Odette Lorougnon (OFFPI) « Les Nordistes ont toujours été associés au pouvoir d’Houphouet à Gbagbo »

Interview réalisée par Hervé Gobou Source Lebanco.net

Dans cette interview accordée à lebanco.net par la première responsable des femmes du FPI, Mme Marie-Odette Lorougnon dénonce l’arrestation illégale des cadres LMP à la Pergola dès les premiers moments de la chute du pouvoir Gbagbo. Elle s’insurge contre la détention de députés et déplore les dernières déclarations du chef de l’Etat Alassane Ouattara lors de sa visite en France.

Vous êtes la présidente de l’organisation des femmes du FPI (OFFPI), quel bilan faites-vous de votre structure, dix mois après la chute de votre régime ?

Je puis vous affirmer que dix mois après la perte du pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI) dans son ensemble, se porte mieux. Au niveau des structures spécialisées, les jeunes et les femmes sont debout. Nous tenons régulièrement nos réunions de remobilisation. Mais la mobilisation a été lancée dès ma sortie de prison à la Pergola. J’ai demandé à toutes les femmes du FPI et au-delà, à toutes les femmes de Côte d’Ivoire de se tenir mobilisées pour notre pays. J’ai dit notamment aux femmes du FPI que désormais nous sommes dans l’opposition et que nous devons nous battre pour reconquérir le pouvoir d’Etat par la voie démocratique. Parce que Laurent Gbagbo ne nous a pas enseignées la prise du pouvoir par les armes. La preuve, lui-même a fait plus de 30 ans dans l’opposition avant d’être élu président de la République. Je crois humblement à ce jour que ce message est largement passé et je voudrais profiter de cet instant, pour dire merci aux femmes ivoiriennes.

Comment avez-vous réussi à libérer les femmes de la peur pour se réengager au combat politique ?

J’ai dit aux femmes que nous sommes revenus en 1990 et qu’elles doivent comprendre que nous repartons de zéro. C’est par notre travail que nous pouvons remonter la pente. Je leur ai dit que je sais qu’elles ont été traumatisées eu égard à tout ce qu’elles ont subi. Mais je me tiens à leurs côtés et leur demande de reprendre le combat pour que nous revenions au pouvoir. Le FPI n’est pas un parti de coup d’Etat. Nous sommes un parti de dialogue. D’où notre slogan « de la transition pacifique à la démocratie ». Nous ne saurions faire une entorse à notre slogan. Le FPI n’a pas la culture des coups de force. Nous reprendrons le pouvoir dans les urnes et non par un quelconque coup d’Etat. Notre leader charismatique, Laurent Gbagbo a dit que c’est par ses idées et la mobilisation des Ivoiriens qu’il parviendrait au pouvoir, c’est ce qui s’est passé. Mais ceux qui lui ont pris le pouvoir par les armes ont peur. Ils voient les coups d’Etat partout. Alors qu’ils se tranquillisent parce que nous sommes un parti par essence de dialogue. C’est le sens du slogan de Laurent Gbagbo « Asseyons-nous et discutons ». Quand il était au pouvoir, il a toujours discuté avec ses adversaires pour que des solutions soient trouvées pour la vie de la nation. Nous ne courons donc pas après le dialogue, mais comme Laurent Gbagbo nous l’a enseigné, nous voulons nous asseoir avec les tenants actuels du pouvoir, pour discuter. La Côte d’Ivoire est notre pays à nous tous. Une seule partie de l’élite ne saurait rendre les Ivoiriens heureux. C’est ensemble, que nous pouvons développer notre pays en créant ensemble les conditions de la réconciliation.

Quel est le point que vous faites des Fédérations OFFPI ?

Avant la guerre, nous avions 110 Fédérations qui fonctionnaient selon le découpage fait par la direction du parti. Des coordinations ont même été créées. Aujourd’hui, plusieurs de nos Fédérations se sont repliées sur Abidjan. Mais progressivement, les choses reprennent. Nos femmes sont au travail. En tant que parti dans l’opposition, nous avons changé de comportement et de stratégie et je vous l’assure, les femmes sont débout. La preuve, c’est à moi la responsable des femmes qu’on a confié la mobilisation du meeting du 21 janvier dernier. Et vous avez vu ce que vous avez vu. La place Ficgayo de Yopougon était noire de monde et cela a fait peur au pouvoir qui nous a matés avec son armée de réserve installée dans tous les quartiers. Ils avaient dit que le FPI était décapité et que nous ne sérions plus capables de mobiliser. Nous leur avons démontré que le FPI est là et bel et bien là. Dès lors, qu’ils ont vu que le FPI n’est pas mort, pour nous, ils doivent s’assagir et nous appeler à la table de la discussion en tant que parti de l’opposition le plus important. En son temps, Laurent Gbagbo les avait associés. Ils étaient même plus privilégiés que les partisans de Laurent Gbagbo. On peut ne pas aimer le lièvre, mais il faut simplement reconnaître qu’il court très vite. C’est ça, Laurent Gbagbo.

