Côte-d’ivoire, la réconciliation en-dessous du Volcan

Par Serge-Nicolas NZI

Côte d’ivoire, la réconciliation au-dessous du volcan Essai d’éthologie politique sur la recomposition ivoirienne – -par Serge-Nicolas NZI

I – Le Plus grand malheur de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, vient du fait, qu’il n’y a plus dans la classe politique ivoirienne, une seule personne qui a la stature d’un homme d’Etat. Il n’y a que des petits politicards qui n’ont que leur confort personnel comme but de vie. Lorsque la vie politique d’un pays dépend de telles considérations, il ne faut pas s’étonner des malheurs qui s’abattent sur le pays.

La France avait connu une telle période dans son histoire douloureuse, elle n’avait que des petits minables incapables de comprendre la direction de la dignité de la raison et du vent de l’histoire, Les voilà et les revoilà pour une dernière fois : Philippe Pétain, Pierre Laval, François Darlan, Adrien Marquet, Maurice Papon, René Bousquet etc. Ils n’avaient que la collaboration avec l’occupant nazi comme projet politique. La honte et le déshonneur les accompagnent et les poursuivront sur plusieurs générations même au delà de leur tombe. La Côte d’Ivoire est exactement dans la même situation.

De loin on a le sentiment que ce pays est frappé d’une sorte de fatalité dans laquelle l’indignité a implacablement gangrené la raison pour que triomphe la médiocrité. De Soro Guillaume au Général Robert Gueï, de Laurent Gbagbo à Allassane Ouattara en passant par Daniel Kablan Duncan ou Charles Konan Banny, Hamed Bakayoko, et consorts, Sans parler de l’éphémère Henri Konan Bédié. Ils n’ont que des postes à se partager. Par cécité, ils ne voient même pas l’épuisement de la nation et les souffrances quotidiennes des ivoiriens.

Il y a une sorte d’infertilité morale et politique chez tous ces gens, qui fait qu’aucun d’eux n’écoutera par sagesse, tous ceux qui prônent un dialogue national utile pour que la tolérance, la raison et l’échange fraternel soient les indicateurs de la recomposition de la Côte d’ivoire post-crise.

Il n’ y a bizarrement pas un seul membre du personnel politique ivoirien, qui a une haute idée de l’Etat et des sacrifices à faire pour solidifier le vivre ensemble et l’intérêt national. C’est cette difficulté majeure qui rend la réconciliation nationale plus difficile ici qu’ailleurs et place le pays au dessus d’un volcan.

Faut-il le rappeler que la nature des hommes est essentielle dans le dénouement d’un conflit. La vision de l’intérêt général des négociateurs ou du médiateur pour ne pas utiliser le mot conciliateur est plus que nécessaire pour réconcilier un pays déchiré et recoudre le tissu du vivre ensemble pour permettre au pays et au peuple de prendre appuis sur eux-mêmes pour rechercher ensemble un nouvel horizon.

II – La réconciliation et la nature des hommes

Il y a des pays qui ont frôlé la catastrophe, certains ont même connu les profondeur du désastre sans jamais tomber dans le précipice, parce qu’ils ont une classe politique dans laquelle émergent des hommes d’Etat. La réconciliation nationale a été possible au Nicaragua entre les sandinistes, la contra somoziste, et les libéraux, grâce à l’ouverture d’esprit de l’Actuel président, José Daniel Ortega Saavedra.

N’oubliez pas qu’on était à deux doigts d’une crise poste électorale meurtrière. Car l’armée Nicaraguayenne était dans sa totalité acquise à la cause des sandinistes. L’élection historique nicaraguayenne du 25 février 1990, proclama Violeta Barrios de Chamorro, présidente du Nicaragua avec 55 % des suffrages exprimés. Daniel Ortega 41%, et les divers candidats et autres abstentions 4% d’une liste électorale estimée à 1 752 088 votants.

Mais le plus beau fut le comportement des sandinistes vaincus par les urnes, comme dans une sorte d’immolation pour consolider la démocratie dans leur pays. C’est un Daniel Ortega en pleure qui se rend au Domicile de Violeta Chamorro, pour féliciter une dame, elle aussi en larme, pour son pays et pour la démocratie.

Quoi qu’il en soit, en perdant les élections, la révolution nicaraguayenne qui avait tiré sa légitimité de tant de morts pour chasser Anastasio Somoza du pouvoir a gagné puisse qu’elle a démontré qu’elle était démocratique. La défaite électorale a été pour elle une victoire morale du Nicaragua sur lui-même car Daniel Ortega est redevenu aujourd’hui par les urnes le président du Nicaragua.

