Yacouba Doumbia source: L’inter
Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, on peut dire qu’au sein des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le feu couve.
De quoi s’agit-il ? Depuis la fin de la crise post-électorale, plusieurs problèmes se sont accumulés au sein de la grande muette : problèmes de grades, règlements de compte, reconversion non réussie des ex-combattants, la liste des difficultés est loin d’être exhaustive. Des éléments de l’armée, excédés par tous ces dysfonctionnements, nous ont rencontré pour en parler. Il ressort de nos échanges qu’au sein des FRCI, plusieurs combattants non encore immatriculés ont quitté les effectifs. La plupart se seraient repliés en ex-zones Centre, Nord et Ouest (CNO) d’où ils sont venus pendant la crise post-électorale pour combattre les forces de l’ex-président Laurent Gbagbo. Ces éléments se sont repliés dans leur zone d’origine, le temps de voir quel sera leur sort. Et pour assurer le quotidien, nombreux sont ces soldats non immatriculés qui se seraient reconvertis au banditisme, attaquant les véhicules de transport en commun ou privé pour dépouiller les passagers de leurs biens. Ce qui expliquerait la montée en puissance des braquages sur les grandes voies des ex-zones CNO.
Récemment, un car en partance pour le Niger a été attaqué après Bouaké, en pleine journée. Plusieurs passagers ont été blessés et leurs biens emportés. Sur l’axe Bangolo-Man, c’est quasiment de façon quotidienne que des coupeurs de route, armés jusqu’aux dents, sévissent. Un véhicule de la télévision nationale en a fait les frais il y a quelques jours. Ses occupants ont été dépouillés de leurs biens et matériels de travail.
Ces actes répréhensibles sont de plus en plus récurrents et menacent gravement la paix et la quiétude des populations. Sur l’identité de ces agresseurs et autres coupeurs de route, nos sources sont formelles. Il s’agirait d’anciens éléments des FRCI, puisque les armes qu’ils utilisent sont des armes de guerre. Nombreux sont les témoignages qui attestent en effet que la plupart des coupeurs de route arrêtés ou tués dans l’ex-zone CNO, sont des anciens combattants qui ont fui l’armée. « Tu sais frère, plusieurs éléments qui étaient dans des unités des commandants de zone à Abidjan ont replié sur Bouaké. Il y en a qui ne sont pas contents de la manière dont ils ont été traités. Ils estiment qu’ils ont été oubliés, et sont retournés avec leurs armes. Ceux qui ne sont pas de bonne foi s’en servent contre les populations. C’est dommage ! Ce sont des choses qu’on sait et qu’on cache au président de la République », a soutenu un de nos interlocuteurs. Information confirmée par des éléments des FRCI à Bouaké.
Aux yeux de ceux-ci, les ex-chefs de guerre savent qui sont ceux qui créent l’insécurité. « Ce sont leurs anciens éléments qui n’ont rien eu », nous a soufflé un élément, qui a requis l’anonymat. Estimant que de simples coupeurs de route ne tirent pas sur des véhicules en mouvement. « Le cortège du ministre délégué à la Défense a une fois essuyé des tirs. Même le cortège du petit frère du président de la République, Ibrahim Ouattara, n’a pas été épargné. C’est comme s’ils voulaient envoyer un signal aux autorités. Les sirènes ne leur font plus peur ! », nous a-t-il révélé.
Pour notre interlocuteur, si le président Alassane Ouattara n’ouvre pas les yeux, son entourage va le perdre. « On lui fait des rapports erronés. La vérité, c’est qu’il y a problème », a-t-il insisté, indiquant au passage des frustrations relatives aux grades. En effet, selon lui, à la chute de l’ancien régime, plusieurs combattants volontaires ont été recrutés par voie légale pour intégrer la nouvelle armée. Cette procédure qui a donné sa chance à tout le monde, ne semble cependant pas avoir arrangé tous les combattants. Il y a parmi eux certains chefs de guerre qui avaient sous leur commandement plusieurs éléments, avec qui ils se retrouvent au même niveau, au sein de l’armée. Ce ne sont donc plus les commandants d’hier, mais désormais les éléments de la même classe. « Il y a des chefs qui estiment qu’ils ne peuvent pas avoir les mêmes grades que leurs éléments, étant entendu qu’ils les ont commandés pendant la bataille d’Abidjan. Trouvant cela inacceptable, ils ont préféré quitter l’armée avec leurs armes », ont-ils indiqué.
Pour eux, plusieurs soldats, aguerris dans le maniement des armes auprès des ex-com-zones, n’ont pas encore de statut au sein des FRCI. Leur patron est obligé de subvenir à leurs besoins à partir de sa poche, étant donné que la plupart ne sont pas aptes à intégrer l’armée compte tenu de leur âge. « On a demandé aux commandants d’apporter une liste de leurs éléments afin que ceux-ci soient immatriculés. Ce qui a été fait, mais depuis, plus rien. Ceux qui sont immatriculés n’ont rien à voir avec la liste déposée », a dénoncé un autre soldat frustré, soupçonnant la hiérarchie de choisir des personnes au détriment de la liste déposée. Vrai ou faux ? Tout compte fait, toutes nos tentatives pour obtenir une réaction de la part de l’état-major des FRCI sont restées vaines. Les rendez-vous que nous avons obtenus, n’ont jamais été honorés.
Y.DOUMBIA
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