Peut-on savoir aujourd’hui, quelle est la vérité sur l’arrestation des cadres LMP à la Pergola ?

Nous sommes allés à la Pergola après l’arrestation du président Laurent Gbagbo, croyant que nous y allions pour sauver nos vies. Mais ça a été la plus grosse désillusion. Parce que dès que nous sommes arrivés là-bas, on nous a plutôt arrêtés au lieu de nous protéger. A la Pergola, plusieurs cadres de ce pays, y compris des cadres miliaires ont été mis à l‘arrêt. Moi, j’ai été poursuivie depuis le 30 mars 2011. C’est à Yopougon que je me suis retrouvée dans ma fuite. Je ne maîtrisais pas bien la commune. Et c’est là-bas que le chef rebelle, Ben Laden a arraché ma voiture de marque Mercedes CDI de couleur grise. C’est cette voiture qui est devenue aujourd’hui sa voiture de commandement. C’est ma voiture. J’ai été l’une des premières personnes à être attaquée. J’étais en danger et c’est ainsi que j’ai appelé Alcide Djédjé qui était en contact avec l’ONUCI. Plusieurs autres cadres de La Majorité présidentielle se sont joints à nous. L’ONUCI est entrée en discussions avec le pouvoir actuel qui a accepté que l’enceinte de l’ONUCI étant petite, il fallait qu’on mette à notre disposition l’hôtel La Nouvelle Pergola. Affi N’Guessan en tête, nous sommes donc arrivés à la Pergola. C’est une fois à cet hôtel qui servait aussi de base à l’ONUCI qu’on nous a dit que nous étions en résidence surveillée et que nous étions des prisonniers. C’était le 15 avril. Les nouveaux gouvernants avaient déjà pris le président Laurent Gbagbo. Nous avions estimé que dès lors qu’ils avaient pris le président Gbagbo, les tueries devaient cesser. Mais bien au contraire, elles se sont poursuivies. Même certains de ceux qui avaient été pris avec le président Gbagbo nous ont rejoints. On ne peut pas dire que ceux qui étaient à la Pergola étaient allés en villégiature. C’était une véritable prison. C’était la peur. Nous étions plus de 68 cadres. Nous y avons passé trois mois. Avant que les autres ne soient transférés dans les prisons du Nord. C’était la consternation totale. Dieu merci, moi, j’ai été libérée. Je ne sais trop pourquoi. Mais Dieu voulait certainement que je sois à l’avant-garde de la remobilisation de mon parti. Et c’est ce que j’ai fait.

Quelles étaient déjà les conditions de détention à la Pergola ?

Je peux vous affirmer qu’il y avait un véritable camp Boireau à la Pergola. Les cadres de LMP, étaient frappés, privés de nourriture pendant au moins cinq jours ou six jours. C’était l’enfer. Nous avons été meurtris dans nos chairs. La Pergola a été même plus dure que certaines prisons.

Avez-vous les nouvelles des autres à ce jour ?

Malheureusement, on ne nous permet pas de les voir, de leur rendre visite On nous dit que seuls leurs parents biologiques peuvent les voir. J’aurai bien aimé aller rendre visite et encourager mes patrons, Affi N’Guessan, Aboudramane Sangaré, ma patronne, Simone Gbagbo, les autres camarades, Bro Grébé et autres. En tant que responsable des femmes du FPI, normalement, on devrait nous permettre d’aller les voir. Cela nous peine énormément, mais c’est la triste réalité.

Comment jugez-vous la détention prolongée des députés Simone Gbagbo, Sokouri Bohui et les autres ?

Des députés en prison en Côte d’Ivoire, c’est parce que nous sommes dans un Etat de non-droit. Sinon, un député, tant qu’on ne lui a pas enlevé son immunité parlementaire, quel que soit ce qu’il a fait, ne peut pas être arrêté, ni détenu, encore moins humilié. Mais nous avons vu nos camarades députés humiliés. Simone Gbagbo, par dessus tout Première Dame de Côte d‘Ivoire a été humiliée, meurtrie dans sa chair. Même les ministres, on ne les met pas en prison comme ça. En Europe ou dans les pays démocratiques sur lesquels nous voulons copier, tant que l’immunité parlementaire d’un député n’est pas levée, on ne le met pas en prison. C’est la première fois que nous voyons cela. C’est la preuve que nous sommes dans un Etat de non droit.

Pensez-vous que le meeting du 21 janvier dernier qui a été perturbé par les hommes du pouvoir a atteint ses objectifs ?

