LIBERIA : Un rendez-vous démocratique manqué

Par Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

Comme prévu, le Liberia a vécu ce mardi une journée électorale dans le cadre du second tour. Mais ce 8 novembre n’avait rien à voir avec ce que l’on a connu le 11 octobre dernier ! Certes, le pire tant redouté ne s’est pas produit. Au moins. Mais la joie et l’espoir du premier tour n’étaient non plus pas au rendez-vous. En fin de compte, la montagne électorale n’aura accouché que d’une toute petite souris. Et la faible participation des Libériens à ce second tour constituera certainement une épine dans le pied d’une Ellen Johnson Sirleaf dont la réélection ne souffre désormais d’aucun doute. Mais entre elle et le leader de l’opposition, c’est plutôt match nul. C’est soit, ils sont tous perdants, soit ils sont tous gagnants. Par contre, la démocratie sera une absolue perdante du peu d’engouement et du climat tendu et délétère qui ont été enregistré hier mardi à Monrovia et dans les autres villes libériennes… 1:29 9-11-2011
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La différence entre le 11 octobre et hier mardi était aisément perceptible. Les files d’attente devant les différents bureaux de vote, n’étaient guère longues lors de ce second tour, contrairement à ce qui avait impressionné tous les observateurs lors du premier tour. C’est dire que l’appel au boycott de Winston Tubman n’avait été totalement boudé. Et pour lui, c’est une forme de légitimité. Ce qui pourrait crédibiliser ses accusations de fraudes. Une situation plutôt embarrassante pour Ellen Johnson Sirleaf et l’ensemble de tous ceux qui avaient conclu que les accusations de fraudes, n’étaient que pure invention de la part du candidat du CDC.

Mais en réalité, cette victoire de Tubman ne sera que relative. Car en véritable politique omnibulée par l’idée de faire ses deux mandats, la présidente sortante ne s’attardera sur ces considérations portant sur sa légitimité ou non. Pour le moment, son objectif est que le calme et la sérénité prévalent jusqu’à ce qu’elle s’installe une nouvelle fois dans le fauteuil présidentiel qu’elle a tant convoité ! Car la décision de son rival d’abandonner la course, ne facilite que davantage sa tâche. Elle va désormais rempiler tranquillement. Pas folle, la vieille ! disent les Guinéens…

Si elle fait preuve d’intelligence, en tirant très tôt les conséquences découlant de ce fiasco électoral, en entreprenant, aussitôt son investiture faite, une démarche auprès du CDC, elle pourra espérer conduire le navire avec le moins de couacs possibles. Une éventualité qui pourrait avoir peu de chance de se voir concrétiser si les accusations de Winston Tubman selon lesquelles, il aurait été victime d’une tentative d’assassinat lors de la répression violente de la mobilisation du lundi dernier, se confirmaient. Mais si elle s’arc-boute sur sa victoire hautement contestable, elle risque bien de regretter de s’être dédite comme elle l’a fait. Car dans les faits, dans le meilleur des cas, elle ne sera présidente que pour une moitié de ses compatriotes. L’autre moitié sera prête à obéir aux ordres que donneraient éventuellement les leaders du CDC. Une menace à ne pas négliger.

En attendant tous ces scénarii, la conséquence immédiate du manque d’entente entre Ellen Johnson Sirleaf et Winston Tubman, on a un relatif échec d’un idéal démocratique. En effet, on est quelque peu déçu que la volonté majoritairement manifestée par les Libériens de prendre part au choix de leur chef n’ait pas été satisfaite. Une faute dont la responsabilité incombe à la fois aux acteurs libériens du processus électoral et à la communauté internationale qui, très souvent, a tendance à penser qu’elle sait mieux que les peuples africains, ce qui est le mieux pour eux. Que les uns et les autres soient prêts à répondre de leurs responsabilités quand l’occasion se présentera.

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