Soro sur Africa24 « Laissons la justice internationale faire son travail »

Le Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro était ce mercredi l’invité du journal télévisé de ‘’Africa24’’. Sans ambages, il a répondu aux questions à lui poser par la journaliste Samia Déchir. Ci-dessous, l’intégralité de l’interview.

Le plus grand chantier qui attend votre législature est celui de la réconciliation. C’est la grande promesse du président Alassane Ouattara, le rôle de l’Assemblée nationale que vous présidez, c’est de voter les lois. Alors de quelle manière concrètement, cette Assemblée nationale va travailler à la réconciliation ?

Déjà, il faut dire que le fait d’avoir pu tenir les élections législatives constitue, de mon point de vue, le point de départ du travail de cette Assemblée nationale à laquelle je préside aujourd’hui. Evidemment, le rôle de l’Assemblée nationale est d’assurer le contrôle de l’activité gouvernementale mais, c’est aussi d’avoir l’initiative des lois qui fixent les règles pour l’Etat. Le contexte particulier de la Côte d’Ivoire qui est un contexte post-crise, emmènera notre Assemblée nationale à s’impliquer fortement dans le processus de réconciliation des ivoiriens et, c’est ce que nous allons faire à travers les 255 députés que nous avons à l’Assemblée nationale.

Parmi ces 255 députés, aucun n’est officiellement représentant du FPI, le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo. La réconciliation que vous promettez est-elle réellement possible sans le FPI ?

Ecoutez, la démocratie, ce n’est pas la démocratie des partis politiques, sachez-le. L’élection législative s’est déroulée sur l’ensemble du territoire ivoirien. L’élection législative s’est adressée à tous les ivoiriens, sans exclusion de parti politique, de religion, ni d’ethnie. Donc tous, ont eu la possibilité de se présenter. Je peux vous assurer que cette élection a été démocratique, transparente. Elle a été ointe par le sceau de la certification des Nations unies. Donc, on ne peut pas mettre en cause la légitimé de cette Assemblée nationale. Mais mieux, ce que je peux vous dire en supplément de ce que je viens de répondre, c’est que tous les partis politiques sont libres d’aller aux élections. Un parti politique peut décider de ne pas aller à des élections, c’est aussi son droit.

Les raisons justement qui ont motivé le refus du FPI de participer à ces élections, c’est qu’il dénonce une justice des vainqueurs en disant que les seules arrestations qui ont eu lieu ont été faites dans le camp de l’ancien président Laurent Gbagbo. Y auraient-ils des personnalités inquiétées par ceux qui ont combattu auprès d’Alassane Ouattara ?

Vous savez, la Côte d’Ivoire, pour ne pas avoir des soupçons sur la justice ivoirienneadécidé de faire appel à la Cour pénale internationale, justice internationale, insoupçonnée de partialité. C’est ce que nous avons fait. Laissons la justice internationale faire son travail. Ni vous, ni moi, ne sommes juges. Donc laissons à la justice le droit d’investiguer en Côte d’Ivoire et de décider qui est responsable, qui poursuivre et qui juger.

Vous-même, en tant que chef de l’ex-rébellion du Nord, êtes-vous inquiet ?

Pourquoi je devrais être inquiet ? Je dis que vous n’êtes pas juge, je ne suis pas juge. Mieux, je vous rappelle que c’est en tant que Premier ministre du Président Alassane Ouattara que le gouvernement de l’époque a saisi la Cour pénale internationale pour venir investiguer en toute liberté en Côte d’Ivoire. Et les juges de la CPI peuvent faire leurs enquêtes tranquillement. Donc, je ne suis pas du tout inquiet. Alors vous, journaliste, moi, président de l’Assemblée nationale, nous n’avons aucune compétence à interférer en matière judiciaire. Laissons la justice faire. Je vais même vous dire quelque chose : Quand le boucher du village, parce qu’il a acquis de l’expertise à dépecer un bœuf, décide de devenir chirurgien, ça pose un problème. Donc laissons à la justice le temps de faire son travail.

Une dernière question. Vous avez été chef de la rébellion. Vous avez été Premier ministre, vous êtes maintenant Président de l’Assemblée nationale. Beaucoup vous prête l’intention de vous présenter à la prochaine élection présidentielle. Serez-vous candidat ?

Ce que je peux vous répondre, à chaque jour suffit sa peine. Aujourd’hui je suis président de l’Assemblée nationale, je m’attèle à accomplir ma mission en toute transparence et avec compétence.

Est-ce que vous y pensez ?

Je n’y pense pas. Parce que à chaque jour suffit sa peine.

Propos retranscrit par Isaac Dally

JT LIVE – 04/07/12 – Edition de la matinée door AFRICA24
Source: blog.guillaumesoro.com

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