Nous avons gagné le pari de la mobilisation. Je dis que le pouvoir ne vendait pas notre peau chère. Par la voix de quelques ministres, il a dit que nous ne pouvions plus mobiliser. Mais c’est cette mobilisation extraordinaire qui lui a fait peur et il est allé chercher son armée de réserve pour tout saccager. Il y a eu un mort et plus de 68 blessés. Quatre mille chaises, 40 bâches, la sono, le podium, tout a été saccagé. Vous avez vu la hargne avec laquelle ils nous ont attaqués. Le pouvoir va certainement demander qui a envoyer des gens saccager le meeting. Nous, nous nous posons la question de savoir qui attaque nos meetings ? Qui ne veut pas de la démocratie en Côte d’Ivoire? Mais surtout, qui ne veut pas d’Alassane Ouattara au pouvoir ? Parmi eux, est-ce que beaucoup veulent que Ouattara soit au pouvoir ? Je me pose la question Parce que s’ils l’ont installé au pouvoir et qu’ils veulent qu’il gouverne et ait l’estime des Ivoiriens, ils ne doivent plus se comporter comme ça. Ce sont ces propres partisans qui lui créent aujourd’hui les problèmes et non nous l’opposition. Il faut qu’il fouille lui-même parce que cela ne l’arrange pas. Il faut qu’il prenne ses responsabilités. Gbagbo en son temps, n’a jamais mis un journaliste en prison. Parce qu’il était un vrai démocrate. Tout était permis à l’opposition d’alors. Gbagbo était même insulté dans son intimité. Mais il est resté lui-même. Déjà en neuf mois, neuf journalistes en prison, et au bout des cinq ans, combien seront-ils ? Je crois que ce sont ceux qui n’aiment pas Alassane qui saccagent les meetings du FPI.

Si ce meeting était à refaire, le referiez-vous ?

Je ne vois pas pourquoi nous ne le referions pas. Si ce meeting était à refaire, je mobiliserais toujours les démocrates. . D’ailleurs, le 9 juin, les structures spécialisées et d’activités du FPI auront un grand meeting en hommage au président Laurent Gbagbo. Si c’était à refaire, je le referais pour la démocratie en Côte d’Ivoire.

La direction du FPI et la JFPI exige une commission d’enquête sur les événements intervenus au meeting du 21 janvier. Qu’en disent les femmes ?

Pour nous, il faut situer les responsabilités. Ce sont ceux qui ne veulent pas de la gouvernance de Ouattara qui créent les problèmes à l’opposition. Nous voulons les débats civilisés et non la violence dans la politique dans notre pays. Il faut que ceux qui ont introduit la violence dans la politique arrêtent cette façon dépassée de faire la politique. Le peuple de Côte d’Ivoire n’est pas violent. Si le peuple ivoirien a accepté officiellement plus de 46% d’étrangers sur son sol, c’est parce qu’il n’est pas barbare. Nous aimons la vie. La vie est sacrée et nul n’a le droit d’enlever la vie à autrui.

Que pensez-vous des dernières restructurations au sein du CNRD ?

Nous voulons être en face du RHDP et pour le faire, il faut renforcer les structures. Et c’est ce que nous avons fait. Le CNRD est un instrument de lutte. Il faut qu’il soit apte à faire face à tous les défis. Nous avons beaucoup de défis à relever, il fallait renforcer la structure. Le premier vice-président Fologo et la secrétaire générale Agoh Marthe doivent jouer le rôle de coordination pour faire avancer les choses. Nous leur faisons entièrement confiance. Chaque organisation membre du CNRD doit remobiliser ses troupes pour que nous soyons uns structure forte en vue d’atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés.

On a fait récemment état de division au CNRD ? Pensez-vous que la dernière AG a aplani les divergences ?

Il n’y a jamais eu de palabres encore moins de division au CNRD. Ceux qui en parlent ne font que révéler leur vrai désir. D’aucuns voudraient qu’on se batte, qu’on s’entredéchire pour mieux nous brimer. Mais je voudrais vous rassurer, le CNRD est débout. Ce sont des épiphénomènes. Dans toutes les familles, ce n’est pas toujours que tout le monde voit la même chose. Il y a des divergences de points de vue. Mais ça, c’est ça qui est normal. C’est la preuve de l’existence de la démocratie dans cette famille. Donc, au CNRD, nous avons eu quelques divergences de vue mais on s’est compris et on avance. Nous pensons que c’est parce que l’adversaire veut casser du FPI qu’il voit les palabres partout. Mais ce n’est pas de cette façon qu’il peut nous casser. Au sein du RHDP, il y a des problèmes. Ces membres n’ont qu’à parler de leurs propres problèmes ? Ce sont eux qui ont des problèmes parce qu’on leur a tout promis.

Vous avez lancé une collecte de fonds destinés à soutenir le président Laurent Gbagbo détenu à la Haye. Y a- t-il un point disponible à ce jour ?

