Enquête express Transport inter-urbain
Depuis la fin de la crise postélectorale, la Côte d’Ivoire est secouée par des phénomènes sociaux. Au nombre de ceux-ci, la raréfaction des stationnements anarchiques dans le District d’Abidjan. Autrefois l’apanage des chauffeurs de « Gbaka et wôrô-wôrô » (des véhicules de transport en commun) les stationnements anarchiques se font rares à Abidjan. Bon an mal an, les choses semblent rentrer dans l’ordre avec l’avènement des FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire), qui ont pris des mesures allant dans le sens de la réglementation de la fluidité routière en ce qui concerne les différentes communes du District d’Abidjan. Le bilan à mi-parcours reste, somme toute, satisfaisant. Tant dans l’applicabilité et le respect de cette norme. Qu’est-ce qui explique un tel changement de comportement des automobilistes ? Est-ce par pure résignation ou simple civisme ? Conformisme ou acte citoyen ? Explication.
C’était une gangrène sous les différents régimes qui se sont succédé. A Abidjan, les embouteillages n’en finissaient plus. Difficile de se rendre au boulot aux heures de pointe. Les bouchons, l’indiscipline des chauffeurs, ajoutés à cela, les stationnements anarchiques, créaient du tournis aux populations. Car, faute de sites ou de gares appropriées dans tout le District d’Abidjan, c’est sur la chaussée que les véhicules de transport en commun garaient et chargeaient. Il fallait réagir. La solution toute trouvée et qui est en vigueur en ce moment, c’est le maintien de l’ordre par les FRCI et le désengorgement par la création de certaines gares routières. Notre constat dans les communes d’Adjamé, Abobo et Yopougon est ahurissant. Autrefois de véritables fourmilières, les sites d’Adjamé-Renault-Yopougon-Siporex-Abobo-Gare, sont devenus des ‘’oasis’’. Des lieux fréquentables. Curieusement ! Pourtant, il y a des décennies en arrière, cela était impensable. L’anarchie a fait place à l’ordre. On peut y voire des véhicules rangés en file indienne. Plus question de garer son ‘’Gbaka’’ ou son ‘’wôrô-wôrô’’ là où on veut.
Les FRCI veillent
aux grains
La moindre erreur se paye rubis sur ongles. Car les sentinelles, les FRCI, ne baissent pas la garde. Ils veillent aux grains. Toute chose qui déplaît à Koné I, chauffeur de ‘’Gbaka’’ sur la ligne Yopougon-Adjamé. «C’est une bonne mesure sauf que nous déplorons l’absence de gare à Adjamé. Le problème, c’est qu’avec cette nouvelle mesure, nous n’avons pas de gare fixe. Les FRCI peuvent nous demander de garer dans un endroit précis et le lendemain, si nous garons au même endroit, ils (ndlr : les FRCI), viennent et prennent nos pièces moyennant la somme de 2000 F ou 3000 F Cfa», déplorent-ils. Puis, de poursuivre, «avant on garait n’importe où. Ce n’était pas normal mais on le faisait quand même». Raison avancée : «on n’avait pas peur des ex-FDS». Djédjé V qui fait la ligne Niangon-Siporex, lui, est d’un autre avis: «le respect de cette mesure répond au fait qu’on veut éviter l’anarchie dans ce milieu. C’est pour cela que les gens ont bien voulu imposer cette mesure», pense-t-il. Poursuivant, il parle plutôt d’éveille de conscience que de conformisme. «Peut-être que maintenant, il y a un éveil de conscience. Mais, le mieux serait qu’on nous trouve des gares modernes. Il y a des gens qui aiment le désordre. Pendant que d’autres sont pour l’ordre. Alors si d’aucuns disent que cela leur a créé des désagréments, moi, je n’ai pas de problème à ce niveau. C’est selon l’avis de chacun», tranche-t-il. Une chose reste, cependant sure, circuler dans ces trois points, est devenue très aisé. Ce n’est pas le syndicaliste, Diarrassouba Siaka qui nous dira le contraire. «Lorsque les véhicules stationnent dans la discipline, cela nous facilite le travail et crée moins d’embouteillage. Et la circulation est fluide. Même pendant le passage des autorités, il n’y a pas de problème. Notre rôle est de lutter pour l’intérêt des chauffeurs. Je suis pour que les autorités mettent de l’ordre dans le secteur en uniformisant les tenues des chauffeurs». Au niveau de la grande muette, les langues ne se sont pas déliées. Les hommes du commandant Koné Zakaria, chef de la Police militaire, en fonction àAdjamé, n’ont pas voulu se prêter à nos questions. Même le chef de groupe a esquivé nos angoisses. A Abobo, lorsque nous avons voulu satisfaire notre curiosité auprès des hommes en tenue, nous avons été conduits à la direction de la Police municipale. Là aussi, la fumée blanche n’est pas sortie. Mais qu’on soit à Adjamé, Abobo, Yopougon, le travail de maintien de la circulation est organisé. Cette action de désengorgement de grandes artères du District d’ Abidjan ne trouve pas forcement l’assentiment de certains usagers. Qui disent souffrir le martyre pour rallier désormais leur point de déchargement sur les nouveaux sites qui font office de gares. «A Adjamé, on ne gare plus n’importe où. Cela fait que les chauffeurs sont obligés de descendre leurs passagers à des distances plus ou moins éloignées de leur destitination», renchérit Jean-Claude. K, un usager. Le gros du problème se situe au niveau des usagers de la commune de Yopougon, qui disent être soumis à un ‘’véritable parcours de combattant’’ lorsqu’ils sont débarqués à Adjamé. « ous sommes obligés aujourd’hui de traverser le pont avant de trouver un véhicule pour notre destination prochaine. Et cela nous crée des désagréments. De jour comme de nuit, nous sommes soumis au même exercice. Or, vous êtes sans ignorer que le climat sécuritaire est encore précaire», a déploré Alexandre Zokou.
A .Dedi
Encadré 1
Il faut aller plus loin…
Le bon réflexe aurait voulu que les automobilistes soient soucieux du code de la route en vigueur dans leur pays. Le bon réflexe aurait voulu que l’on bannisse l’anarchie et le désordre. Mais volontairement. Et non attendre une situation exceptionnelle pour adopter une attitude en conséquence. Le bon réflexe aurait été que des mesures coercitives vigoureuses soient prises par les autorités à l’endroit de tout contrevenant, ne serait-ce qu’au moindre panneau de signalisation. Mieux, on pourrait élargir cela à l’excès de vitesse qu’on constate ça et là. Pour qu’il fasse beau vivre à Abidjan. Avec des conducteurs disciplinés qui n’attendent pas des mesures exceptionnelles pour se conformer. Car de la contrainte de la norme, se trouve toute la substance de la loi.
A D
L’Intelligent d’Abidjan
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