Côte-d’Ivoire législatives: les pro-Gbagbo en rangs dispersés ?

Les élections législatives avancent à grands pas en Côte d’Ivoire où les observateurs et les acteurs politiques attendent la date « fatidique » du 11 décembre officiellement retenue pour le déroulement du scrutin.

Sur le terrain, les réalités sont loin d’être les mêmes dans les états-majors des grandes formations politiques.

Les candidats indépendants et les pro-Ouattara se sont mis au diapason de la date indiquée par la Commission électorale indépendante (CEI) et ont commencé à s’organiser, après avoir déposé leurs dossiers de candidature.

Mais du côté des pro-Gbagbo, les contradictions et la confusion semblent gagner inexorablement du terrain.

CONDITIONS PREALABLES DU CNDR

De manière officielle, le Congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD, coalition pro-Gbagbo) s’était abstenu de déposer des candidatures pour les législatives, estimant que les conditions pour une participation démocratique au scrutin n’étaient pas réunies.

A coups de déclarations, ce regroupement politique avait émis des conditions faisant office de préalables pour leur engagement dans la course aux législatives.

« La situation sécuritaire n’est pas rassurante. Il y a trop d’armes qui circulent. Par ailleurs, la CEI a été réorganisée sans le Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo). Sur 31 membres, pourquoi seulement deux pour le FPI ? », s’était interrogé Augustin Guéhoun, le secrétaire à la communication de ce parti.

« Il faut que la CEI qui est l’arbitre puisse être rééquilibrée », avait renchéri le CNRD, demandant des assurances de la part du gouvernement avant de prendre part aux élections.

Mais la nouvelle prorogation du dernier délai de dépôt des candidatures a réservé bien des surprises.

UNE DIVERGENCE INATTENDUE

Les observateurs de la vie politique ivoirienne ont ainsi vu apparaître une « fracture » interne entre les pro-Gbagbo vendredi.

Quatre partis membres du CNRD ont pris la décision de prendre un chemin divergent de celui retenu par le grand groupe.

« Cela était inattendu car les décisions avaient toujours été prises de manière unanime au sein de ce groupe », a fait remarquer Lazare Boli, membre d’une organisation de la société civile ivoirienne.

Une vingtaine de partisans de Laurent Gbagbo membres de ce regroupement ont ainsi déposé leur candidature pour les législatives, prenant le contre-pied de leur  » hiérarchie ».

« Nous avons obtenu un certain nombre de promesses quant à la libération de nos camarades emprisonnés, la sécurité du CNRD, de nos réunions, le rééquilibrage de la CEI, le dégel des avoirs », avait expliqué le président du parti Cap-Unir pour la démocratie et le développement (Cap-UDD), Gervais Coulibaly.

« Le gouvernement nous a fait la promesse de les régler dès que nous nous serions engagés », avait-il ajouté, pour justifier l’attitude démarquée de ces candidats.

LES UNS DÉNONCENT L’EMPRESSEMENT DES AUTRES

Réagissant à cette action, le président intérimaire du FPI Sylvain Miaka Oureto a dit avoir pris acte de cet état de fait, mais a dénoncé « l’empressement » des « autres ».

« Leur attitude donne l’impression qu’il y a des partis qui veulent faire une défiance à l’autorité de l’Etat, ce qui n’est le cas », a-t-il énoncé, soulignant que le FPI s’inscrit dans le processus de réconciliation, et demande simplement un certain nombre de choses pour des élections apaisées.

Ces pro-Gbagbo pourraient ainsi déposer leurs candidatures et aller aux élections, si des gestes comme la libération de leur leader et des cadres est consentie par le Pouvoir.

Ils pourraient ainsi rejoindre ceux qui ont déjà déposé leurs dossiers dans le délai et qui sont déjà assurés de participer à la course.

Au delà ce de départ en rangs dispersés, une autre problématique et non des moindres demeure dans ce « puzzle », de l’avis de certains observateurs.

Si l’aboutissement du dialogue républicain, notamment l’acceptation du FPI de prendre part aux élections constitue la question fondamentale, il y a lieu selon eux de s’interroger également sur la possibilité de fixer un nouveau délai pour leur permettre de déposer leurs documents, sans menacer la date du 11 décembre.

« La date du 11 décembre est immuable », avait prévenu le porte-parole de la CEI Yacouba Bamba.

Le président ivoirien Alassane Ouattara avait lui-même réitéré l’engagement du pays à organiser les élections législatives à la date du 11 décembre.

L’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a pour sa part souhaité beaucoup plus de participation possible au scrutin au niveau des candidats et au niveau des électeurs.

Les jours à venir détermineront ainsi le niveau de participation des candidats pro-Gbagbo.

Il s’agira soit de la vingtaine d’inscrits qui leur donnerait une très faible représentativité au Parlement, soit d’un nombre plus important de candidats, si des compromis politiques et techniques sont obtenus.

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