Côte d’Ivoire: Un an après Gbagbo, les cœurs n’ont pas désarmé

Une année après la chute de Laurent Gbagbo intervenue le 11 avril 2011, la Côte d’Ivoire a-t-elle retrouvé la paix, l’unité nationale et surtout cette démocratie pour laquelle la communauté internationale avait consenti une débauche énorme de moyens financiers, institutionnels et militaires ? A croire le bilan qui transparait aujourd’hui des ondes contrôlées par le nouveau régime, le pays a fait un pas qualitatif en avant.

Les institutions républicaines ont retrouvé le sceau de légitimité qui leur faisait défaut depuis la longue crise de septembre 2002. Après la tumultueuse présidentielle, l’administration du président Alassane Ouattara peut se targuer d’avoir organisé des élections législatives qui se sont déroulées globalement dans la paix.

Mais force est de reconnaître que les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo ont boycotté ce premier scrutin de l’ère Ouattara. Et leur absence pèse lourdement aujourd’hui sur la pluralité politique qui devrait caractériser la nouvelle Assemblée nationale ivoirienne. Comme un gout d’inachevé, ce parlement-là va traîner une monocoloration qui contraste avec les ambitions démocratiques affichées par le nouveau régime. Tout cela parce que l’ex-président Laurent Gbagbo demeure en prison. Non plus dans son propre pays, mais loin, là-bas, « au pays des Blancs », à la Cour pénale internationale (CPI).

Visiblement, les partisans de Gbagbo n’ont pas digéré ce qu’ils considèrent comme une « déportation », l’humiliation de trop. Pour cette colère, et toutes celles qu’ils ont accumulées à l’issue du dénouement de la crise en faveur des partisans de Ouattara, ils n’ont donc pas désarmé leurs cœurs. Ce qui rend naturellement difficile la mission de la Commission Justice-Vérité et Réconciliation chargée de panser les plaies de la crise.

Sur le terrain de la sécurité intérieure, les choses ne sont pas plus reluisantes. En plus de plusieurs attaques à mains armées attribuées à des bandes armées incontrôlées, il faut aussi déplorer la brutalité quasi-hebdomadaire des agissements de nombreux éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) que beaucoup d’Ivoiriens n’hésitent pas à accuser de tous les maux. Le chemin de la paix et de la réconciliation semble encore long. Un an après Gbagbo, Ouattara peut se targuer d’avoir réunifié le pays, mais il reste encore à pacifier surtout les frères politiques ennemis qui continuent de se haïr cordialement.

BARK BIIGA

Fasozine

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