Côte d’Ivoire: après la mise à pied d’Adama Bictogo, des questions demeurent
Le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, Adama Bictogo, a été démis de ses fonctions le 22 mai. Il est cité dans un rapport de la police économique et financière lié à l’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan en août 2006. Depuis, la société néerlandaise Trafigura, qui avait affrété le cargo Probo Koala, à bord duquel ces déchets toxiques avaient été transportés, a versé 133 miliards de FCFA (plus de 203 millions d’euros). Reste à savoir ce qu’est devenu cet argent et où en sont les dédommagements.
Un premier versement de 100 milliards de FCFA a été versé en février 2007. Reçue par l’Etat ivoirien, cette somme était destinée à la dépollution des sites, au financement de structures sanitaires et au dédommagement des 100 000 victimes recensées.
Mais aujourd’hui selon l’Union des victimes des déchets toxiques d’Abidjan et banlieue (UVDTAB), près d’un tiers des personnes concernées attendent toujours. « Nous constatons que sur les 100 000 [victimes], il y en a environ 30 000 qui n’ont pas encore touché leur indemnité décidée unilatéralement par le gouvernement », dénonce le président de l’UVDTAB, Marvin Ouattara.
En 2009, suite à l’action judiciaire lancée par le cabinet britannique Leigh Day & Co, un autre versement de 22,5 milliards de FCFA destiné au dédommagements est débloqué par Trafigura. 30 000 victimes sont censées recevoir 750 000 FCFA chacune. Mais aujourd’hui, 6 000 n’en ont toujours pas vu la couleur. Selon la police économique et financière ivoirenne, c’est une partie de ces fonds qui auraient été détournée.
Pour les victimes qui s’impatientent, la démission d’Adama Bictogo est un premier pas pour faire toute la lumière sur cette affaire et, enfin, recevoir l’argent promis.
Source: RFI
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Limogé, Bictogo n’était pas au Conseil des ministres hier, Ahoussou Jeannot explique
Il est des fois où dans les assemblées, les absents constituent le principal centre d’intérêt. Adama Bictogo, quoique débarqué du gouvernement Ahoussou Jeannot, n’en demeurait pas moins la grande attraction lors du conseil des ministres du mercredi 23 mai 2012.
Le premier ministre- lui- savait probablement qu’il avait peu de chances d’échapper aux journalistes qui avait attendu, dehors, sous une bâche, le temps que la réunion hebdomadaire a duré (1heure et demie). « M. le premier ministre, un mot ? ». Ahoussou Jeannot, comme s’il s’était préparé à la question, a réaffirmé l’objectif de « transparence » de son équipe. « Qu’est-ce qui a été dit sur le cas Bictogo ? ».
L’avocat d’Henri Konan Bédié a appris que le chef de l’Etat avait renvoyé les uns et les autres à leur copie : « (c’est) un rappel à l’ordre, un rappel à la relecture du code d’éthique que chacun d’entre nous avions volontairement signé. Il faut que les Ivoiriens comprennent que tout acte qui peut porter atteinte à l’atteinte des intérêts publics sera sanctionné. C’est ce que le président a fait ». Ce qu’a fait le chef de l’Etat, c’était de limoger, la veille, son ministre de l’Intégration qu’un rapport de police a nommément cité dans un volet de l’inépuisable dossier des déchets toxiques.
Ahoussou Jeannot a expliqué aux journalistes que l’acte (de limogeage) d’Alassane Ouattara coïncidait parfaitement avec « sa vision ». « Ce n’est pas la première fois, s’est employé à dire le successeur de Guillaume Soro. Il (Ouattara) a la réputation d’avoir pris en 1990 des mesures pour le respect des deniers publics. Les deniers publics, c’est l’effort de tous les Ivoiriens. Tout ce qui touche à l’éthique, à la morale préoccupe le président de la République. Nous devons être dans une société de valeurs. La Côte d’Ivoire doit être une société de valeurs dans tous les compartiments ». Voilà qui était suffisamment explicite de la part d’Ahoussou Jeannot. Pendant qu’il répondait à la presse, le ministre d’Etat en charge de l’Industrie, Moussa Dosso, s’était mis juste derrière le chef du gouvernement. Les autres ministres avançaient rapidement, chacun paraissant pressé de regagner ses bureaux.
Dans la salle réaménagée du conseil, le siège dévolu au ministre de l’Intégration africaine, était resté désespérément vide. Avant 10 heures, tous les membres étaient en place. Alassane Ouattara est arrivé au grand palais à 10h20 et en est reparti à 12h05. Il avait un rendez-vous à honorer toujours dans le palais présidentiel. Il s’agissait d’une rencontre avec des parlementaires de l’Uemoa.
Kisselminan COULIBALY
Soir Info
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