COTE D’IVOIRE-LIBERIA: Monrovia joue au gendarme d’Abidjan

Guineeconakry.info

Si la Côte d’Ivoire semble avoir tourné la page de la crise postélectorale d’il y a un an, de sources potentielles d’inquiétude et de déstabilisation, sont cependant toujours présentes. Des sources provenant des rancœurs et du ressentiment que la solution militaire n’aura pas pu éviter. C’est ainsi que certains proches de l’ancien président, Laurent Gbagbo, actuellement à La Haye, nourrissent encore un désir de revanche.

On rappelle à propos l’arrestation d’Anselme Yapo Séka Séka qui, avait-on dit à l’époque, s’apprêtait, en complicité avec certains pays de la sous-région, à lancer une action destinée à libérer Laurent Gbagbo. Dans le même ordre d’idées, ce sont près d’une centaine de mercenaires qui en veulent aux nouvelles autorités ivoiriennes qui viennent d’être cueillis par les autorités libériennes. Heureusement que la politique du bon voisinage a bien fonctionné. N’empêche, c’est là un événement qui interpelle Alassane Ouattara, quant au sérieux et la responsabilité avec lesquels il faudra aborder la cruciale question de la réconciliation nationale.

C’est un coup de filet qui pourrait consolider davantage les rapports entre Ellen Johnson Sirleaf et le président ivoirien. En effet, en mettant soixante-dix mercenaires anti-Ouattara hors d’état de le nuire, les autorités libériennes viennent d’enlever une grosse épine des pieds d’Alassane Ouattara.

Bien que toute la bande n’ait manifestement pas été arrêtée, mais en perdant ainsi l’avantage de l’effet de surprise, l’entreprise destinée à attaquer et renverser éventuel le pouvoir d’Abidjan se trouve indubitablement compromise. Sans nul doute qu’Abidjan œuvrera en vue de mettre la main sur les autres mercenaires. Et la tâche sera d’autant plus aisée que Monrovia offrira tout logiquement son soutien. Une nouvelle fois, c’est le désir des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo de porter un coup dur au nouveau pouvoir ivoirien qui en prend un coup. Après bien d’autres épisodes qui auront été moins médiatisés.

Mais la solution ne consiste certainement pas à traquer les ennemis. Parce qu’un de ces jours, une seule faille dans la vigilance, peut se révéler fatale. Pour en finir avec cette culture d’oppositions armées qui engendrent très souvent de meurtrières rebellions et qui sont porteuses de guerres civiles, il faut réussir la magie de réduire les ennemis armés en adversaires politiques, à défaut d’en faire des amis. Cela passe par la réussite du chantier de la réconciliation nationale. Ce qui suppose qu’en toute responsabilité et sans aucun parti pris, les Ivoiriens se regardant les yeux dans les yeux, puissent se dire la vérité. Afin que les culpabilités soient établies. Parce que dans ce que la Côte d’Ivoire a vécu l’année dernière, il n’y a pas d’absolus méchants d’un côté et d’absolus bons de l’autre.

Les choses sont autrement plus nuancées. Sur la base de ce qu’il est donné de voir jusqu’à maintenant, la justice tourne davantage contre ceux qui ont été défaits. Pour les éventuels bourreaux situés dans le camp qui avait militairement vaincu, on se borne à des promesses. Ce qui est annonciateur d’une justice à deux vitesses. Une attitude qui ne pourrait qu’aider à grossir les rangs de ceux qui veulent en découdre avec les actuels maîtres de la Côte d’Ivoire.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

Commentaires Facebook