Au Timor oriental, le travail pédagogique, d’éducation de masse, les appels à la tolérance et au pardon de Monseigneur, Carlos Filipe Belo, évêque de Dili et du Leader politique, José Ramos-Horta, on été essentiels dans la pacification des esprits et l’organisation du référendum de 1999, qui avait permis au monde entier d’être témoin de l’indépendance du Timor oriental. Ils ont été récompensés par le prix Nobel de la paix en 1993 pour leur volontarisme et leur implication intense dans la recherche d’une solution équitable et pacifique de la crise du Timor oriental.

En Afrique du sud, on oublie le poids et l’implication personnelle du Président Nelson Mandela dans le processus de réconciliation dans l’Afrique du Sud, post-apartheid. Quand en 1997, l’ancien président du gouvernement raciste et criminel blanc, Peter Botha, refusa de se présenter devant la commission justice et réconciliation pour y déposer et présenter des excuses publiques aux victimes de l’apartheid.

C’est le président Nelson Mandela qui s’oppose frontalement aux membres de la direction de l’ANC et de son propre camp qui veulent tous qu’un commando de la police Sud africaine soit envoyé à son domicile au Cap pour le ramener en pyjama s’il le faut devant la commission.

Il faut dire à ce sujet que l’arrogance de Peter Botha était difficilement acceptable. Quand il dit qu’il ne reconnaît pas cette commission et ne pas être au courant des ordres de meurtres et d’attentats donnés aux services secrets Sud Africains contre les locaux et les dirigeants de l’ANC.

Mais bizarrement, son arrogance se transformât en une prison pour lui car il ne pouvait plus sortir de sa luxueuse résidence de Wilder Ness à l’Ouest du Cap. De peur d’être lynché par les victimes d’hier qu’il a toujours méprisés. C’est donc malade et isolé qu’il meurt le 31 octobre 2006, dans une Afrique du Sud en pleine recomposition et sur la route de la réconciliation, dans une nation arc-en-ciel.

Ainsi donc la nature des hommes et surtout si celui qui incarne la nation a de la hauteur et l’envergure d’un homme d’état, un pays peut sortir avec moins de casses d’une situation conflictuelle sans s’embourber dans le précipice, la violence permanente, le meurtre, les braquages, les pillages, la coercition, des dozos et des zozos partout ainsi que le crime comme horizon dans la vie quotidienne de tout un peuple.

C’est parce que personne n’a une envergure d’homme d’Etat, que personne n’ose désarmer les FRCI qui ont plongé les ivoiriens dans un régime de peur, de honte et de meurtres gratuits qui nous font douter que la Côte d’ivoire sera juste et vivable pour tous les ivoiriens.

III – La réconciliation du Nigeria après la crise du Biafra

Lors du colloque international sur la guerre du Biafra organisé en Janvier 2000, par le Club Europe Tiers Monde, à Genève en Suisse. Le Général Yakubu Gown, qui était le président de la République fédérale du Nigeria, à l’époque des faits, avait expliqué à un l’auditoire attentif que:

“Plusieurs membres du GMF, le gouvernement militaire fédéral du Nigeria, lui avait demandé de lancer un mandat d’arrêt international pour obtenir la capture du chef sécessionniste Biafrais le Colonel Odumegwu Emeka Ojukwu, afin de le faire juger pour le mal qu’il a fait au pays et les tueries inutiles dont-il est responsable par la sécession qu’il avait proclamé le 30 mai 1967. “

Il faut dire ici que le général Yakubu Gowon, n’aime pas bien Odjukwu, dont l’arrogance avait mis en danger la vie de la nation. Mais contre toutes attentes, il s’oppose frontalement contre son propre gouvernement pour ne pas affaiblir la nation et faire prévaloir la réconciliation et la concorde nationale comme plus importantes que les griefs et son ressentiment personnel contre le Colonel Ojukwu.

Pour Yakubu Gowon, la réconciliation nationale passait par le pardon du mal qui a été fait au pays et surtout par la consolidation de la paix fragile qu’il fallait solidifier pour la rendre durable. Le Nigeria en 1970 n’avait pas besoin d’une chasse aux sorcières, d’une épuration ethno tribale, qui allait approfondir les antagonismes et empêcher les blessures de la nation de se cicatriser.

