Comment des FRCI ont donné des sueurs froides à une délégation rwandaise
. L’article intégral d’un journaliste, témoin des faits
» Un journaliste de eTN tenu en respect avec l’équipage Rwand’Air en Côte d’Ivoire »
Le journaliste de eTN, Wolfgang H. Thomé a été invité sur le vol inaugural Rwand’Air de Kigali à Abidjan, quand lui et les dignitaires du gouvernement, ainsi que tout l’équipage ont été tenus en respect par une troupe gouvernementale, armes au poing. Voici son compte-rendu personnel.
Alors que le vol spécial Rwand’Air se rapprochait de sa destination finale à l’aéroport international d’Abidjan, le paysage en dessous alimentait mon imagination de ce que la visite en Côte d’Ivoire pourrait donner et ce que je pourrais découvrir le long des rivages et en traversant le pays en termes de beauté. Les forêts tropicales côtières ont cédé la place aux plantations de palmiers à huile et encore des forêts tropicales côtières à mesure que la ville d’Abidjan se rapprochait de notre vue de l’avion, qui s’alignait pour son atterrissage. Nous avons touché le sol et nous nous sommes dirigés directement à l’aérogare des passagers particuliers, du côté officiel de l’aéroport. Jusque-là, il n’y avait aucune préoccupation particulière. Après tout, c’était un vol spécial avec une délégation gouvernementale importante à bord, dirigée par deux des ministres du Rwanda et un certain nombre de hauts fonctionnaires, y compris John Mirenge, le PDG de Rwand’Air. Nous avions tous effectué le voyage de Lagos et d’Abuja ensemble pour la célébration de l’établissement des liaisons aériennes régulières entre le Rwanda et le Nigeria, et maintenant, nous offrions à un certain nombre de nos compatriotes, passagers du vol inaugural, la deuxième partie de leur voyage, avec nous, qui devrait partir ensuite pour Kigali à nouveau. La rencontre avec notre délégation officielle a été rapide, et nous nous apprêtions à rouler vers le terminal principal de ravitaillement pour ensuite commencer notre voyage retour vers le Rwanda. Là commencent nos problèmes. Et ce correspondant, qui pensait avoir tout vu dans ses fréquents voyages à travers le continent, a été pris de court pour le moins, par les événements qui étaient sur le point de se dérouler. Rwand’Air qui, bien sûr, a un agent de manutention à Abidjan, est une société qui prend soin de la manutention au sol, y compris la fourniture d’équipements, tels que les escaliers, avec le ravitaillement plein. L’équipage du cockpit, y compris le mécanicien à bord, ont débarqué et aucun agent représentant de la manutention n’a été repéré, bien que l’information au moment de l’atterrissage ait été transmise auparavant. Je vais plus tard bien comprendre tout cela. Au lieu de l’agent de manutention, une bande de soldats armés s’est approchée de l’avion et exigeait de l’argent pour le ravitaillement en kérosène et aussi la manutention pour un montant de 5000 $ USA (2.500.000 F CFA). Pour le kérosène, ils ont avancé un montant qui pourrait acheter un champ de pétrole, ou bien prendre soin de leur pension à vie. Rwand’Air sachant qu’il y a des personnalités officielles à bord, Michael Otieno, le responsable de la communication de la compagnie, s’est également impliqué dans les négociations qui ont tourné, rapidement dans un « ABC » des autorités africaines – un comportement arrogant, chantage et corruption – au nez et à la barbe de tous. Il ne savait pas le risque qu’il prenait, lorsque l’un des hommes en armes, pointa sur lui son fusil, espérant clairement que cette »petite intimidation » l’aiderait à extraire les sommes exorbitantes d’argent qu’ils exigeaient. On voyait nos deux capitaines, ainsi que le commandant de bord de Rwand’Air lui-même et l’ingénieur qui avait effectué le vol, très occupés à faire des appels téléphoniques à mesure que la situation devenait de plus en plus menaçante et tendait vers un incident diplomatique potentiel. L’avion, venant de prendre une délégation officielle du gouvernement dûment invitée, pour être ensuite pris en embuscade et rançonné, et ce avec un personnel de qualité de Rwand’Air tenu en respect. Heureusement, à