La junte malienne demande une aide étrangère

Amadou Haya Sanogo. | Photo Luc Gnago / Reuters

BAMAKO (Reuters) – Le capitaine putschiste Amadou Sanogo a lancé vendredi un appel à la communauté internationale pour aider le Mali à combattre la rébellion targuie qui s’est emparée dans la matinée de la garnison stratégique de Kidal, dans le Nord.

Le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir le 21 mars à Bamako n’a, en revanche, pas soufflé mot lors d’une conférence de presse de l’ultimatum adressé la veille par les Etats voisins aux putschistes.

Ceux-ci sont sommés par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de rentrer dans leurs casernes dans les 72 heures sous peine d’un blocus économique, commercial, financier et diplomatique qui pourrait être fatal à l’économie de ce pays enclavé.

“Notre armée a besoin de l’aide des amis du Mali pour sauver la population et l’intégrité territoriale du Mali”, a déclaré le capitaine à la presse convoquée à la caserne de Kati, à une quinzaine de km de la capitale, qui sert de QG à la junte.

Il a dit “comprendre” la Cédéao tout en l’invitant à reconsidérer ses positions à l’égard de son pays. “Nous invitons la Cédéao à approfondir son analyse de la situation du Mali et de ses racines”.

Jeudi, l’avion transportant une délégation de chefs d’Etat de la Cédéao a rebroussé chemin après avoir appris que des manifestants favorables à la junte avaient envahi l’aéroport de Bamako. De retour à Abidjan, les émissaires de l’organisation ont lancé leur ultimatum.

Les Etats voisins du Mali, notamment le Niger et la Côte d’Ivoire, redoutent un effet de contagion des événements de Bamako. La Cédéao, qui compte 15 membres, a suspendu le Mali et menace en dernier ressort d’intervenir militairement pour faire rentrer les putschistes maliens dans leurs casernes et rétablir l’ordre constitutionnel.

“L’ARMÉE EST PARTIE”

Le Mali est la première victime collatérale du conflit libyen de 2011, avec le retour de mercenaires maliens puissamment armés qui s’étaient battus pour Mouammar Kadhafi.

Les capitaines putschistes de Bamako affirment avoir renversé le président Amadou Toumani Touré en raison de son laxisme dans la lutte contre les “hommes bleus”, qui ont repris les armes à la mi-janvier dans le désert du Nord.

Les insurgés, qui se réclament du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), ont profité de la confusion régnant à Bamako après le coup de force pour engranger des succès militaires sur le terrain.

Vendredi, ils ont affirmé avoir remporté leur plus belle victoire en s’emparant de Kidal, au pied du massif de l’Adrar des Ifoghas, aux confins du Niger et de l’Algérie. Cette ville de 25.000 habitants était assiégée depuis plusieurs jours.

“Le MNLA continuera sa progression en direction des deux autres capitales régionales de l’Azawad”, disent les rebelles sur leur site internet à propos de la zone désertique qu’ils considèrent comme leur.

A Bamako, la junte a confirmé l’information. “Pour préserver la vie des habitants de Kidal, le commandement militaire a décidé de ne pas prolonger la bataille”, disent les putschistes dans un communiqué en affirmant que les Touaregs étaient alliés à une milice locale affilée à Al Qaïda, Ansar Edine.

“Les Ansar Edine (forces rebelles) sont entrées dans Kidal par le Sud. L’armée est partie”, avait auparavant dit à Reuters un diplomate en contact avec des civils de la région.

D’après une source militaire à Kidal, la garnison gouvernementale s’est repliée pour mieux coordonner une contre-offensive.

“Les rebelles en armes sillonnent la ville à bord de pick-ups en demandant à la population de vaquer à ses occupations habituelles. Les femmes poussaient des cris de joie en les accueillant à l’aérodrome”, a témoigné Moussa Maïga, un habitant de Kidal joint par téléphone.

Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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