C’est dans cet esprit que le Major général Yakubu Gowon, parle de sortir d’un conflit douloureux et de victoire de la nation sur elle-même pour reconstruire l’unité et la réconciliation du Nigeria. Il y a trente mois dit-il ce 12 janvier 1970 : “Nous étions obligés de prendre les armes contre nos frères qui, déçus, s’étaient fourvoyés dans une rébellion contre leur mère patrie.”

Il salue le courage et la loyauté de ses hommes accepte la réédition Biafraise présenté par le chef d’Etat Major de l’armée d’Ojukwu le lieutenant Colonel, Philipp Effiong, réitère sa promesse d’amnistie générale pour tous ceux qui se sont fourvoyés dans la futile tentative de désintégration du pays et appelle tous ses compatriotes à donner l’image d’une vraie réconciliation honorable dans le contexte d’un Nigeria uni.

Avec votre loyauté vis-à-vis de la cause nationale, nous réussirons à soigner les blessures de la nation. Longue vie au Nigeria. C’est beau et c’est un moment extraordinaire pour le Nigeria. La lucidité de sa classe politique avec à sa tête un homme d’une grande hauteur de vue sur l’intérêt national trouve le mots justes pour éteindre le feu.

Il rend hommage aux innocentes victimes et à tous ceux qui sont tombés, et qui ont fait le sacrifice de leur vie, ils doivent être honorés à jamais par le Nigeria reconnaissant. Nous honorerons les morts de tous les côtés de ce conflit fratricide. Le Nigeria doit être fière de ses moments pathétiques de sa propre Histoire car la cérémonie fraternelle au cour de laquelle le Général Gowon reçoit le haut commandement Biafrais dans sa résidence de Dodan Barrack à Lagos ce 15 janvier 1970.

Les colonels Effiong, Ogunewe, Anwumah, Okoké et Amadi, tout est organisé par les Nigerians eux-mêmes, sans l’intervention d’une tiers puissance. Un pays africain peut donc résoudre sa propre situation de crise sans rechercher des injonctions à gauche et à droite, se mettre par terre, se rouler dans la poussière, pour plaire à un ancien colonisateur qui prétendra toujours qu’il nous aime mieux que nous mêmes.

Les images de télévision en noir et blanc montrant l’étreinte chaleureuse entre Le général Gowon et le colonel Effiong, deux amis de l’Académie royale militaire britannique de Sandhurst. Tous deux les larmes aux yeux restent pour nous les observateurs attentifs de la vie politique de nos pays africains. Des moments de joie et de foi dans l’homme africain et sa capacité à sortir des errements de l’histoire.

IV – Vérité, droit, justice et réconciliation

De même que nous avons condamné l’ivoirité, nous n’avons pas ménagé la transition militaire chaotique du général Guei et de sa soldatesque. Nos réserves sur la refondation frontiste et gbagboïste sont connues. Nos écrits sont encore là pour témoigner que nous n’avons pas chercher à manger à la table du pouvoir en Côte d’Ivoire.

Ce n’est donc pas aujourd’hui que Gbagbo Laurent est en prison que nous allons chercher à aller à la soupe de la courtisanerie frontiste des refondateurs. Nous demeurons un esprit libre qui loin des assujettissements partisans d’alcôves exprime librement sa vision de la vie commune dans un pays menacé d’éclatement.

C’est dans cet esprit que nous disons que si Laurent Gbagbo, est coupable de meurtres, de détournements de fonds et de d’autres actes incompatibles avec le droit ivoirien, qu’il soit jugé par la justice de son pays dans un procès équitable ou toutes les preuves seront étalées devant nous tous pour qu’il soit condamné pour ce qu’il a fait.

Mais le déférer devant une juridiction internationale pour plaire à des puissances extérieures est fondamentalement nocif au plan moral et risque à terme de faire de lui la victime d’une manipulation juridique proche de la combine mafieuse. C’est notre avis jusqu’à ce que nos contradicteurs nous prouvent les bienfaits d’une telle démarche.

En ce qui concerne le Droit et la justice pour que la réconciliation soit effective en Côte d’Ivoire. Sans être juriste, nous disons que :
– L’idée de droit contient en elle la notion de règle générale dont la transgression appellerait une sanction. Cette corrélation entre droit et sanction est telle que ces deux notions sont arrivées jusqu’à se confondre.

