Sikensi Affrontements Frci-Populations 4 morts, plusieurs blessés et des magasins pillés
Des affrontements entre des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et les populations Abidji de Sikensi se sont transformés en une bagarre intercommunautaire hier lundi 26 décembre 2011. Le bilan de ces affrontements fait état de 4 morts, plusieurs blessés, des magasins pillés et des maisons incendiées. Selon des témoignages recueillis sur place, tout a commencé dans la nuit du dimanche 25 décembre quand une affaire de femme a dégénéré dans un maquis entre un jeune autochtone répondant au nom de B. G. Martial et un élément des Frci en civil. Battu par son adversaire à la suite d’une rixe qui a opposé les deux(02) hommes, le soldat serait allé chercher du renfort pour revenir faire payer à son rival son impertinence. Sauvagement battu par les militaires lors de l’expédition punitive, B. G. Martial est évacué d’urgence à l’hôpital de Dabou. Le lendemain matin, lundi, des dizaines de jeunes Abidji investissent la voie principale de la ville, y dressent des barricades et mettent le feu à des pneus pour protester contre la bastonnade d’un des leurs par les Frci. Mais la communauté Malinké qui dit ne pas être concernée par cette affaire demande la levée des barricades sur l’unique voie principale qui traverse la ville. Niet ! répondent les jeunes Abidji qui ne comptent pas s’en aller aussi facilement. La tension monte. Les Frci entrent en scène et font usage de leurs armes à feu. C’est la débandade ! Après quelques moments d’accalmie, Malinké et Abidji reviennent à la charge, qui armés de gourdins, qui de fusils calibre 12. Jusqu’à ce que nous mettions sous presse, une délégation conduite par le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, était sur les lieux pour tenter de calmer les esprits. Il y a environ deux (02) semaines, des évènements similaires s’étaient déroulés à Vavoua entre populations et Frci. Au regard de la gravité de ces évènements, le président de la République, Alassane Ouattara, a pris des mesures vigoureuses dont la poursuite judiciaire à l’encontre des 7 éléments des Frci de Vavoua; le retour immédiat des anciens chefs d’unités dans leurs bases d’origine pour procéder à l’encadrement et au désarmement de leurs éléments, avant d’éventuels regroupements ; la création d’une Police militaire pour procéder à l’inspection et à la traque dans les rues d’éléments incontrôlés et de tous véhicules et motos estampillés FRCI, inconnus dans les fichiers du parc automobile de l’Armée afin que ces voitures et motos ne circulent plus. Des rumeurs persistantes parlaient hier aussi d’autres affrontements de ce genre à Duékoué, ou plutôt de l’attaque d’un convoi des FRCI par des éléments non identifiés. Jointe hier, une source militaire dans cette ville a démenti l’information.
David Y.
Encadré
Et si c’était une forme de revendications ?
Plateau, Yopougon, Vavoua, hier Sikensi. Pour ce seul mois de décembre, des éléments des Frci se sont illustrés de la plus mauvaise manière qui soit dans le milieu des hommes en treillis. Bavures et actes de vandalisme ont écorné l’image de la grande muette au point où des organisations internationales tirent la sonnette d’alarme pour interpeller les pouvoirs publics. International Crisis Group dans son dernier rapport stigmatise la criminalisation de l’armée ivoirienne. Et on a beau jeu de s’interroger sur le comportement des hommes en tenues. Il semble difficile de trouver une réponse au regard des lois qui régissent ce corps de métier. Après les événements de Vavoua le 18 décembre dernier, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a pris des mesures. Celles-ci ont eu un effet immédiat à Abidjan où il est désormais rare de voir des véhicules estampillés Frci ou de noms de chef de guerre sur des véhicules. On n’osait plus imaginer la répétition des actes qui ont conduit à la sortie et aux injonctions du président de la République. Mais voilà que des émeutes meurtrières impliquant encore des Frci à Sikensi viennent contrarier les efforts du chef de l’Etat. Il faut pousser la réflexion loin après ces événements. Qui a écouté des Frci à certains barrages nocturnes à Abidjan devait avoir des indices sur le mobile caché de ces hommes en tenues dont nombreux sont des supplétifs. En clair des faux militaires. ‘’Nous ne sommes pas payés’’, lancent souvent ces éléments aux barrages. Avec ces actes répétitifs d’éléments voyous (le mot est du chef d’état-major général), n’est-ce pas une manière de revendiquer et se faire payer d’hypothétiques dus ? Des éléments ont souvent clamé haut et fort que l’Etat leur doit la somme de 2 à 5 millions de FCFA chacun. Rumeurs ou intox ? Dans tous les cas, le président de la République ne doit-il pas se saisir de cette question pour recevoir et rassembler tous les éléments en caserne pour leur tenir un langage de vérité, mais toute la vérité sur cette question de pécule ? Un langage de vérité et aussi une éducation des soldats pour leur apprendre à ne jamais rendre justice, ni utiliser leur position pour régler des comptes. L’apaisement pourrait être à ce prix.
SD
L’Intelligent d’Abidjan
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Le ministre délégué à la Défense en mission d’urgence de bons offices pour ramener le calme à Sikensi
Sikensi, 26 déc(AIP)-En mission d’urgence de bons offices, en vue d’apaiser les esprits et ramener le calme entre les communautés à Sikensi, le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, tient, en ce moment, une réunion au quartier Dioulabougou.
Des affrontements survenus, ce lundi, entre communautés Malinké et autochtones, en majorité des jeunes, ont fait quatre morts, parmi lesquels deux soldats des forces républicaines de Côte d’Ivoire(FRCI), et 13 blessés graves, en début d’après-midi.
La tension était très vive, ce lundi, à Sikensi, où à la suite d’une altercation, dans un maquis(restaurant-bistrot) entre un jeune du nom de Bébé Guy Martial, et un soldat des FRCI, le jeune Guy Martial a été grièvement blessé, évacué d’urgence dans un hôpital à Dabou.
Aussitôt, des jeunes, révoltés, ont réagi, dressant des barricades sur la principale voie, et brûlant des pneus usés. Cette voie étant l’unique voie d’accès au quartier Dioulabougou, des résidents se sont opposés à l’obstruction de la seule voie qui leur permet de circuler et de regagner leur quartier. Il n’en a fallu davantage pour que la tension perceptible, monte d’un cran, et que ce que l’on redoute ne se produise.
(aip)
akm/nf
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