Crise ivoirienne: Un film pour dénoncer les souffrances endurées par les Burkinabè
Par Dimitri Kaboré
Bayiri signifie patrie en langue mooré. C’est l’intitulé du dernier long métrage du cinéaste burkinabè Saint Pierre Yaméogo. A travers cette œuvre présentée ce jeudi 10 novembre 2011 à la presse nationale dans la salle du ciné Nerwaya de Ouagadougou, le réalisateur aborde la question brûlante des ressortissants burkinabè chassés de la Côte d’Ivoire au temps fort de la crise de 2002.
Le film se déroule en Côte d’Ivoire au moment où les rebelles des Forces nouvelles tentent –et manquent- un coup d’Etat. Ils se replient dans le nord du pays qui bascule dans le chaos. Les autorités ivoiriennes accusent le Burkina Faso de soutenir les rebelles. Un village ivoirien, où vivent essentiellement des Burkinabè, est attaqué. Les immigrés sont chassés du pays et jetés sur les routes. C’est le début d’un long exil. Biba est séparée de sa mère Zalissa au cours de l’exode vers le Burkina. A la frontière ivoirienne, les rebelles dépouillent les marcheurs de leurs biens. Biba est violée par un chef militaire. Sa mère, quant à elle, parvient à atteindre la frontière burkinabè où un camp de réfugiés s’est progressivement mis en place. Désemparée et sans nouvelle de sa fille, la mère prie Zodo, un bandit de grands chemins, de retrouver Biba moyennant de l’argent. Celui-ci parvient à retrouver la jeune femme dont il tombe amoureux en la ramène au camp. Cette fois, c’est la mère qui a disparu. Suite au viol à la frontière ivoirienne, Biba est enceinte. Elle fait croire à Zodo qu’elle porte son enfant. Contrainte de résider dans le camp de réfugiés le temps de sa grossesse, Biba découvre la réalité des lieux: la solitude, l’errance, la maladie, toutes les souffrances possibles et la mort …
Avec ce film, Saint Pierre Yaméogo met en exergue sur les représailles subies par les Burkinabè au plus fort de la crise ivoirienne en 2002. Il met les rebelles les acteurs de la crise ivoirienne et les autorités Burkinabè dans le même panier dans la gestion de l’opération Bayiri, initiée pour rapatrier les ressortissants burkinabè. Ce film est également appelle tous les Burkinabè vivant à l’étranger à se souvenir de leur mère patrie. Par ailleurs, Bayiri invite aussi les autorités ivoiriennes à tenir compte des Burkinabè de Côte d’Ivoire dans le processus «Dialogue, Vérité, Réconciliation» initié par le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara. Tournée entièrement au Burkina Faso pendant huit semaines, cette fiction de 90 minutes a coûté environ un milliard de francs CFA. Déjà célèbre pour n’avoir pas sa langue dans sa poche, Saint Pierre Yaméogo met, avec Bayiri, le doigt là où ça fait le plus mal.
fasozine.com
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