– Une règle dont la violation n’entraînerait aucune sanction pouvant être administrée par une autorité administrative ou judiciaire devrait être plutôt qualifiée de règle sociale ou morale que de règle juridique, d’après un point de vue selon lequel la notion de droit devrait se limiter au seul droit positif.
Le caractère juridique du droit international a ainsi pu être remis en question par certains du fait de l’absence ou de l’insuffisance du régime des sanctions. Si la notion de sanction est étroitement liée à celle de droit, elle l’est encore plus à celle de justice.

L’idée de justice renvoie en effet à une application équitable de la règle de droit, ce qui implique la sanction des transgressions de cette dernière. L’impunité de violations de la loi est ainsi contraire à l’idée de justice. Punir l’innocent et laisser le crime impuni sont des violations équivalentes du principe de justice dans un pays qui se respecte.

C’est dans cet esprit que les partisans italiens avaient pris la décision d’exécuter Benito Mussolini en évitant sa fuite vers l’Allemagne et sa capture par les forces Américaines qui voulaient le faire juger par un tribunal international.
La France quant à elle, avait jugé, Philippe Pétain, après la guerre, elle ne l’avait pas déferré devant une juridiction internationale malgré tout le mal que le régime de Vichy avait fait endurer à la France. Pourquoi nos malheureux pays africains doivent-ils accepter aujourd’hui de faire ce que même un chien n’accepterait pas aujourd’hui ?
De près on a l’impression que la CPI, est plus pour juger les arabes, les slaves et autres africains, jamais des blancs occidentaux bon teint et pourtant les casseroles qu’ils traînent derrière eux sont les plus indignes de l’histoire humaine.
Faut-il le rappeler que, c’est la justice française le 15 août 1945, qui avait condamné Philippe Pétain, à mort, pour intelligence avec l’ennemi, haute trahison, indignité nationale avec confiscation de tous ses biens. La Côte d’Ivoire a donc les moyens de juger Gbagbo Laurent, et tous ivoiriens impliqués dans des actes criminels sur place. Parce que cela est sa responsabilité.

C’est donc à l’État de Côte d’Ivoire, détenteur du monopole de la violence légitime sur son sol, qu’incombe la tâche de rendre justice, et donc de sanctionner les violations de la règle de droit. L’État, détenteur du pouvoir de sanction de la règle de droit, a-t-il le droit de renoncer à ce droit?
C’est au Dr Allassane Ouattara, qui veut être le président de tous les ivoiriens et à sa commission Dialogue, vérité, justice et réconciliation nationale de répondre à cette interrogation. Qui est à la fois une exigence de bon sens et de responsabilité devant l’histoire.
Concernant la réconciliation des ivoiriens. Tout dépendra du mode opératoire de fonctionnement de la commission vérité et réconciliation que préside Charles Konan Banny. Nous avons déjà livré nos réserves sur la nature de l’homme et sur les relations difficiles qu’il a eues avec Gbagbo Laurent.
Ce qui fonde nos doutes c’est le manque habituel de vision de cet homme. Habitué à la facilité et partisan du moindre effort, il ne comprend pas la nécessité d’un dialogue utile au cœur de la nation. C’est un homme qui a tout eu dans la vie sans efforts. C’est un homme habitué à la cooptation sur tout son parcours Il se croit encore dans la Côte d’Ivoire de Papa Houphouët-Boigny.

