Le ministre de l’Intérieur du régime Ouattara était l’invité du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci). Face à son auditoire, hier, Hamed Bakayoko a dit les rêves qu’il nourrit pour la moralisation de la police pour, selon lui, rehausser l’image du policier ivoirien. Insistant sur le fait que la lutte contre le racket, la guerre contre l’insécurité et le respect des droits de l’homme sont, à l’en croire, des défis à relever.
Sur le rôle de la Direction de la surveillance du territoire (Dst), devenue une police politique sous Ouattara, ainsi que la présence envahissante des dozos, il n’a pas convaincu ceux qui se prêtaient à son exposé. Il a également manqué d’assurance sur le volet de la réconciliation. Hamed Bakayoko s’est lancé dans des explications peu crédibles et dans des dénigrements graves à l’endroit de certaines personnalités de l’ancien régime. «Des gens comme Koné Katinan ont signé pour prendre de l’argent à la Bceao pour partir avec. On ne peut pas le laisser et la Bceao peut porter plainte contre lui parce que c’est son argent », déclare le ministre de l’Intérieur. Sur ces graves accusations, il ne dit pas pourquoi, comment et quand Koné Katinan a emporté l’argent de la Bceao. Il se tait, par exemple, sur le fait que l’argent appartenant à l’Etat de Côte d’Ivoire a été retiré à la Bceao pour payer les salaires des fonctionnaires Ivoiriens y compris tous ceux qui, comme lui Hamed Bakayoko, s’étaient retranchés au Golf Hôtel de décembre 2010 à Avril 2011. Interpellé sur les longues durées de détention des personnes à la Dst, il a mené son auditoire en bateau avant d’accuser, sans le nommer Me Ange Rodrigue Dadjé, l’un des avocats de Mme Simone Gbagbo, arrêté et déféré à la Maca par le pouvoir Ouattara, d’être dans un réseau (?) d’achat d’armes. Sur cette autre grave accusation, il n’a donné aucune précision crédible. Le plus gênant est que le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, ne s’est pas empêché d’affirmer devant les éditeurs de presse et les journalistes qu’il jouit d’une confiance totale du chef de l’Etat, pour tous ces actes. Et que par conséquent, il est intouchable.
Concernant la Police, l’invité du Gepci a publiquement soutenu que des policiers sans diplôme ont été recrutés et qu’il fait des mains et des pieds pour les soustraire du corps. En parlant ainsi, il veut faire croire que ses prédécesseurs ont failli et qu’il est venu mettre de l’ordre. Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur ne dit rien sur le niveau intellectuel et les diplômes des ex-rebelles devenus Frci que le pouvoir Ouattara a déversés à la Police nationale en violation des règles qui exigent l’admission au concours d’entrée à l’Ecole nationale de Police. Hamed Bakayoko peut-il faire de la police ivoirienne une police digne en y intégrant des ex-rebelles sans diplômes ? Aussi a-t-il sciemment passé sous silence le fait que l’ex-Premier ministre, Guillaume Soro, SG des forces nouvelles (ex-rébellion armée), aurait fait déverser, selon des sources militaires, des ex-rebelles à la Police et à la Gendarmerie.
Peut-on logiquement vilipender les autres quand on n’est pas soi-même un bel exemple ?
Interpellé sur le cas des dozos ( chasseurs traditionnels malinké, supplétifs des Frci), Hamed Bakayoko a surpris plus d’un en laissant entendre que son épouse (qui est avocate, au passage) préfère être surveillée par un dozo que de confier sa sécurité à des policiers, gendarmes ou militaires. «Ma femme veut que les dozos nous surveillent parce qu’elle pense qu’en cas d’attaque, notre maison peut disparaître. Ma maison a été attaquée 6 fois. Donc chacun a ses croyances », souligne-t-il en faisant allusion aux pouvoirs mystiques qu’auraient les dozos.
On comprend aisément qu’avec un tel état d’esprit, le ministre de l’intérieur trainera les pieds à débarrasser les populations ivoiriennes des dozos qui comment des exactions partout, notamment dans l’Ouest du pays.
Benjamin Koré
Notre Voie
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