17 ans du RDR – Amadou Soumahoro (Secrétaire général du RDR): « Nous avons connu une lutte impitoyable »

Le Patriote

Le 17ème anniversaire du RDR coïncide avec l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir. Je suis animé par un sentiment de fierté et de bonheur mais en même temps, je ne peux oublier les morts, les mutilés, les démunis. Nous avons connu une lutte atroce, impitoyable dans la vie du RDR. Aujourd’hui, je pense aux grands hommes qui ont traversé toutes les intempéries et qui ont pardonné. Au nombre de ceux-ci, il y a le Président Alassane Ouattara qui a pardonné et aujourd’hui, il est le Président de la République de Côte d’Ivoire. Je prie pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix, le développement et que dans quelques années, elle soit citée parmi les pays émergents. Je suis convaincu que dans les cinq ans à venir, comme il a promis aux Ivoiriens, Ouattara changera la Côte d’Ivoire. Nous n’oublions pas Djéni Kobina. Djéni, c’est la conscience collective de notre Parti. Oublier Djéni, c’est oublier notre conscience. Nous rendons hommage à Djéni. Il n’y a pas un seul meeting du RDR où le nom de Djéni n’est pas cité. A l’occasion de ce 17ème anniversaire, nous prévoyons des festivités à son honneur.

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Alassane Ouattara : l’aboutissement d’un combat

1er Août 1999. Le Parc des sports de Treichville abrite, certainement depuis qu’il a été bâti, un événement majeur. Le RDR y tient son tout premier congrès ordinaire. Toute la commune est prise d’assaut par des Ivoiriens venus des quatre coins du pays pour suivre cet événement grandeur-nature. A l’issue des travaux, Alassane Ouattara qui venait de démissionner de ses fonctions de Directeur général adjoint du Fonds Monétaire international (FMI) est élu président du RDR, la formation politique qui a été créée cinq années plus tôt. Le nouveau président accepte de conduire le parti à la grande satisfaction de tous. Il accepte tout aussi d’être le candidat dudit parti à la présidentielle de l‘année suivante. Il l’a d’ailleurs signifié aux dizaines de milliers de partisans qui ont effectué le déplacement au Parc des sports de Treichville: «Vous m’avez demandé d’être votre candidat pour l’élection de l’an 2000. J’accepte. Je mesure l’importance de la décision que je prends. Je l’assume totalement en pleine conscience de ma parfaite éligibilité eu égard aux documents en ma possession sur les conditions requises en matière de nationalité, de filiation et de résidence (…) Je suis Ivoirien et en tant qu’Ivoirien, je réponds à votre appel. Comment aurais-je pu participer aux élections de 1990, si je n’avais pas ma carte nationale d’identité? Comment aurais-je pu être désigné vice-président de la BCEAO avec l’accord du Président Félix Houphouët-Boigny en 1982, si je n’avais pas une carte nationale d’identité? Comment le père de la nation pouvait-il permettre à quelqu’un de parrainer la sortie des promotions de la gendarmerie, de la police et de l’armée, s’il n’est pas ivoirien?» ADO répondait ainsi à tous ceux qui alimentaient un débat puéril et inutile sur sa filiation et sa nationalité. Car justement, il a fallu qu’il accepte de participer au débat politique pour que certaines personnalités le traitent de tous les noms. Depuis lors, le président du RDR a eu maille à partir avec les pouvoirs successifs. Humiliations, intrigues, accusations non fondées, tout y est passé. La cerise sur le gâteau des tracasseries subies par l’ancien DGA du FMI? L’accession au pouvoir en 2000, du régime des Refondateurs. Pourtant, quelques mois seulement après sa formation, le RDR et le FPI avaient formé une alliance dénommée, le Front républicain. Ces deux formations politiques avaient même signé un pacte commun.

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On comprend mal, pourquoi c’est sous le régime de ce parti que le RDR a connu les pires atrocités, faites de violations des droits de l‘homme, de massacres de ses militants et son président a échappé à un assassinat le 19 septembre 2002, aux premières heures de l’éclatement de l’ex-rébellion. Parce que partisans de Ouattara, des Ivoiriens ont été tués. N’ayant pas pu avoir leur mentor, les dirigeants du FPI ont versé leur dévolu sur les militants et autres sympathisants du RDR. En tout état de cause, les militants en général et leur président en particulier, ont bu jusqu’à la lie, le calice amer de la répression sous Gbagbo. Mais Alassane Ouattara a la carapace dure. Face à toutes ces tentatives dignes du moyen âge, il a vécu et survécu. Il est resté digne dans la douleur et l’humiliation. Le pouvoir s’est rendu compte qu’il avait affaire à du roc. Il a alors sorti son joker. L’acte qu’aucun être humain ne peut supporter, tant l’ignominie le dispute à la bestialité: l’exhumation de la dépouille mortelle de la mère d’ADO, Hadja Nabintou Cissé. Partie pour ce voyage de non retour le mercredi 30 Novembre 2005 à Abidjan à l’âge de 85 ans, son corps été exhumé par des individus après l’inhumation le jeudi 8 décembre, en présence du président du RDR qui a regagné la capitale cinq jours plus tôt, soit le dimanche 3 décembre pour prendre part aux obsèques de sa mère. L’acte a choqué le monde entier. «Abomination des abominations. Sacrilège des sacrilèges. Dans l’entendement humain, personne ne peut expliquer, encore moins comprendre la portée d’un tel acte. Un corps inhumé qui est exhumé au bout d’une dizaine de jours sans raison apparente. Hadja Nabintou Cissé épouse Ouattara, mère du président du RDR, décédée le mercredi 30 novembre dernier, a connu une seconde mort. Des individus sans foi, ni loi, armés jusqu’aux dents, ont fait revivre la douleur à la famille Ouattara et Cissé,» relate non sans émotion, un confère de la place. En un mot comme en mille, Alassane Ouattara a vu et vécu ce qu’aucun homme politique ivoirien, n’a vu et vécu. Mais, c’est Djéni Kobina qui avait trouvé la formule adéquate. «Seuls les travailleurs de la nuit, connaissent les splendeurs de l’aurore». Après des années d’humiliation, ADO est élu président de la République à l’issue d’un scrutin démocratique en 2010. La leçon? Il appartient à chacun de la tirer. Mais elle se trouve dans ce proverbe bien connu. «Les gouttes d’eau qui tombent une à une, parviennent à briser le plus dur des rochers».

Yves-M. ABIE

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