Nous lui rappelons ici que le président Félix Houphouët-Boigny, avec lequel il prétend avoir des liens de famille, n’est devenu le président de tous les ivoiriens que le jour ou il a reconnu publiquement qu’il n’y avait pas eu de complot en 1963 et qu’il fut trompé à l’époque par son propre entourage.
En réhabilitant des Hommes et des femmes Comme Jean-Baptiste Mockey, Germain Koffi Gadeau, Seydou Diara, Charles Boza Donwahi, Anne Marie Raggi, Auguste Dobré, Samba Diara, Lamine Diabaté, et autres Joachim Boni. Il avait renforcé l’unité de la nation et calmé les velléités d’opposition ou de séparatisme.
Aller chercher les membres de la famille du président Gbagbo, en exil pour les mettre sous la protection du président de la république de Côte d’Ivoire est un acte fort que nous attendons tous de cette commission. Mais bizarrement, cela ne viendra jamais de cette commission.
Permettre aux gens qui ont perdu leurs véhicules ou leurs maisons de retrouver leurs biens n’est pas le souci de cette commission. Les plantations de certains paysans sont occupées par des hommes en armes appartenant au groupe ethnique du président de la république, la commission ne lèvera pas le plus petit doigt pour que justice soit rendu au propriétaire. Les FRCI, terrorisent le village d’Ebilassokro dans la région d’Abengourou. La commission n’ouvrira pas la bouche c’est des Agni, ce n’est pas le pays baoulé de Charles Konan Banny.
Les FRCI, rançonnent, pillent, bastonnent, empêchent l’oppositions de tenir le moindre meetings, et braquent les citoyens ivoiriens, la commission n’élèvera pas la moindre protestation et pourtant elle prétend travailler pour la vérité la justice, l’unité et la réconciliation des ivoiriens. On nage là en plein délire dans une immense plaisanterie.
Il y a des gens en Côte d’Ivoire qui pensent que c’est par des concerts de musique avec quelques artistes dont certains sont connus pour leurs relations tumultueuses avec la drogue ou bien des matchs de football qu’on arrivera à faire en sorte que le Lobi, le Koulango, le sénoufo et le malinké se reconnaissent dans un Baoulé, un Gagou, un Attié un Bété, un ébrié, un Dida un Yacouba ou un Guéré.

C’est en réalité aller au devant du ridicule, comme les slogans d’hier sur l’autosuffisance alimentaire, le pays de la tolérance, le pays du dialogue, le pays de l’éléphant d’Afrique. Ou bien le pays de la fraternité. Nous demandons à tout ce petit monde de descendre sur terre pour ouvrir les yeux.

C’est alors qu’ils verront la réalité dans toute sa grandeur. La côte d’Ivoire est un pays ébranlé dans son âme et dans ses racines. C’est alors qu’ils comprendront tardivement peut être ce que nous savons déjà. Que tout cela n’était que des babioles et des pacotilles et rien de sérieux. Car le gouvernement de notre frère le Dr Allassane Dramane Ouattara n’a aucune envie d’évoluer dans une Côte d’Ivoire loin des rancœurs et du tuer pour exister.

Le forum national de réconciliation nationale avait échoué à cause des ambitions des uns et des autres. La commission électorale indépendante fut au cœur du contentieux électoral. La commission nationale de la réforme de l’enseignement n’a rien réformé du tout.

La commission des marchés publics, est là alors que nous savons tous que les marchées sont attribués de gré à gré. Commission nationale d’enquêtes sur les violences en Côte d’Ivoire, commission nationale d’enquêtes sur l’intervention de l’armée au campus de Yopougon etc. On a l’impression qu’en Côte d’Ivoire la commission servent toujours à noyer le vrai problème de société.

Voilà pourquoi nous n’attendons plus rien de ce genre de commissions jusqu’à ce que nos contradicteurs nous prouvent l’efficacité de telles méthodes. Il y a des hommes et des femmes d’une grande intelligence morale et spirituelle dans cette commission. Mais nous doutons de leur réelle volonté de sortir de la paix des vainqueurs.

Un ami retraité des renseignements généraux nous disait hier encore de faire attention car les ambassades ivoiriennes, transmettent les noms des manifestants qui réclament à Paris à Londres à Genève ou à Tombouctou la libération de Laurent Gbagbo.

Il nous demande de ne plus nous prononcer sur la crise ivoirienne, car il y a des risques pour tous ces gens de se faire capturer par la police du Régime Ouattara, s’ils arrivent au pays, car au besoin leurs familles sur place courent des risques de représailles, de la part du pouvoir d’Abidjan et de ses FRCI.

Sans parler pour les autres, nous disons pour ce qui nous concerne, que notre père n’est plus vivant, nous avons une maman malade qui approche les 78 ans et aller l’égorger dans son petit village de la savane ivoirienne fera de nous un fils de la shoah ivoirienne.

Cela nous placera en bonne place dans les rangs des victimes d’un régime criminel. Compter sur nous pour l’exprimer devant les micros du monde entier. La paix à la Mobutu dans laquelle, les lumumbistes ne pouvaient pas exprimer la moindre divergence sans se faire égorger voilà ce que risque la Côte d’Ivoire.

C’est l’occasion ici de rappeler à ceux qui sont frappés d’amnésie et qui par conséquent ont l’esprit très court que, le Shah d’Iran et sa police politique, la SAVAK, avaient utilisé les mêmes méthodes contre les iraniens en exil.
Le Shah Mohammad Reza pahlavi, est pourtant mort en exil à son tour en Egypte le dimanche 27 juillet 1980 à 05heure du matin. Il fut enterré deux jours plus tard au sous-sol de la mosquée Al Rifaï au Caire.

