L’Afrique s’invite à Davos pour attirer les investisseurs

Plusieurs chefs d’État et de gouvernement africains participent au Forum économique mondial qui se tient jusqu’à dimanche 29 janvier en Suisse.

Le développement du continent africain a fait, jeudi 26 janvier, l’objet de plusieurs débats au Forum économique mondial de Davos, où sont réunis 1 600 décideurs économiques de la planète. Plusieurs dirigeants africains ont fait le déplacement, comme le président d’Afrique du sud Jacob Zuma, le président de la Guinée, Alpha Condé, celui de la Tanzanie Jakaya Kikwete, le premier ministre de l’Éthiopie, Mélès Zinawi, celui du Kenya, Raila Odinga, ainsi que celui de la Tanzanie, Jakaya Kikwete.

Le nouveau chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui effectue dans la station suisse son premier voyage à l’étranger depuis sa nomination en novembre, devait également intervenir jeudi soir. Le premier ministre tunisien, Hamadi Jebali prendra, quant à lui, la parole vendredi.

Pour tous, le message est simple : convaincre la communauté économique et financière que l’Afrique est enfin en train de changer en devenant une terre propice à un nouveau flux d’échanges. Pour l’heure, le continent concentre 15 % de la population mondiale, mais seulement 1 % de la production manufacturière et 1 % des investissements, a rappelé jeudi l’ancien premier ministre britannique Gordon Brown.

L’Afrique dans son ensemble devrait pourtant afficher un taux de croissance de 5,5 %, cette année, selon le FMI. « Nous sommes dans la même situation que l’Inde des années 1990 », a estimé le premier ministre éthiopien.
Un développement autocentré

Mais face au phénomène de mondialisation, dont ils sentent écartés, les dirigeants africains présents à Davos veulent aussi promouvoir un développement plus autocentré, pas uniquement tourné vers le Nord et le commerce de matières premières.

« Nous produisons tout ce que nous ne consommons pas et consommons tout ce que l’on ne produit pas », a résumé le chef du gouvernement tanzanien, en plaidant pour un développement du libre-échange à l’intérieur de l’Afrique.

C’est vrai aussi sur le plan alimentaire, selon Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des finances du Nigeria, pour qui l’Afrique est « tout à fait capable de se nourrir toute seule » à condition de réformer non seulement ses méthodes de productions agricoles, mais également toute la chaîne de distribution. Un optimisme partagé par Bill Gates, le patron de Microsoft dont la fondation est très investie en Afrique.

« Il y a beaucoup d’innovations scientifiques dans les semences et le développement des partenariats public-privé devrait permettre de doubler voire tripler la productivité en matière agricole », a affirmé le milliardaire américain.
Plus indépendant économiquement

En se voulant plus indépendants sur le plan économique, les leaders africains cherchent aussi à se protéger des difficultés rencontrées en Europe, dont ils craignent de subir le contrecoup, notamment avec une raréfaction des crédits bancaires.

« Le monde est en train de changer et ce serait une erreur pour l’Afrique de vouloir reproduire aujourd’hui un modèle industriel dépassé, expliquait mercredi Meles Zenawi, en mettant en avant la raréfaction inévitable des énergies fossiles compte tenu de l’accroissement attendu de la population africaine.

« Il n’y a pas d’autre option que de s’orienter sur la voie du développement durable. Il faut s’adapter », a-t-il expliqué. Reste malgré tout pas mal de réformes nécessaires à entreprendre. « Cela passe d’abord par la lutte contre la corruption et un changement de mentalité des leaders africains », soulignait le président guinéen, Alpha Condé.

JEAN-CLAUDE BOURBON, à Davos
la-croix.com

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