophone, hormis la Belgique, qui s’illustrent plus par des leçons de démocratie plutôt que par un élan de solidarité ». Pour L’Avenir aussi, les pays francophones « s’embourbent dans une indifférence (…) de mauvais goût. (…) C’est bien de mettre en exergue la mort de Floribert Chebeya, mais il ne faut pas oublier que 8 millions de Congolais sont morts et continuent à mourir à l’est de la RDC ».

Voilà donc, en tout cas, « de l’eau américaine au moulin de Kabila », titre Le Pays. Le journal burkinabé admet que « ce n’est pas la perte [de l’aide militaire] qui causera des insomnies à Kigali, [mais plutôt] son image », car « c’est son allié le plus emblématique qui lui “tire les oreilles” ». Au Rwanda, cette affaire fait aussi les gros titres de la presse. Par exemple, ceux de The New Times, où Paul Kagamé accuse la communauté internationale d’être à la source de la crise dans l’est de la RDC. Évoquant les mutins du M23, il déclare : « Nous ne leur avons pas fourni la moindre balle ». Alors cette initiative américaine est « en principe (…) une appréciable victoire diplomatique pour la RDC, dont les plaidoyers sur l’instrumentalisation, par le pays de Paul Kagame, des rébellions qui perturbent incessamment la paix dans sa partie Est, ont souvent fait flop, dans les instances internationales comme dans les capitales occidentales », pense Le Phare.

Une « passe en or » faite à Kagame

Reste maintenant pour la RDC à capitaliser, poursuit le journal de Kinshasa : « Tout faux pas est désormais interdit pour la diplomatie congolaise ». Ce faux pas a peut-être déjà été fait si l’on en croit la presse. Elle s’interroge sur les signaux contradictoires lancés par Kinshasa, notamment sur cet accord signé avec Kigali pour la mise en place d’une « force neutre » le long de leur frontière commune pour combattre les attaques rebelles. Déjà, pour Afrikarabia.com, « l’arrivée d’une nouvelle armée dans la région risquerait de figer le conflit, là où les Nations unies ont déjà échoué depuis 10 ans avec la Monusco », « une armée de plus dans un conflit déjà sur-militarisé ». Et puis, pour Le Phare, comment expliquer cet accord, au sommet de l’Union africaine, alors que la délégation congolaise avait un objectif, « à savoir obtenir la condamnation du Rwanda comme pays agresseur ». Cet accord avec Kigali, pense le journal congolais, « c’était une passe en or faite à Kagame pour “le but de l’égalisation”, dans un “match” où il n’avait aucune chance de revenir au “score” ».

Madagascar, prise au piège

On part maintenant à Madagascar. La presse burkinabé commente largement la situation dans la Grande île, « plombée par une interminable crise politique ». « Madagascar prise au piège par l’incapacité de son actuel président et de son prédécesseur à regarder dans la même direction, dans l’intérêt du pays, regrette le blog de Bark Biiga. Deux hommes [Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana] qui se haïssent cordialement, depuis que le premier a eu le culot de déposer le second à la suite d’un coup d’État militaire qui a mis le feu aux poudres ». « La transition dure maintenant depuis trois ans sans aucune perspective d’élection », écrit L’Observateur toujours au Burkina Faso.

Dimanche, une mutinerie, vite maîtrisée, a fait plusieurs morts. « Mutinerie, simple mouvement d’humeur ou encore montage de la part de l’actuel homme fort de Tana ? » s’interroge Bark Biiga. « Ce qui est certain, c’est que cela n’est pas un bon signe pour le processus de transition ». « L’ombre de ce coup de sang ne manquera pas de planer sur les débats », écrit Le Pays. Le journal évoque la rencontre demain entre Rajoelina et Ravalomanana aux Seychelles, présentée comme un espoir de sortie de crise. L’Express de Madagascar admet que la mutinerie « met une pression supplémentaire sur les deux interlocuteurs », qui doivent notamment évoquer le retour au pays de Marc Ravalomanana et les poursuites judiciaires engagées à son encontre.

Condamnation de neuf exciseuses en Côte d’Ivoire

Pour finir, un billet à lire dans Fraternité-Matin sur la condamnation de neuf exciseuses en Côte d’Ivoire. « Enfin la première condamnation », s’exclame Oumou Dosso : un an de prison, assorti d’une amende, pour neuf femmes de Katiola, dans le nord du pays. Ces femmes étaient jugées pour avoir excisé une trentaine de fillettes et cela « mérite d’être applaudi », pour la chroniqueuse ivoirienne. « La peine peut sembler légère, mais depuis la pénalisation des mutilations génitales féminines dans notre pays, c’est la première fois que la justice sévit », rappelle-t-elle. Dans le pays, la pratique perdure : « 42% des femmes subissent l’atrocité », écrit Fraternité-Matin, un chiffre tiré de l’étude d’une ONG. Oumou Dosso pense que faire le procès des exciseuses est une bonne chose. Mais il serait aussi intéressant, selon elle, de remonter jusqu’aux parents et jusqu’à ceux qui font l’apologie de cette pratique.

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