Côte-d’ivoire Après le tête à tête Ouattara-Sarkozy le sort réservé à Soro et aux com’zones

Pari réussi, pourrait-on dire, pour le nouveau chef de l’Etat ivoirien. Alassane Ouattara effectue, depuis mercredi 25 janvier, une visite officielle en France au cours de laquelle il a eu un tête à tête avec son homologue, Nicolas Sarkozy. Au terme de cette entrevue, le président Ouattara a levé un coin de voile sur le sort du Premier ministre actuel, à la tête de la Primature depuis mars 2007. « Soro (ndlr : Soro Kigbafory Guillaume) a fait du bon travail). Mais des décisions difficiles seront prises ». A indiqué l’hôte du président Français, cité par Fraternité mobile. Du coup Ado manque de peu de mettre le pied dans le plat. Attendu sur la question du départ ou non de Soro de la Primature, le chef de l’Etat a plutôt utilisé l’arme diplomatique pour ne pas « gripper » la cohésion sociale déjà fragilisée par une décennie de crise. Aussi, en occultant de manière officielle d’aborder au grand jour le sort de son Premier ministre et celui des chefs de guerre, communément connus sous l’appellation de com’zones, Alassane Ouattara s’est tout de même contraint d’en parler avec Nicolas Sarkozy. A l’intérieur du salon d’honneur, les deux hommes d’Etat ont évoqué avec diligence la question du Premier ministre Soro Guillaume et celle des commandants de l’ex-rébellion. La France, soutient une source introduite auprès de la diplomatie française, s’alignera sur la position de Washington ». En effet, lors de son bref séjour en Côte d’Ivoire, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton avait recommandé la poursuite devant la cour pénale internationale des proches du régime actuel qui auraient commis des exactions lors de la crise, même en tant que simples témoins, y compris Soro Guillaume.

Paris rejoint Washington

Une recommandation qui lève donc le doute sur la comparution du premier ministre devant la juridiction internationale. Conscient aussi de cette exigence de la Maison blanche, Paris a mis les petits plats dans les grands pour accueillir celui qui apparait aujourd`hui comme le meilleur ami de la France en Afrique. « La normalisation politique est encore loin d`être achevée mais elle est en cours et nous voulions lui donner de la visibilité », admet un diplomate français faisant allusion à la visite d’Etat qu’effectue Ado en France. Sur le fond, depuis l`accession au pouvoir d`Alassane Ouattara, la bonne entente entre Paris et Abidjan est manifeste. En moins d`un an, Nicolas Sarkozy, François Fillon mais aussi les ministres français de l`Intérieur et de la Défense ont fait le voyage en terre ivoirienne. Le point d`orgue de cette visite d`état, a relevé la source diplomatique, a non seulement concerné le tête-à-tête à l`Elysée entre deux présidents qui se connaissent bien et qui ne cachent pas leur amitié de longue date, mais surtout selon quelques indiscrétions, lors de cet entretien, Nicolas Sarkozy a dû inciter Alassane Ouattara à donner davantage de force au processus de réconciliation. Car, à Paris, murmure-t-on, on estime que pour favoriser cette réconciliation, il faudrait que des poursuites soient rapidement lancées contre des responsables des Frci, l`armée suspectée d’être à la solde de M. Ouattara. Toute la question étant de savoir jusqu`à quel niveau de responsabilité ces poursuites doivent être engagées devant la CPI ou devant la justice ivoirienne. (..). N’empêche cependant que le message a été pris au sérieux par l’hôte de Sarkozy même s’il estime que sa visite en France témoigne qu’aucun nuage ne menace les excellentes relations entre Paris et Abidjan depuis l’alternance intervenue dans la douleur en Côte d’Ivoire.

BORIS N’GOTTA
Le Mandat

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