L’Ancien Dictateur Nicaraguayen, Anastasio Somoza Debayle, avait utilisé cette méthode pour persécuter ses compatriotes en exil. Son corps fut criblé de balles. Sa voiture fut pulvérisée et détruite au lance-roquettes par un commando de vengeurs nicaraguayens à l’aube du 17 juillet 1980, dans une rue d’Asunción au Paraguay où il avait trouvé l’asile politique auprès de son ami le dictateur local Alfredo Stroessner.

Amadou Ahidjo, avait surtout utilisé cette méthode contre nos frères et sœurs camerounais qui reniaient son régime despotique de démission nationale. La suite de l’histoire nous la connaissons, il fut condamné à mort par contumace par la cour de sûreté de l’Etat camerounais, il est mort à Dakar au Sénégal le 30 novembre 1989 et y fut enterré.

Nous avons vu des cadres brillants de l’ancien Zaïre végéter en exil, à Paris, à Bruxelles, Genève ou Londres, ne pouvant pas rentrer dans leur pays à cause des persécutions du régime criminel de Mobutu et de son MPR. Par une sorte d’ironie du sort. Mobutu lui-même est mort dans la nuit du 7 septembre 1997 en exil à Rabat au Maroc des suites des complications post-opératoires d’un cancer généralisé de la prostate. Il fut enterré sur place au cimetière chrétien de Rabat.

Curieux destin, en Afrique, en Asie comme en Amérique latine, pour tous ces gens qui sans humilité, côtoyaient et tutoyaient les étoiles et le ciel hier encore devant nous. Il faut donc faire attention aux actes qu’on pose dans le présent. L’histoire est une science qui fonctionne parfois avec des règles qui nous échappent complètement.

Toutes ces fins tragiques doivent nourrir nos méditations quotidiennes pour que le pouvoir politique soit un service pour le bien-être de nos malheureux peuples africains. C’est un vœu et une espérance de la part de ceux de vos frères et sœurs qui pensent qu’on peut gouverner sans tuer ou piller un pays.

Car en définitive, la force, la richesse et la puissance ne garantissent pas une fin heureuse ici bas. Voilà la raison de la méfiance qui nous pousse à ne jamais accorder la moindre attention aux partis politiques, ethniques, tribalistes et infertiles de nos pays africains qui, prétendent féconder le bonheur commun en connaissance du cancer intérieur qui propage leur propre infertilité.

V – Le Mal et le pardon au cœur de l’unité et de la réconciliation

Comme dans toutes les guerres et conflits, la crise ivoirienne a imposé la loi des armes, fortifié les dogmatismes et renforcé les fanatismes. Comme les autres guerres, la tragédie ivoirienne a réduit au silence l’immense majorité des ivoiriens, las de tant de meurtres et des combats fratricides. Ils sont impatients de reconstruire leur avenir.

Dans cette bataille entre l’arme qui asservit et l’opinion bâillonnée, entre le fusil ou la kalachnikov qui tue et la parole ou encore la plume qui dérange, ou qui interpelle, celui qui écrit ces lignes a choisi son camp, celui de ceux qui défendent le vivre ensemble de tous les ivoiriens, l’indépendance et l’intégrité de l’Etat de Côte d’ivoire.

Si cet engagement est incertain, difficile, sans arme et peut-être décourageant. C’est pourtant le seul combat qui vaille, même s’il contrarie des plans belliqueux et dominateurs. Le socle de la Côte d’Ivoire repose sur un dialogue national utile pour favoriser la cohabitation entre toutes les composantes de la nation ivoirienne.
La guerre a peut être pu faire oublier ces vérités. C’est justement parce que les ivoiriens avaient perdu cette exigence de vue que la guerre a été possible chez eux en Côte d’Ivoire. Il faut le dire aujourd’hui sans se cacher que toute politique de division et de partition du pays est désastreuse. Car elle conduira à la résurgence des haines, des intolérances qui conduiront la Côte d’Ivoire dans la tombe.
On ne sort jamais indemne d’une rencontre avec la violence et le meurtre. La vie dans un tel décor de destructions et de désordres, dénature l’homme ivoirien, ses valeurs et pervertit tout un peuple. La puissance obtenue par la force des armes est éphémère et destructrice des vainqueurs du jour dans le temps.
De Somoza au Shah d’Iran en passant par Mobutu ou Ahidjo, la liste est sous nos yeux pour nous indiquer ce qu’il ne faut plus faire ici bas. Dans notre fonction de communicateur et d’observateur attentif de la vie politique de nos malheureux pays africains. Nous nous sommes souvent surpris à penser que l’une des vertus essentielles de l’homme politique devait être le pardon.

