Si j’étais Laurent Gbagbo, je ne me serais pas pressé pour parler lors de l’audience préliminaire. J’aurais fait mon petit malin. J’aurais fait comme Dominique Strauss Khan lors de son procès dans l’affaire Nafissatou Diallo. Tout au long de la procédure, Strauss Khan a très peu parlé, laissant ses avocats se battre avec le procureur de New York. Pour ma première audience, j’aurais dû mettre en évidence mon avocat. J’aurais dû le laisser dire en détails, ce qui n’a pas marché. Si c’est mon avocat qui avait parlé et étalé les lacunes de la procédure, sans doute Ocampo aurait-il été obligé de monter au créneau! C’est vrai que mon procès est politique, c’est vrai que je devais livrer un message. Mais alors que tout le monde m’attendait, je devais dribler les uns et les autres, et me taire. Je devais continuer à garder le silence. Ma présence elle même était un événement. Il me fallait bien vendre cet événement. Je devais rendre ma parole rare et difficile. Et puis si j’étais Gbagbo j’aurais eu une pensée pour toutes les victimes de la crise dans le pays, sans distinction d’obédiences politiques. Euro RSCG and Co ne sont plus là pour faire ma Com et pour me conseiller, je dois donc me débrouiller seul. Aurais-je encore l’opportunité de revenir sur ce préalable dans sept mois ? Croisons les doigts ! Comme je l’ai dit lors de ma première chronique, hélas, je ne suis pas Laurent Gbagbo. Mais quel attrait ! Quelle admiration pour le sort qui lui est fait ! Je ne suis pas Laurent Gbagbo. Je ne suis qu’une modeste citoyenne, qu’il n’a même pas connue durant les dix années qu’il a passées au pouvoir. Dix années au cours desquelles, je n’ai jamais eu la chance de lui déclarer ma flamme.
A bientôt!
Djeneba . T
djenebat@ozirix.com
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