Selon l’agence Reuters, les principaux bailleurs de fonds de la Côte-d’Ivoire sont en pourparlers avec M. Alassane Ouattara, pour l’exhorter à élaborer un plan de réformes devant transformer son armée hétéroclite formée de soldats indisciplinés et d’anciens rebelles en une force armée professionnelle.
Un diplomate occidental impliqué dans les pourparlers a ainsi déclaré que les bailleurs de fonds veulent voir Ouattara accélérer d’une part le mouvement d’intégration dans l’armée régulière d’un certain nombre de rebelles d’autre part le désarmement et la démobilisation du reste.
L’insécurité reste toujours le casse-tête pour Ouattara six mois après que les hélicoptères et les bombes de la licorne et de l’onuci l’aient placé à la tête de la côte d’ivoire. Les derniers évènements survenus à Abidjan ne contribuent pas à lui donner une grande sérénité. La dernière fusillade d’Agban et l’attaque du convoi de Sheriff Ousmane dans le bastion des rebelles au nord en témoignent.
Pour les bailleurs de fonds donc, la réforme des forces armées ivoiriennes est essentielle pour la stabilité de la Côte d’Ivoire.
Le couple Ouattara/Soro paye cependant la facture du chaos qu’ils avaient intentionnellement organisé pour donner du fil à retordre aux forces loyalistes, dans leur stratégie de conquête du pouvoir. Il faut rappeler que d’un côté les combattants de M Ouattara avaient saccagé les commissariats de police, d’un autre côté, des armes avaient été données à n’importe qui et particulièrement à des ex-prisonniers fraichement délivrés de leurs geôles, par les hommes de Ouattara. Aujourd’hui ces hommes parmi lesquels se trouvent de nombreux bandits libérés sans jugement, se servent des armes de guerre pour «racketter» la population, voler, braquer et tuer. En effet, pour beaucoup d’entre eux il n’est pas sûr qu’ils reçoivent l’argent qu’on leur avait promis. Les armes qui leur ont été données constituent donc leur ultime garantie de remboursement et leur moyen de vivre.
La reforme exigée par les bailleurs de fonds a déjà du plomb dans l’aile parce qu’elle met M. Ouattara devant des exigences contradictoires qu’il va avoir du mal à surmonter.
Ouattara est d’abord l’otage de ses soldats de fortune qui refusent de désarmer tant qu’ils ne recevront pas le salaire promis. Les désarmer complètement demeure une gageure. Ces hommes trop contents de posséder parfois plusieurs armes de guerre livrent au désarmement le matériel le plus obsolète et tiennent bien cachées les armes les plus sophistiquées. Il ne serait pas étonnant de voir une recrudescence des braquages à l’arme de guerre dans la décennie à venir.
Ouattara est ensuite l’otage des chefs de guerre qui l’ont aidé à conquérir le pouvoir. Pourra-t-il les livrer à la CPI sans ébranler fatalement la branche sur laquelle il est assis? Pour ceux qui ne sont pas sous la menace de la CPI pourra-t-il les convaincre à se reconvertir.
Ouattara est aussi l’otage de l’armée régulière qui voit débarquer en son sein des sans-grades, devenus au bénéfice de l’anarchie de la guerre civile des « commandants ». Il faudra unifier les grades pour la nouvelle armée. Ce qui fait grincer déjà beaucoup de dents.
Ouattara est encore otage de son premier ministre Soro guillaume qui a tout comme son mentor beaucoup de sang innocent sur les mains. Il a besoin le plus longtemps possible d’une situation qui lui assure une certaine immunité.
Ouattara est finalement otage de ceux qui l’ont porté au pouvoir et qui se montrent désormais impatients devant la lenteur du retour de la sécurité à Abidjan.
Certains ont peut-être eu la faiblesse de croire qu’on pouvait semer le vent sans se prendre une tempête en pleine figure, qu’on pouvait déverser dans les rues des prisonniers avec des armes de guerre en prime et comme seul recommandation qu’ils en fassent un « sage » usage, sans mettre en péril la sécurité du pays.
Les bailleurs de fonds sont devenus très pressants. M. Ouattara devra donc mettre les bouchées doubles pour récupérer le maximum des armes de guerres qu’il a très généreusement distribués sur toute l’étendue du territoire.
Par R. Picault
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