Le président Gbagbo a-t-il été attaqué gratuitement et de façon malveillante dans l’affaire de tuerie de femmes d’Abobo, qui a eu lieu en mars dernier à Abobo ? A l’époque des faits, on se souvient que le ministre de l’Intérieur du gouvernement Aké N’Gbo, au nom des autorités ivoiriennes, avait présenté ses condoléances aux familles éplorées et demandé l’ouverture d’une enquête. Emile Guiriéoulou, tout en respectant la douleur desdites familles, avait exprimé des doutes quant à la culpabilité des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDS-CI). Mais dans le brouhaha des condamnations du régime honni de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, la voix de l’ex-premier flic de Côte d’Ivoire n’est pas allée bien loin.
Aujourd’hui, les clameurs se sont tues. Un nouveau gouvernement est en place. De nouvelles autorités officient depuis le 11 avril 2011. De nouveaux éléments sur cet événement sont apportés ici et là. Et les derniers en date sont ceux dont parle de livre de Leslie Varenne, Abobo la guerre. Cette journaliste française, qui a enquêté sur les événements qui ont eu lieu dans cette commune, fait des révélations qui méritent que le dossier de la tuerie des femmes d’ Abobo soit rouvert, et qu’une enquête soit menée pour la manifestation de la vérité.
Entre autres révélations, Leslie Varenne indique dans son livre que les tirs sur le cortège des femmes qui manifestaient contre le régime du président Gbagbo provenaient du dos, alors que les chars russes des FDS-Ci leur faisaient face. Mieux, les douilles ramassées sur place par un des membres du commando invisible sont des douilles de 12,7 mm, alors que celles des chars de «l’armée de Gbagbo» sont des douilles de 14 mm. Pour ainsi dire, s’il y a eu des tirs, ils n’ont pas pu se faire à partir des chars des forces ivoiriennes. Il faut donc chercher leur provenance. Or, toutes les accusations qui ont été proférées mettent en cause les FDS-CI qui étaient de passage, pendant que la foule des manifestantes s’ébranlaient.
Comment, alors qu’aucune autopsie médico-légale n’a été pratiquée sur les défuntes, a-t-on pu alors conclure qu’elles ont été tuées par les balles provenant des chars des forces régulières, à l’époque de la commission des faits ? Ce mystère mérité d’être levé. Ce d’autant que ce ne sont pas des obus qui ont été tirés mais plutôt des balles de mitraillettes.
C’est peu dire que d’affirmer, au regard de ces éléments, qu’il existe des doutes profonds quant à la responsabilité des FDS-Ci dans la tuerie de mars dernier. La nouvelle Côte d’Ivoire que les autorités actuelles se proposent de construire ne saurait se nourrir de clair-obscur, mais de vérité, première étape d’un processus de réconciliation vrai confié à l’ancien Premier ministre Banny, mais qui, jusqu’à ce jour, demeure une réelle Arlésienne.
Il ne faut pas laisser courir encore des doutes. Comme dans l’affaire du charnier de Yopougon découvert, le jour-même où le président Gbagbo prêtait serment, lors de son premier mandat. Dans ce charnier, dont les victimes étaient censées avoir toutes été tuées par balles, et toutes de confession musulmane, comme allégué, alors qu’aucune pièce d’identité n’avait été retrouvée sur elles, se trouvait une personne morte par noyade, ainsi que l’autopsie médico-légale pratiquée l’avait révélé. Que la lumière soit faite donc sur l’affaire de la tuerie des femmes à Abobo. Cela grandirait les nouvelles autorités.
Souleymane T. Senn
Notre Voie
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