Vertu paradoxale, nous le savons en un temps ou s’exerce les passions, ou libre cours est donné à tous les instincts guerriers et ou la violence et le meurtre deviennent le moyen exclusif de l’exercice du pouvoir politique.

En toute lucidité nous persistons à penser et à croire que c’est en sachant pardonner qu’on s’élève au-dessus de soi. Le pardon n’est pas la vertu politique qui consiste à effacer le passé. C’est une qualité indispensable pour préserver les chances d’un avenir commun.
La France et l’Allemagne, sont en cela de grande nations, très loin de la Grèce et de la Turquie qui ont entretenu leurs tentions de générations en générations au point ou un Grecque vous défiera aujourd’hui au couteau si vous le comparez à un Turque.
Il ne s’agit pas selon nous d’oublier le mal, mais de reconnaître que, dans le monde où nous vivons, les relations morales sont plus importantes à préserver qu’une aveugle fidélité au mal dont on était victime hier. Sans aucun doute, dans un jour proche, les différentes communautés ivoiriennes devront reprendre langue.
Elles seront amenées, par nécessité autant que par vertu, à imaginer ensemble un avenir commun. Comment alors ne pas dépasser, les sectarismes, les passions, les radicalismes, les frustrations régionalistes et les rancunes ethno tribales ?
Comment imaginer un avenir commun pour tous les ivoiriens après tant de déchirements, sans que le pardon ne soit érigé au rang d’une exigence politique fondamentale ? Il y a dans le pardon une ouverture déterminante et permanente sur autrui, là possibilité non seulement de se dépasser soi-même mais aussi d’aller à l’essentiel, en négligeant les obstacles à toutes rencontres avec l’autre.

Ne pas pardonner consiste trop souvent à s’enfermer dans ses certitudes, qui ne sont que des vérités personnelles donc partielles et parcellaires. Le refus du pardon en Afrique est considéré communément comme l’expression de la force, de puissance ou du règne logique d’une conviction sûre d’elle-même, confirmée par les faits et la certitude que ceux qui se sont trompés méritent l’oubli ou l’exil. Mobutu était de cette nature et nous savons tous comment il avait fini.
La sagesse de l’homme politique est de comprendre les enjeux de l’histoire et de savoir se diriger dans le brouillard du temps. Comprendre aussi et c’est très important que toute histoire est collective, c’est pourquoi on ne peut la construire qu’ensemble.
Le pardon dans ce sens est selon nous la plus noble des solidarités et ce ne sont nos parents : Désiré Amon Tanoé, Monseigneur Paul Siméon Ahouanan et l’immense Cheick Boikary Fofana, l’Iman de tolérance et de fraternité et du dialogue entre les religions qui, nous contrediront sur ce point.
Ils sont tous membres de la fameuse commission Dialogue, vérité et Réconciliation qui doit conduire les ivoiriens au renouveau sociale, politique et institutionnel. Dans le drame collectif que la Côte d’ivoire a connu, seul le dépassement du mal, le renoncement à la violence, à la vengeance, aux égoïsmes et l’ouverture vers l’autre pourront faire accéder la Côte d’ivoire et son peuple à la paix.
Aller à accra, Lomé, Ouagadougou Cotonou ou Tombouctou pour menacer ses propres compatriotes de mandats d’arrêts internationaux afin qu’ils soient livrés pieds et points liés, urinant sur eux, avec leur excréments en couverture du journal le patriote d’Abidjan. C’est exactement comme le Shah, Somoza, Mobutu et Ahidjo l’avaient fait hier, avec les résultats que nous connaissons.
De tels procédés sont indignes, inopportuns et indécents de la part d’un gouvernement de restauration démocratique qui a le sens de l’honneur. Dans cette phase de l’histoire commune ou le pays cherche à panser ses blessures physiques, psychiques et psychologiques, le pardon doit être le bouclier de la nation.
Notre frère le Dr Allassane ouattara, qui avait été victime de l’ivoirité doit savoir faire la séparation entre humiliation et humilité, c’est une des plus belles manières de comprendre le sens du vent de l’histoire, pour ne pas être un Mobutu dans l’histoire, mais un Nelson Mandela.