Il n’y a pas encore de point. Les femmes continuent de se mobiliser. Elles continuent d’apporter ce qu’elles peuvent. Il y a l’engouement. Mais ce n’est pas comme avant. Parce que vous savez qu’elles ont tout perdu durant cette crise. Les Ivoiriens ont été spoliés de tous leurs biens. Ils ont été pillés. J’en fais malheureusement partie. D’ici fin mars, nous allons faire le premier point. Jai tout perdu aujourd’hui. Ils ont pris mes trois véhicules (une Prado, une Mercedes, une Kia), y compris celle de mon époux (Une Mitsubishi 4X4). Ils n’ont pas déposé les véhicules au Golf. Ils les ont pris pour leurs véhicules personnels. Quand je suis sortie de la Pergola, j’ai fait toutes les démarches pour récupérer mes véhicules. Mais c’était peine perdue. Ben Laden a même eu à me dire que c’est parce que je vis que je cherche mes véhicules et qu’ils étaient venus pour me tuer parce que j’aurais tué leurs parents. Et qu’il ne donne pas ma voiture.

Qu’allez-vous faire alors que la paix est progressivement de retour ?

Moi, je me tourne vers le chef de l’Etat. Je lui demande de régler ce problème pour qu’il y ait la réconciliation. Si Alassane Ouattara m’a libérée, c’est parce qu’il ne me reprochait rien. Avec moi, tous ceux qui sont LMP et qui sont soupçonnés d’avoir fait la campagne de Laurent Gbagbo ont été pour certains lâchement assassinés, maltraités pour d’autres. Quand certains ont vu tous leurs biens pillés. A Attécoubé, tous les chefs de village et de communautés qui étaient avec moi ont été menacés de mort et chassés de la commune. Aujourd’hui, nous nous demandons de quel côté se trouvent la haine, la xénophobie, le tribalisme. Ceux qui parlent ainsi, s’ils connaissaient la composition de nos familles à Gagnoa, ne diraient jamais ce qu’ils disent. Chez nous, les familles sont mélangées. Le métissage est très développé. En un laps de temps, tout ce que nous avons construit en 40 ans de travail est parti, appartenant aujourd’hui à des inconnus qui occupent nos maisons. Nous, nous sommes formés à la résistance. Je demande aux femmes de Côte d’Ivoire de continuer à résister. Nous ne devons même pas avoir honte d’être des patriotes. Nous devons être un pays souverain qui engage lui-même son développement. C’est pourquoi Laurent Gbagbo sortira de là où il est parce qu’il a un projet pour son pays. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire et la France doivent parler en partenaires et non en  »père et fils ». Parce qu’à 50 ans, on ne peut pas encore habiter chez ses parents. A 50 ans, on doit pouvoir avoir son propre foyer. Et c’est ce que Laurent Gbagbo prône. La Côte d’Ivoire a plus de cinquante ans, elle doit pouvoir décider d’elle-même.

Que vous inspire la déclaration du chef de l’Etat qui parle de rattrapage concernant ses nominations des nordistes ?

Je voulais dire que les gens du Nord ont profité du pouvoir Houphouët. Ils ont profité du pouvoir Bédié et dernièrement du pouvoir Gbagbo. D’où vient-il que lui, Ouattara, fasse des rattrapages pour eux ? Il était où lui Ouattara pour ne pas voir quand les gens du Nord faisaient partie de tous les gouvernements et pouvoirs ? Ce n’est pas juste ce qu’il dit. Un président de la République doit se mettre au-dessus de la mêlée. Dès lors que tu es à la tête d’un pays, tu n’es plus pour ta famille, aussi bien biologique que politique. Encore moins ta région ni ta religion. Tu es pour tout le monde. Que Ouattara cesse d’être pour sa famille et sa région et qu’il travaille pour la Côte d’Ivoire. Il a aussi dit qu’il est allé dire merci à Sarkozy parce que ce dernier a évité un génocide en Côte d’Ivoire. Or donc, Ouattara était-il en train de préparer un Rwanda bis en Côte d’Ivoire ? Mais qu’est-ce qu’on lui a fait ? Pourquoi cette haine gratuite ? Je voudrais dire pour ma part qu’on ne commande pas un peuple qu’on n’aime pas. Pourquoi Ouattara a-t-il voulu forcément diriger la Côte d‘Ivoire ? Est-ce pour se venger ou pour faire le bonheur du peuple ivoirien ? Je m’interroge sur ses vraies intentions en prenant le pouvoir en Côte d’Ivoire. Peut-être qu’on va les découvrir un jour. Mais pour l’heure, sa sortie est malencontreuse et il doit la rectifier.

Interview réalisée par
Hervé Gobou
rvgobou@yahoo.fr (Source Lebanco.net)

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