Le port d’Abidjan, le fer de lance du commerce extérieur ivoirien

ABIDJAN (Xinhua) – L’ouverture de la Côte d’Ivoire sur la mer favorise à plus d’un titre les échanges commerciaux avec le reste du monde.

Le port autonome d’Abidjan se présente ainsi comme un puissant instrument économique à même d’apporter un souffle au pays, notamment dans un contexte de crise financière mondiale.

Cette crise qui a démarré en 2008 avec le problème des subprimes, continue de faire l’actualité en frappant de nombreux pays du monde.

La précarité de l’économie mondiale est une réalité, et l’on note une accentuation de la crise dans des continents comme l’Europe.

Quant aux économies naissantes, elles font face à une forte pression de l’inflation monétaire.

“Sur le plan économique, tout le monde est actuellement touché, à des degrés divers. L’impact sur la vitesse du développement économique est réel c’est-à-dire qu’il y a un ralentissement”, soutient Kacou Tiémélé, enseignant d’économie appliquée dans une école supérieure d’Abidjan.

UNE FENETRE SUR LE MONDE

Pour des experts, chaque pays se trouve en quête d’une bouffée d’oxygène économique à travers le développement corsé d’un secteur d’activité donné.

L’activité portuaire se trouve dans cette dynamique, et la Côte d’Ivoire ne demeure pas en reste avec notamment le port d’Abidjan, qui apparait comme une fenêtre ouverte sur le monde en matière d’importation et d’exportation.

Selon des sources proches de l’administration portuaire, le port autonome d’Abidjan a enregistré au terme de son exercice 2010 un trafic total de marchandises 24, 016 millions de tonnes.

Il s’agit en général des produits pétroliers, des marchandises générales, des produits agricoles avec l’existence d’un quai fruitier en pleine rénovation et des produits de pêche.

Toutefois, ce trafic est en baisse de 0,1 % par rapport à celui de l’année précédente qui était de 24,034 millions de tonnes.

LA CRISE : QUEL IMPACT ?

Assurément, la crise socio politique qu’a traversée la Côte d’Ivoire a eu une influence sur la performance du port d’Abidjan. Mais, dans la même période, le pays, tout comme la plupart des autres dans le monde, fait aussi face à un autre type de crise, la crise financière.

De manière globale, l’impact de la crise financière internationale semble tout de même avoir été limité sur l’économie ivoirienne dont le port d’Abidjan est l’un des principaux piliers.

Mais pour l’année 2010, les réalités sont moins positives. Le taux de croissance économique prévu initialement à 4 % a été ramené à 3 % en raison de la crise de l’énergie et des tensions politiques liées au processus électoral.

A en croire des sources proches de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, l’exposition au marché extérieur est le principal mécanisme par lequel la crise financière internationale a affecté les entreprises en Côte d’Ivoire. Les grandes entreprises au coeur du trafic portuaire déclarent avoir subi de fortes baisses de leurs chiffres d’affaires réalisés à l’exportation, ce qui explique la baisse des commandes.

Aujourd’hui (en 2011), le port autonome d’Abidjan semble se trouver dans une situation reluisante, en dépit des mois de turbulence liés aux événements post-électoraux que le pays a vécus.

Ce port n’a pas fait l’objet de pillages au plus fort du chaos qui a régné à Abidjan lors de l’assaut donné par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (ex forces pro-Ouattara) contre la résidence de l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo.

Dès le retour au calme, les nouvelles autorités ivoiriennes ont appelé à une reprise immédiate des activités portuaires.

Les navires ont ainsi repris les rotations, ce qui a permis d’écouler les stocks de marchandises qui étaient entreposées sur le site portuaire.

C’est aussi le lieu d’indiquer que les sanctions qui frappaient le port d’Abidjan (un embargo imposé par l’Union européenne) ont été levées peu avant le dernier assaut sur Abidjan, ce qui a occasionné une reprise en force des activités portuaires.

