« C’est La force Licorne qui a fait chuter Gbagbo. Pas les FRCI… »



Jean Marc Simon casse définitivement le faux mythe des « FRCI tombeurs de Gbagbo »

Lire aussi: Côte-d’Ivoire, la France a-t-elle engagé des troupes au sol contre l’ancien pouvoir ? | Connectionivoirienne.net 17 MAI, 2011

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Invité Afrique le mercredi 11 avril 2012 sur RFI, l’ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean Marc Simon, a livré son témoignage sur l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011.

Le 11 avril, c’est le dénouement, mais est-ce que l’explication finale n’a pas commencé la veille, le dimanche 10 ?

Ecoutez, le dimanche 10, on sait que dans la soirée des décisions avaient été prises de recommencer les frappes. Ce sont des décisions qui ont été prises conjointement entre le président de la République et le secrétaire général des Nations Unies (…) Quand les FRCI ont tenté de s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo, elles se sont heurtées à une résistance extrêmement forte parce qu’il y avait des mouvements absolument démentiels autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody, si bien que les FRCI se sont retrouvées en difficultés. Au petit matin, elles ne parvenaient pas à franchir les lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes en matériel, mais aussi en vies humaines. C’est donc à ce moment là que des décisions ont été prises d’en finir avec cette tragédie qui menait le pays vers une véritable guerre civile. Et donc l’intervention de la force Licorne s’est faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux FRCI d’avancer vers la résidence de Cocody. Et donc l’ordre a été donné de déployer la forces Licorne dans Cocody. Ce qui n’était pas une décision facile à prendre parce qu’il fallait prendre de grands risques. Il fallait traverser toute la ville, de Port Bouët jusqu’à Cocody ; passer à proximité du Plateau où il y avait des tireurs embusqués. Et nous risquions forts de perdre des éléments blindés, leurs équipages. Donc cette décision a été une décision très courageuse qui honore tous ceux qui l’ont prise à Paris.

Et elles ont été prises au plus haut niveau, je l’imagine?

Oui ! Au plus haut niveau naturellement, par Nicolas Sarkozy.

Mais est-ce que les forces pro-Gbagbo qui étaient en surplomb sur la colline du Plateau n’auraient pas pu tirer sur les blindés français ?

Bien sûr qu’elles auraient pu le faire. Elles ne l’ont pas fait. La colonne a pu avancer sans difficultés.

Et comment s’est passé alors le deuxième assaut de la résidence de Laurent Gbagbo ?

Eh bien ! Dès lors que les carrefours ont pu être sécurisés, les FRCI ont pu faire leur approche jusqu’à la résidence de Laurent Gbagbo(…) Nous étions en liaison permanente avec le président Ouattara et le Premier ministre Guillaume Soro pendant tous ces moments-là. Il ne fallait pas faire prendre le moindre risque à la vie de Laurent Gbagbo et de ses proches.

Et quel rôle ont joué les blindés français dans cette dernière phase ?

Les blindés français ont permis aux FRCI d’avancer et de pénétrer dans la résidence de Laurent Gbagbo. Et ce que je tiens à dire, c’est qu’à aucun moment, avant 13h 08, l’heure de l’arrestation de Laurent Gbagbo, aucun élément français civil ou militaire n’a pénétré à l’intérieur de cette résidence présidentielle.

Dans son livre « Abobo la guerre », notre consœur Leslie Varenne affirme que des gendarmes français du GIGN sont entrés dans la résidence de Laurent Gbagbo ?

J’ai lu le livre de Leslie Varenne qui est un livre très intéressant ; c’est une enquête de terrain. Malheureusement, j’y ai relevé beaucoup d’inexactitudes, notamment celle-là.

A la suite de cette action à Abidjan, vous avez été éléve à la dignité d’Ambassadeur de France et promus au grade de commandant de la Légion d’honneur. Mais est-ce qu’il y a quelque chose que vous regrettez ?

Ecoutez, lorsque j’ai appris à 13 h 10 que Laurent Gbagbo venait d’être arrêté et qu’il avait la vie sauve, ainsi que tous ses proches, ça été un grand soulagement. Mais ce grand soulagement était aussi doublé d’une angoisse parce que, rappelez-vous que nous avions depuis l’après midi du 4 avril, 4 expatriés dont 2 de nos ressortissants qui avaient été pris en otage à l’hôtel Novotel et dont nous étions sans nouvelles. Et aussitôt après a capture de Laurent Gbagbo, nous nous sommes employés à les rechercher jours et nuits, jusqu’à ce que finalement nous apprenions malheureusement qu’ils avaient été exécutés dans les pires conditions et vraisemblablement avant même les premières frappes du 4 avril.

Et ça, c’est un souvenir qui vous hante encore aujourd’hui?
C’est un souvenir douloureux.

Retranscrits par D. Yala


Titre J-ci.net

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