L’intelligent d’Abidjan
Le Rassemblement des Républicains (Rdr) a procédé jeudi à une restructuration interne. Aujourd’hui au pouvoir, les défis sont différents de ceux d’hier.
« Qui veut aller loin, ménage sa monture », dit l’adage. Le Rdr qui l’a si bien compris, ne veut pas dormir sur ses lauriers. Après 17 ans dans l’opposition, le parti dont est issu le président Ouattara est arrivé au pouvoir, après avoir perdu beaucoup de sueur et de sang. Le parti dirigé par le secrétaire général par intérim Amadou Soumahoro sait que les objectifs ne sont pas les mêmes au pouvoir que dans l’opposition. Quand on n’est pas encore au pouvoir, on se donne les moyens d’y accéder. L’accès au fauteuil présidentiel devient alors une impérieuse nécessité. Mais une fois sur le ‘’trône’’, l’objectif de la conquête du pouvoir change et cède la place à la volonté de conservation. Dans les deux cas, des stratégies sont mises en place pour atteindre les objectifs visés. Les Républicains de Côte d’Ivoire qui affirment savoir d’où ils viennent, savent certainement où ils se dirigent. C’est pourquoi, jeudi, la direction de ce parti, au cours d’un secrétariat général, a procédé à des nominations. Trois porte-parole ont été désignés. L’objectif est clair. Il s’agit pour le Rdr, dans un premier temps, de communiquer autour des acquis et du programme de son leader Alassane Ouattara. En somme, d’informer la population sur ce qui a été déjà fait depuis mai 2011 par le chef de l’Etat, et ce qui reste à faire pour les années à venir, conformément au programme que le président Ouattara avait présenté aux Ivoiriens lors de la campagne électorale de 2010. Certains cadres du Rdr pensent que des Ivoiriens ont la critique aisée à l’égard du président de la République. En général, les opposants, car c’est bien d’eux qu’il s’agit, estiment que le locataire du Palais présidentiel du Plateau ‘’n’a rien fait’’ durant les 10 mois passés au pouvoir.
Les attentes du Rdr
Le Rdr, à travers ses porte-parole, entend donc mener une offensive sur le terrain, expliquant réellement ce qu’Alassane Ouattara a fait pendant le temps qui s’est écoulé entre son arrivée à la tête du pays, et l’anniversaire de ce douloureux événement. « Il est vrai que certains refusent de voir ce qu’était notre pays entre décembre 2010 et mai 2011, et ce qui est fait sur le terrain en ce moment, en termes de réalisations. De deux choses l’une. Soit ils refusent volontairement de voir la réalité en face, soit il y a purement et simplement de la mauvaise foi dans leurs attitudes. Je crois que même quand on s’oppose à un régime, il faut faire également preuve d’honnêteté. La critique est aisée ; mais nous les avons vus ici à l’œuvre pendant dix ans », faisait remarquer récemment un militant du Rdr.
Pour un responsable du même parti, un an avant, les corps jonchaient les rues abidjanaises et de nombreuses villes sous tension. « Mais aujourd’hui, la Côte d’Ivoire s’est repositionnée grâce au président », déclarait jeudi, cet homme politique. Les trois porte-parole auront la lourde tâche d’expliquer aux Ivoiriens ce qui a été fait en moins d’un an par Alassane Ouattara. Mais ils n’auront pas que cela à faire. Joël N’Guessan, Coulbaly Awa Carlton et Odjé Tiacoré Joseph auront également fort à faire devant une opposition qui donne de plus en plus de la voix. Depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, on avait senti le Rdr ankylosé, dormant en manque de réaction face au Front populaire ivoirien qui sonnait la mobilisation des troupes, multipliait les manifestations et déclarations tonitruantes.
Laurent Akoun, le secrétaire général par intérim de l’ancien parti au pouvoir, et le secrétaire national à la jeunesse, Koua Justin, n’ont-ils pas rassuré leurs militants sur le retour imminent de leur parti aux affaires ? « Il n’y a pas de match sans retour », avertissait Akoun Laurent. En fin de semaine dernière, il récidivait en ces termes : « Le combat n’est pas fini ». Devant ces propos qui en disent long sur la volonté du Fpi de reconquérir le pouvoir d’une façon ou d’une autre, le Rdr a enfin décidé de se réveiller. « Nous avons décidé ensemble, de mettre fin aux mensonges et dénigrements de l’opposition, qu’elle tente d’ériger en vérités », déclarait jeudi, un des porte-parole que nous avions joint. « On se connait (…). Ce qui peut amener nos frères du Fpi à entendre raison, c’est qu’ils aient la certitude qu’ils ont en face d’eux, des personnes qui n’ont pas l’intention de se laisser faire », relève Amadou Soumahoro. On l’aura compris, le Fpi risque d’avoir du roc devant lui, avec la nomination de trois porte-parole qui, on l’imagine, seront prêts à répondre du tac au tac, aux critiques de l’ancien parti au pouvoir. Et pourquoi pas, souvent, à le devancer sur des sujets donnés. Comme pour faire savoir, que rien ne sera plus comme avant.
Ouattara Abdoul Karim
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