En Côté-d’Ivoire la démission de Soro Guillaume est officielle (son discours intégral)

Par Sylvie Kouamé | Connectionivoirienne.net

L’ex chef rebelle ivoirien Soro Guillaume, depuis 2007, le premier ministre successif de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara a présenté cet après-midi à Abidjan, la démission de son gouvernement à l’actuel chef de l’État Alassane Dramane Ouattara. Le premier ministre sortant a avancé comme argument principal à sa démission, sa « qualité de député » incompatible avec « des fonctions dans le pouvoir exécutif ». Depuis plusieurs semaines des informations parues dans la presse locale et en ligne l’annonçait partant, conséquence de l’accord signé entre le RDR [Ouattara] et le PDCI [Bédié]. Cet accord prévoyait en effet, en cas de victoire de M. Ouattara à la présidentielle de 2010, que le poste de premier ministre revenait au Parti Démocratique de Côte-d’Ivoire. Deux noms sont cités en remplacement de M. Soro, l’ex ministre Niamien N´goran, actuel Inspecteur Géneral de l’État et l’actuel ministre de la Justice, Ahoussou Kouadio. Le premier cité serait le choix du président Bédié et des bases militantes du PDCI au poste de premier ministre, tandis que le second aurait les faveurs de l’actuel chef de l’État Ouattara, dont il est présenté comme un proche, même étant officiellement militant du PDCI, le parti de M. Bédié. L’ex premier ministre Soro, est pressenti à la tête de la nouvelle Assemblée Nationale qui devrait être installée en tout début de semaine prochaine.

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ADRESSE DU PREMIER MINISTRE, 
MINISTRE DE LA DEFENSE   
ABIDJAN, LE 08 MARS 2012 

Mesdames et Messieurs les journalistes, 
 
Je viens à  l’instant de remettre au Président de  la République ma démission de mes fonctions de 
Premier Ministre, Ministre de la Défense.  
 
En effet,  la Commission Electorale  Indépendante  (CEI) vient de proclamer dans  le  courant de  la 
journée,  les  résultats  définitifs  de  l’élection  législative,  confirmant  ainsi  du  coup ma  qualité  de 
Député de la circonscription électorale de Ferkessédougou‐commune.  
 
Aussi, voudrais‐je d’emblée dire toute ma satisfaction face à l’excellent travail accompli par toutes 
les institutions impliquées dans le processus électoral, mais aussi ma joie de noter que notre pays 
vient  ainsi  de  franchir  avec  bonheur,  une  étape  essentielle  dans  notre  quête  commune  de 
démocratie. 
 
Dès  lors  il  me  revenait  de  tirer  toutes  les  conséquences  qu’induisent  les  règles  du  jeu 
démocratique. Ceci implique de fait le principe sacro‐saint de la séparation des pouvoirs tel que l’a 
consacré notre Constitution.  
 
Vous  l’aurez  compris,  cette  situation  certes  heureuse  entraine  cependant  une  incompatibilité 
entre mes fonctions précédentes au sein de l’Exécutif, et celles nouvelles, au sein du Législatif. 
 
En quittant  ce  jour mes  fonctions de Premier Ministre, Ministre de  la Défense, en  accord et en 
harmonie  avec  son  Excellence Monsieur  le Président  de  la République, mes  premières  pensées 
vont  à  l’endroit  de ma  famille  qui  a  tant  souffert  le martyr  de mes  longues  absences  et  des 
frayeurs des tentatives d’assassinat dont j’ai régulièrement été l’objet, mes enfants que je n’ai pas 
eu le privilège de voir grandir, absorbé que j’étais par les lourdes charges du devoir.  
 
Mes  pensées  vont  plus  naturellement  vers  le  peuple  de  Côte  d’Ivoire  qui  m’a  honoré  de  sa 
confiance  durant  les  neuf  années  où  j’ai  exercé  au  sein  de  l’Exécutif :  quatre  ans  en  tant  que 
Ministre d’État et cinq ans en tant que Premier Ministre. 
 