“Le port d’Abidjan représente aujourd’hui 90% des échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire, 70% des activités industrielles du pays, plus de 85% des recettes douanières qui constituent plus de 60% du budget général de l’Etat, et plus de 40 000 emplois directs et indirects”, précisent d’autres sources, notant que ce port à vocation sous- régionale a montré au cours des dix dernières années marquées par la crise, sa capacité à améliorer continuellement la qualité de ses services pour atteindre des niveaux de trafics exceptionnels.

“Nous sommes passés d’une moyenne d’un navire par jour, pendant la deuxième quinzaine du mois d’avril à une moyenne de six navires par jour actuellement”, confiait récemment à la presse le Directeur général du port d’Abidjan Sien Hien.

Le port d’Abidjan est de manière récurrente présenté comme le ” poumon économique” de la Côte d’Ivoire, et le pays maintient ses relations avec ses partenaires commerciaux.

Selon des statistiques officielles réalisées en 2007, les principaux fournisseurs de la Côte d’Ivoire sont le Nigéria, avec un taux de 29,5 %, la France (16,8 %), la Chine (6,9%), et la Belgique (3,5 %).

MOTEUR DU COMMERCE SINO IVOIRIEN

La Chine occupe une place importante dans le commerce sino- ivoirien, par le canal du port d’Abidjan.

Les marchandises en provenance de Chine sont variés, et vont des produits vestimentaires aux outils de quincaillerie en passant par les éléments de décoration, des jouets aux machines en passant par des produits de téléphonie et d’électronique.

“Les principaux produits importes en provenance de Chine sont le matériel électrique, les machines, les céramiques, les verres, les pierres, le riz semi blanchi, le fer, la fonte acier, le coton, le caoutchouc, les fibres textiles hors coton”, précisent les professeurs Roche Séka et Clément Kouadio du Consortium pour la recherche économique en Afrique(CREA).

A en croire ceux-ci, auteurs d’un rapport publié en 2008 sur les relations économiques entre la Chine et la Côte d’Ivoire, le montant total des importations de la Côte d’Ivoire en provenance du reste du monde répartis était d’environ 5 822 millions de dollars il y a cinq ans, dont 52 % venant de l’Europe, 25,7 venant des autres pays d’Afrique, 8,2 % venant des pays du continent américain (dont 5,3 % des Etats-Unis), et 13,5 % en provenance des pays d’Asie (dont 3,2 % pour la République populaire de Chine).

“Les exportations de la Côte d’Ivoire vers la Chine sont passées de 7 108 582 dollars en 1995 à 106, 62 millions de dollars en 2006, les produits les plus exportés étant le pétrole et le coton en masse. Au niveau des importations, le montant total des produits chinois consommés en Côte d’Ivoire s’est chiffré à 23 257 370 dollars”, ont-ils révélé.

DE BONNES PERSPECTIVES

De l’avis de certains observateurs, les perspectives sont bonnes et la Côte d’Ivoire est une “perche” en matière d’affaires et d’investissement. Ils soulignent par ailleurs que les compagnies chinoises ne devraient pas manquer de relever des défis tels que celui de l’emploi.

Pour Roche Séka et Clément Kouadio, la Côte d’Ivoire se présente de manière effective comme une opportunité pour les sociétés chinoises qui pourraient investir davantage.

“La Chine peut compter sur la Côte d’Ivoire en ce qui concerne le ravitaillement en pétrole et autre matière première comme le coton brut et le cacao”, ont-ils suggéré.

Tout comme les autorités ivoiriennes les experts se réjouissent du renforcement “ces dernières années” des relations de coopération entre la Côte d’Ivoire et la Chine.

Pour ceux-ci, le dynamisme et la montée en puissance de la Chine sur les plans économique et diplomatique peut servir de leçon aux pays africains en développement au regard des progrès exceptionnels de la Chine qui était il y a quelques années, en voie de développement.

Commentaires Facebook