VI – Postulat de Conclusion générale

Il y a une dizaine d’année, la Neurologue italienne d’origine juive et prix Nobel de Médecine en 1986. Rita Lévi Montalcini, nous disait que: “la grande différence entre le cerveau humain et celui des autres animaux tient à sa capacité à prédire et à imaginer.”
En Afrique du sud des blancs et des noirs se sont déchirés pour finalement vivre ensemble dans un pays qui est le leur. En Irlande Catholiques et protestants se sont déchirés et cherchent aujourd’hui après tant de larmes et de sang à trouver une sortie honorable vers la porte de la paix. Du Nicaragua au Chili en passant par le Nigeria, le Liberia, la Sierra Leone ou l’Australie les frustrations ont été nombreuses.
C’est la capacité de l’homme et surtout du politique à conduire le peuple comme dans un nouvel exode vers la terre promise que la paix se construit d’abord dans les esprits et dans la vie sociale ainsi que dans la cohabitation quotidienne.
Notre frère le Dr Allassane Ouattara doit faire juger Gbagbo Laurent et son épouse en Côte d’Ivoire. Il doit éviter de se comporter comme le roi Sosso, Soumangourou Kanté, affichant sa cruauté, sa suffisance et son arrogance avant la bataille de Kirina. Il doit libérer Michel Gbagbo et le rendre à sa famille.
Mieux encore il doit mettre la famille de l’ancien président sous sa protection et accompagner l’ancien premier ministre Pascal Affi Nguessan, dans son village à Bouadikro dans la région de Bongouanou et le rendre à ses parents en témoignant devant l’opinion ivoirienne qu’il n’est pour rien dans les maltraitances que celui-ci a subit dans la prison concentrationnaire de Bouna. Voilà des gestes politiques forts pour réconcilier les ivoiriens.
En politique, il y a des initiatives audacieuses capables de modifier le cours des évènements. Nous ne demandons pas à notre frère le Dr Ouattara, d’être Anouar El Sadate à Jérusalem le Samedi 19 novembre 1977. Mais d’être simplement le président de tous les ivoiriens pour rendre la réconciliation possible entre ses propres compatriotes afin de raccorder définitivement l’Etat à la nation.

C’est pour cela que nous demandons au Dr Allassane Ouattara de faire preuve de courage dans la vie politique de la Côte d’Ivoire qu’il veut diriger. À ne pas tuer pour gouverner comme Somoza ou Mobutu. Et surtout à voir loin en commençant par voir ce qui est devant lui.
– Le courage en politique est d’abord une attitude, celle qui consiste à couper court à un enthousiasme démesuré, à rompre avec des peurs collectives, à s’opposer à des rumeurs, à ramener les sujets au niveau qui doit être le leur, en calmant les ardeurs des excités de son propre camp. Car on ne remporte pas une victoire contre la nation, mais avec la nation qu’on veut gouverner.

– Comme vous le constatez les conditions d’émergence et de stabilisation de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire sont donc loin d’être remplies. Il s’agit de les explorer, de les expérimenter dans le mouvement même qui porte les ivoiriens à s’initier à la citoyenneté ; à se délivrer des catégories politiques du bien et du mal.

– À se défaire des opinions définitives et des oppositions tranchées ; à faire l’apprentissage de la diversité et de la tolérance, de la nuance et du compromis sur quelques valeurs essentielles entre ivoiriens ; à vivre en respectant les différences, en acceptant les divergences, en recherchant le consensus sur les équilibres du vivre ensemble et en s’accommodant pour le reste de vérités contraires, d’incertitudes partagées, de majorités et de minorités provisoires, de victoire partielles et de défaites surmontables.

Tels étaient notre lecture et notre propos dans une observation éthologique sur la recomposition de la Côte d’Ivoire contemporaine et la réconciliation nationale aujourd’hui suspendues au dessus d’un volcan.

Que la paix soit un projet d’espérance commun dans le cœur et dans l’âme de chaque ivoirien. Pour sortir la Côte d’ivoire de la paix trompeuse qui, nuit plus gravement que la guerre ouverte.

Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)
Tel. 004179.246.53.53
E-mail : nzinicolas@yahoo.fr

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