Toutes  ces  années  ont  été  émaillées  de  joie mais  surtout  de  souffrance  et  de  douleurs  vives. 
Ensemble, nous avons payé un lourd tribut au combat pour la Démocratie. À cet instant précis, je 
pense à tous mes proches et amis mais surtout à tous ces valeureux citoyens anonymes qui ont 
perdu la vie sur le chemin de la liberté. Je m’incline respectueusement en leur mémoire.  
 
Je me permettrai de remercier le Président de la République Son Excellence Alassane OUATTARA, 
et  de  lui  traduire  toute ma  reconnaissance.  Sa  confiance  et  son  affection  ne m’ont  jamais  fait 
défaut. Il m’a inculqué une autre vision de l’État et a forgé ma capacité à aborder les questions de 
développement du pays autrement. 
 
 
Je  me  dois  de  faire  du  reste,  une  mention  spéciale  à  mes  compagnons  et  frères  des  Forces 
Nouvelles (MPCI, MPIGO, MJP) qui ont mené le juste et noble combat. 
 
Je remercie aussi toute la classe politique nationale et le Président BEDIE  qui m’ont soutenu. 
Je veux aussi saluer tous  les membres des gouvernements successifs sans exclusion que  j’ai eu à 
diriger, ainsi que mes collaborateurs  (civils et militaires) des différents cabinets. Des hommes et 
des  femmes  loyaux et  compétents  sans  lesquels  je ne  serais pas parvenu à accomplir ma  tâche 
avec bonheur et fierté. Ce bilan si positif aux dires des citoyens avertis,  est d’abord et avant tout 
leur œuvre. Je leur en suis reconnaissant. 
  
Il serait vaniteux et prétentieux d’évoquer  le bilan positif de notre action sans me référer à Dieu 
qui a permis l’agencement heureux de notre destin. Qui a permis à l’orphelin précoce que je suis, 
de trouver ma voie sur ce chemin tortueux et périlleux de  la vie. Je pense au miracle de  l’Accord 
Politique  de  Ouagadougou.  C’est  le  lieu  de  remercier  le  Président  de  la  République  Blaise 
COMPAORÉ, pour sa clairvoyance politique qui a favorisé la signature de cet accord.  
 
Cela  a  permis,  par  les  audiences  foraines,  de  sortir  près  de  700 mille  personnes  de  l’anonymat 
administratif.  Il  nous  a  donné  près  de  6  millions  de  cartes  d’identités  rétablissant  ainsi,  la 
citoyenneté de nombreux compatriotes. Il a permis une élection transparente et démocratique et 
l’avènement d’un Président dont la légitimité est incontestable. 
 
Mais surtout ce combat a restitué  la dignité à ces millions d’Ivoiriens qui s’étaient sentis humiliés 
et trahis par leur patrie toutes ces années durant.  
 
A tous, je dis merci pour les sacrifices consentis.  
 
Je ne serai pas complet si je ne fais pas mienne la sagesse qui dit qu’on ne peut servir sans nuire. 
Durant  toutes  ces  années  où  j’ai  eu  à  exercer  au  sommet  de  l’État,  j’ai  forcement  contrarié 
certains compatriotes.  
 
Mes décisions ont pu nuire à d’autres. Je veux tout simplement demander pardon à la Nation et à 
tous ceux qui ont souffert de ma gouvernance. Je prie Dieu pour qu’ils trouvent en ces petits mots 
simples, mais qui viennent du fond du cœur,  l’apaisement. 
 
Je  pars  donc  de  la  Primature  le  cœur  léger  et  l’âme  en  paix  avec  le  sentiment  du  devoir  bien 
accompli. Je reste et demeure à la disposition du Président de la République. Je souhaite bon vent 
à  la  brillante  personnalité  que  ne  manquera  pas  de  nommer  sous  peu,  le  Président  de  la 
République. Je l’assure de tout mon soutien ainsi que celui de tous mes collaborateurs.  
 
Je réaffirme une fois encore ma disponibilité à servir mon pays en tant que Député de la nation et 
disponible pour toute mission que le Président voudra bien me confier. 
 
Pour  la suite, ne dit‐on pas qu’on  rencontre sa destinée, souvent par  le chemin qu’on emprunte 
pour l’éviter ? 
 
Alors laissons le destin s’accomplir.  
 
Merci à tous du fond du cœur. 
 
Guillaume Kigbafori SORO. 

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