Des enquêteurs de la CPI se sont rendus à Duékoué, où les forces d’Alassane Ouattara sont soupçonnées d’avoir commis des massacres lors la crise post-électorale de 2011. FRANCE 24 les a suivis à la recherche d’éventuels charniers.
Par Maureen GRISOT , envoyée spéciale à Duékoué (vidéo)
Le quartier du Carrefour, à Duékoué, une ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire. C’est ici qu’ont eu lieu d’importants massacres, en mars 2011, lors de la prise de la ville par les forces loyales à Alassane Ouattara. Un an après, la zone porte encore les stigmates des violences.
Les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) sont sur place pour constater l’existence d’éventuels charniers. Pour la première fois, des scientifiques de l’institution vont sonder les parcelles de terre suspectes.
« Nous allons utiliser une sonde archéologique qui sert à tester les différences de densité du sol, à voir s’il y a des obstacles souterrains comme des corps, afin de confirmer la présence éventuelle de cadavres inhumés sur le site », explique le médecin légiste de la CPI.
L’une des fouilles entreprises pourrait se révéler concluante, révèle le chef de l’unité scientifique du Bureau du procureur de la CPI, Éric Baccard. « Aucune des constatations qui ont été faites lors de l’examen préliminaire de cette zone ne vient contredire l’hypothèse de charniers. Il y a, au contraire, des arguments positifs qui viennent créditer cette information », indique-t-il.
« Nous voulons que ce soit des étrangers qui viennent enquêter sur la situation de la Côte d’Ivoire »
L’arrivée d’enquêteurs internationaux ne passe pas inaperçue auprès de la population, qui place beaucoup d’espoirs dans la présence de ces étrangers venus mettre au jour les charniers.
« Ils n’ont rien à nous cacher et à cacher aux yeux de l’opinion internationale. L’Ivoirien en tant que tel, lui, peut être partisan, on ne sait pas de quel bord il est. Il peut donc cacher la vérité et faire brandir le mensonge. C’est pourquoi nous voulons que ce soit des étrangers qui viennent enquêter sur la situation de la Côte d’Ivoire », explique l’un des habitants.
Si aucun charnier n’a été découvert à l’issue de cette journée de fouilles, le chef de la coopération internationale du Bureau du procureur de la CPI se dit satisfait du travail accompli. « L’objectif de cette mission a été atteint, dans la mesure où il fallait d’abord prouver ce qui a été documenté à La Haye […]. Il fallait en même temps préparer la stratégie d’enquête pour rassembler les éléments de preuve concernant les crimes les plus graves et les plus hauts responsables. »
Une fois que les experts auront rendu leurs conclusions, le procureur de la CPI pourra décider s’il procède ou non à des exhumations.
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