ce moment précis, un représentant de l’entreprise de manutention apparut soudainement et demanda aux soldats voyous, déployés à l’aéroport international, de rapidement battre en retraite, et tout va rentrer en ordre une heure et demi plus tard sans qu’il y ait de l’argent cash à sortir, laissant ainsi nos hommes en uniforme bien fumant à leurs malheurs, tenu à l’écart des transactions et visiblement déçus de leur échec, eu égard aux gestes qu’ils faisaient. Entre autres conséquences, le temps perdu a dû contraindre notre équipe à aller au-delà du maximum de temps autorisé, et comme il advint, ils ont franchi le délai limite à seulement quelques minutes qu’ils auraient épargné. Un soupir de soulagement a traversé ceux d’entre nous à bord, qui ont vu ce qui s’est passé, et qui avions transpiré. Et je savais à quel point nous étions à un doigt d’un incident majeur. Enfin, sur la piste de départ, le décollage a été accueilli avec grand soulagement, en voyant les figures de nos bourreaux devenant plus petits au loin, des fusils encore attachés à leurs torses et agrippés de leurs deux mains. Une fois en l’air et en altitude de croisière initiale, le capitaine Babis raconta l’histoire pour que tous entendent, y compris la proposition de certains passagers pour qu’une collecte soit organisée pour ravitailler l’aéronef. Ce qui aurait été une aubaine pour satisfaire la tentative de vol de cette troupe détachée à l’aéroport international, officiellement pour la protection et la sécurité, mais qui a détourné sa mission en cherchant à se faire des billets de banque par des détournements dans le processus de ravitaillement en kérosène. Car cet argent n’aurait sans doute pas été remis à la compagnie de carburant, provoquant ainsi une perte importante pour elle. Les autres passagers ont applaudi l’équipage qui s’est impliqué dans la résolution de cet incident, le personnel de Rwand’Air à bord, et ceux qui étaient prêts à se séparer de leurs réserves d’argent. Mais ce problème nous a laissé un arrière-goût amer, de la bile à vomir dans nos gosiers à tous. Considérant que l’ancien président Gbagbo, qui a connu une triste fin, pour s’être accroché au pouvoir, est maintenant dans les geôle de La Haye face à la Cour pénale internationale, et considérant que la communauté internationale a appuyé les revendications de l’actuel président de la Côte d’Ivoire et l’a aidé à transformer sa victoire aux élections vers un passage à un Etat de droit, ce genre d’incident met le pays dans la honte. Il est à espérer que les responsables de cet incident seront rapidement identifiés et traduits en justice, et que le gouvernement de la Côte d’Ivoire va avoir à présenter des excuses officielles au gouvernement du Rwanda, et à Rwand’Air, pour l’épreuve décrite. L’atterrissage à Kigali à minuit passé de 20 mn a été applaudi par tout le monde à bord de ce vol spécial. Le «tapis rouge» a été une nouvelle fois déroulé et bien en évidence, avec les responsables souriants à l’accueil à l’immigration, et des douanes nous donnant tous un coup de main. Je me suis dit : «enfin à la maison», bien que techniquement, bien sûr, mon domicile est à la rive du lac en dehors de Kampala en Ouganda. Mais, la maison pour l’Afrique orientale, nous y étions enfin. Quel changement après ce que nous avons vu et vécu en Afrique de l’Ouest. Pour l’instant, je m’empresse de mettre cette histoire à la disposition de tous à lire et à se faire une idée de ce que le côté sombre de notre vol inaugural festif a souffert aux mains des hommes en armés à Abidjan. Quant à revenir satisfaire mon ambition de voir ce pays «pour de vrai» et écrire à ce sujet – ce qui est très peu probable désormais -, à moins que l’office du tourisme de la Côte-d’Ivoire soit prêt à me donner une invitation officielle, assistances matérielles et tout, chose fort improbable, alors retenez-vous bien, il ne faut s’attendre à de bonnes nouvelles en Côte-d’Ivoire de si tôt.
Par Dr Wolfgang H. Thomé, ETN Ouganda, 4 décembre 2011
Traduit de l’anglais au français par F.D.BONY
L’Inter
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