Jean-Jorès Tah Bi – Source: afreeknews.com
Le meeting du Front Populaire Ivoirien (Fpi) qui devait servir de rentrée politique au parti de Laurent Gbagbo n’a pu aller à son terme ce samedi matin. Le rassemblement a été attaqué par des jeunes hostiles, favorables au président ivoirien Alassane Ouattara. Plusieurs militants pro-Gbagbo ont été blessés grièvement, dont un par balle.
Le rassemblement du samedi matin devait servir de rentrée politique au Fpi, dix mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2010. Il a réuni des centaines de partisans de Laurent Gbagbo sur la place Ficgayo, grand espace de la commune abidjanaise de Yopougon, majoritairement acquise à l’ex-président ivoirien. Ils ont essuyé des jets de pierres de jeunes hostiles au rassemblement. Les pro-Gbagbo ont à leur tour riposté par des jets de pierres avant que des gaz lacrymogènes tirés par la Police n’imposent une brève accalmie.
Plusieurs blessés, dont un par balle
Les affrontements ont repris quelques instants seulement après que les responsables du Fpi aient commencé leurs interventions sur le podium. “Je voudrais réaffirmer la détermination des militants à aller jusqu’au bout avec Laurent Gbagbo. Nous sommes convaincus que chaque coup que nous porte nos adversaires, nous propulse vers la victoire“, a déclaré Lazar Zaba Zadi, secrétaire fédéral du Fpi à Yopougon. “Vous êtes là en masse, malgré la violence. C’est une lutte noble, quand on prend le pouvoir par la violence, on ne peut qu’avoir peur de le perdre“, a affirmé à son tour le président par intérim du Fpi, Miaka Oureto. Son intervention est interrompue par de nouveaux jets de pierres qui donnent lieu à une bagarre rangée entre pro-Gbagbo et des jeunes assaillants dont certains arboraient des tee-shirts à l’effigie du président ivoirien Alassane Ouattara. Un jeune partisan de Laurent Gbagbo a eu l’oreille déchiquetée lors des heurts. Martial, la vingtaine, le visage ensanglanté, dit avoir été pris à partie par des jeunes dont “certains portaient des tee-shirts à l’effigie“ du chef de l’Etat Alassane Ouattara. “Ils m’ont pris à partie. Le premier m’a attaqué avec sa machette, j’ai esquivé et un autre m’a atteint avec un marteau“, a-t-il confié. Un autre au crâne ouvert et au T-shirt ensanglanté a été évacué par les services de secours. Sur place, les agents de la croix rouges ont dénombré une vingtaine de blessés. “Deux cas graves ont été évacués“, a indiqué Professeur Ecra, responsable de Croix rouge. La direction officielle du Fpi décide de l’arrêt de la manifestation quand un blessé par balle a été porté sur le podium.
Des forces de l’ordre sans arme
Le rassemblement a pris fin dans une débandade. De plus en plus nombreux les partisans du président Alassane ont pris le contrôle de la place. Avant de mettre le feu aux bâches et emporté les chaises, sous le regard impuissant des forces de l’ordre. Un important dispositif de police, appuyé par l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), avait pourtant été déployé autour de la place. Mais sans armes, les policiers ne constituaient aucune menace pour des jeunes pro-Ouattara déterminés à empêcher le rassemblement. Ils ont usé de gaz lacrymogène avant d’être vite débordés. Sur le podium un responsable du Fpi a demandé aux militants pro-Gbagbo de rentrer chez eux par “petits groupes“.
Plusieurs rassemblements de sections du Front populaire ont été empêchés dans des villes ivoiriennes depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2010. L’ex-président ivoirien a été arrêté par les forces pro-Ouattara aidées par l’armée française et les forces onusiennes basées en Côte d’Ivoire. Son arrestation a mis fin à quatre mois de violences postélectorales, après que lui et son rival Alassane Ouattara se sont proclamés tous deux vainqueurs de la présidentielle du 28 novembre 2010. Les affrontements ont fait 3.000 morts selon l’ONU.
Alassane Ouattara a été investi le 21 mai à la tête du pays, alors que Laurent Gbagbo a été transféré le 29 novembre 2011 à la Cour Pénale Internationale (Cpi). Les partisans de Laurent Gbagbo ont refusé de participer au Gouvernement et ont appelé au boycott des législatives du 11 décembre 2011, marquées par un faible taux de participation.
Lors d’une visite la semaine passée, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait demandé au président Alassane Ouattara d’œuvrer pour la réconciliation en permettant la participation de toutes les partie au débat politique. L’interruption du meeting du Fpi ce samedi relance la question de la réconciliation nationale dans ce pays qui doit retrouver sa stabilité sociopolitique.
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