Un vent de panique souffle en ce moment au sommet de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), suite à une annonce probable d’appel à candidature pour le poste de directeur général. Ce projet, selon nos sources, trouble déjà le sommeil du directeur général par intérim, Aka Sayé Lazare, à qui il est reproché de ne pas être un homme fiable et de ne pas être «un ex-combattant». Le journaliste, qui a été parachuté à ce poste, en août dernier, par Alassane Dramane Ouattara, frissonnerait face à la volonté du conseil d’administration présidé par Brou Aka Pascal de ne pas le confirmer automatiquement. Alors qu’il attendait donc que son décret de nomination soit signé, c’est la désillusion chez lui. Aka Sayé serait encore plus tétanisé par le fait que ce Conseil décide de lancer un appel à candidature pour mettre son fauteuil en jeu. Il a d’autant la trouille que c’est son rival et prédécesseur, limogé pour «incompétence», qui va faire appliquer cette décision de «bonne gouvernance». Et que, derrière cela, pourrait se cacher l’esprit d’une bonne vengeance de la part de Brou Aka dont le malheur faisait le bonheur d’Aka Sayé Lazare qui, dit-on, y serait pour quelque chose.
Le nom de Jean-Philippe Kaboré revient souvent sur les lèvres
Mais quand on sait que, depuis le début de son règne, le nouveau régime Ouattara ne fait que multiplier des déclarations de bonne intention, il y a lieu de se demander si le Premier ministre Guillaume Soro, qui a annoncé le changement à la Rti, lors de sa récente visite dans les ex-zones Cno, ira jusqu’au bout de sa logique. Si cela devait se réaliser, pour certains observateurs, il ne faut pas se laisser prendre au piège d’un appel à candidature pour le poste de directeur général de la Rti. Car le siège aurait déjà été promis, comme à la Fif, à un artisan de la guerre ivoirienne qui a propulsé au pouvoir Alassane Ouattara : Jean-Philippe Kaboré dont le nom revient souvent sur les lèvres. Le fils d’Henriette Dagri Diabaté, bras droit d’Alassane Ouattara et Grande chancelière de la République, a l’avantage d’être le père de la Tci, la télévision pirate et propagandiste logée au Golf Hôtel et qui servait d’instrument de communication lors de la sanglante présidentielle de fin 2010.
Il est donc à craindre qu’il ne s’agisse d’une ruse de la part du pouvoir pour donner l’impression qu’il veut respecter une préoccupation lisible dans tous les accords politiques sur la crise ivoirienne : la bonne gouvernance. L’Union européenne (Ue), qui tient à l’application de cette disposition avant de continuer ses décaissements en vue de les accompagner, ne devrait pas fermer les yeux sur cette parodie d’appel à candidature qui se prépare. Et le fait qu’on tarde à rendre publics les termes de référence de cet appel d’offre ne fait que renforcer les suspicions sur le manque de transparence qui enveloppera l’opération.
Et la priorité ?
Par ailleurs, il faut se demander pourquoi ce régime prétendu libéral ne fait plus de la libéralisation de l’audiovisuel une priorité, alors qu’Alassane Ouattara et le Rdr, du temps où ils étaient dans l’opposition, avaient appelé à ce changement de tous leurs vœux. La Côte d’Ivoire a mal.
Schadé Adédé
schadeci@yahoo.fr
Notre Voie
Commentaires Facebook