Duékoué: La violence a encore fait des victimes

Source: Fraternité Matin

Mise à jour le Vendredi, 20 Juillet 2012 20:16 Écrit par Saint-Tra Bi Vendredi, 20 Juillet 2012 19:52

Une vue du camp de déplacés de Nahibly parti en fumée (photo: Saint-Tra Bi)Une vue du camp de déplacés de Nahibly parti en fumée (photo: Saint-Tra Bi)Il est 7 heures ce vendredi 20 juillet quand nous recevons un coup de fil nous informant de la mort de quatre personnes au quartier Kokoman de Duékoué, habité majoritairement par les malinkés et des ressortissants de la sous-région. Arrivé sur les lieux, nous découvrons les corps sans vie de Doumbia Losseni, Koné Siaka, Youssouf Ouattara et Dosso Sékou gisant dans des mares de sang. « Ils sont arrivés aux environs d’une heure du matin. Ils ont fracassé la porte et ont abattu mon père », raconte la fille d’une des victimes.

Des jeunes très excités trouvés sur les lieux, nous indiquent une piste que les assaillants auraient empruntée. « Ils sont venus du site des déplacés de Nahibly. Nous allons les déloger aujourd’hui », prévient un d’entre eux. À notre retour, nous voyons une épaisse fumée noire s’élever sur le site de Nahibly. Nous y allons immédiatement. Sur le chemin, nous rencontrons des centaines d’hommes, femmes, enfants en provenance du site. Des jeunes armés de bâtons, couteaux, barres de fer…, veulent en découdre avec les habitants du camp. Ils sont empêchés par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Mais trop tard, le site est déjà en feu. « Trop c’est trop » scandent certains.

Les casques bleus marocains en charge de la protection du lieu et les autorités locales assistent, impuissants, à la destruction du camp des déplacés. L’on a même entendu des tirs venant de l’intérieur de ce camp. Des vieillards blessés à la machette sont secourus et évacués à l’hôpital. Certaines personnes habitant le site sont arrêtées et mises à la disposition des Frci. Les déplacés qui ont réussi à sortir ne savent pas où aller.

En dépit des renforts militaires venus de Guiglo, rien n’a pu être sauvé. Les Frci investissent les lieux pour dissuader les éventuels pillards. Lorsque nous arrivions, la désolation se lisait sur les visages. Aucune tente n’a été épargnée. Des abris continuaient de brûler, des femmes déplacées cherchent à sauver quelques biens encore intacts. Même le poste de police tenu par les casques bleus pakistanais en a fait les frais. L’on dénombre trois victimes à l’intérieur du camp, dont une calcinée.

Nous quittons Nahibly pour la mission catholique, le site annexe où une vingtaine de déplacés avait trouvés refuge. Après la mission, nous nous sommes rendus à l’hôpital général où 37 blessés par balles et armes blanches y sont internés, selon un responsable dudit établissement.

Le bilan de cette folle journée est pour l’instant de 13 morts (8 déplacés et 5 personnes abattues dans la nuit du jeudi). Tous les magasins ont baissés pavillons. Une réunion a lieu en ce moment entre les autorités et les humanitaires pour trouver une solution au problème des déplacés qui continuent d’errer.

Saint-Tra Bi

Correspondant Régional

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