Qu’est-ce-qui vous fait dire que ce sont les mercenaires de Gbagbo ? A cette question posée par Fraternité Matin, le lieutenant Ya Roger des Forces Républicaines de Côte-d’Ivoire apportera la réponse suivante: « Ils avaient des armes sophistiquées. Ils ont été identifiés par certaines de leurs victimes. Ce sont pour la plupart des jeunes de la région et des mercenaires parlant anglais »
Par Louty Guégouhin (L.G.) | Connectionivoirienne.net
En route pour Zriglo, un des villages attaqués dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 septembre 2011
A Taï, il n’y-a pas de réseau électrique (non rattaché au réseau national), pas d’eau courante et pratiquement pas de voies bitumées. Il ne faut pas moins de 6 heures pour parcourir les 36 km séparant Zriglo de la ville de Taï. Une route boueuse et fortement dégradée en ces temps de pluie. Le voyage commence dans un véhicule de type 4×4, se poursuit en tracteur [vous avez lu, tracteur agricole] et se termine à motocyclette. Tellement la piste est impraticable. C’est une région nous dit-on avec de grosses exploitations d’Hévéa, avec beaucoup de cours d’eau et abondamment arrosée durant la saison des pluies.
Attaque
Des premiers témoignages qui nous sont ramenés. Les assaillants de la semaine dernière connaissaient les lieux des attaques. L’attaque ne s’est pas effectuée à l’aveuglette. Les domiciles de personnes considérées comme aisées [riches] ont été ciblés. Identifiés d’avance. C’est ainsi que principalement de l’huile, du riz, du savon, du pétrole, des cube-magis, des piles, des oignons, du sel, du lait, de l’argent etc…ont été emportés. Les assaillants ont eu tout le temps de fouiller les cases et domiciles qu’ils souhaitaient. Certains propriétaires ou leurs employés et membres de famille qui voulaient s’opposer ont été abattus. Les attaques ont démarré entre 1 heure et deux heures dans la nuit du jeudi au vendredi. Les premiers renforts FRCI partis de Para sont arrivés à 9H sur les lieux, le 2e renfort venu de Taï plus proche arrivera tard, à 16H dans l’après-midi du vendredi.
« Plan Marshall » pour le Grand Ouest ivoirien
Des mercenaires pro-Gbagbo ont été cités comme les responsables de l’attaque. Nos sources sur place parlent plutôt en terme d’ex mercenaires ou carrément de voyous criminels et bandits encore en armes, vu les différentes guerres dans la région depuis décembre 1989. Ces (ex) mercenaires ou (ex) rebelles traqués des deux cotés de la frontière et retranchés dans cette zone difficilement accessible, cherchaient de quoi se mettre sous les dents. Nos interlocuteurs nous font remarquer que seule de la nourriture a été emportée, ainsi que de l’argent soutiré de forces. Les attaques ont duré 3 à 4 longues heures, les premiers renforts sont arrivés 5H plus tard, après le départ des assaillants. Ceux qui ont attaqué pouvaient faire un carnage dans les villages visités, tuer tous les habitants et repartir tranquillement. Ils avaient aussi tout le temps de tendre des embuscades meurtrières aux renforts FRCI, qu’ils savaient en route vers une zone qui leur est inconnue. Et pourtant, une fois en possession de ce qu’ils recherchaient, nourriture et argent, les quidams se sont repliés laissant les populations avec les morts et blessés, seules derrières. Le bilan officiel parle de 23 morts. Les survivants attendront 4H avant d’apercevoir les premiers renforts venus de Para [80 à 100 km éloigné plus au sud]. Ces premiers éléments seront rejoints par les renforts de Tai [36km] vers 16H dans l’après-midi.
Il faut pour cette région selon nos contacts sur place : « un réel plan-Marshall pour tout l’ouest. D’Odienné à San-Pedro avec un accent particulier sur la zone Duékoué, Toulépleu, Guiglo, Taï, Tabou. Il faut construire des infrastructures [routes bitumées, raccordement au réseau électrique national, usines, écoles etc.] sans quoi, même des milliers de militaires ne pourront rien résoudre ici. Sur quelles voies faire des patrouilles, si pour parcourir 36 km il faut 6 heures avant de terminer le voyage à motocyclette ? Seuls ces infrastructures et le développement de cette région pourront faire reculer la criminalité transfrontalière. Sans ces dispositions, le langage guerrier ne résoudra rien dans cette zone perdue et délaissée »
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