Côte d’Ivoire: « Les auteurs du putsch de 1999 lavent Ouattara de toute responsabilité »

En 1999, en tant que journaliste au quotidien « Le Jour », Joachim Beugré est un témoin-clé des turbulences qui agitent son pays. Une période sur laquelle il revient dans son livre-enquête « Côte d’Ivoire : coup d’État de 1999. La vérité enfin ». Qui sont les « jeunes gens » responsables du putsch, quelles sont leurs motivations, leurs rapports avec le chef de la junte qu’ils portent au pouvoir, le général Robert Guéï ? Interview.

Vous présentez le sergent Souleymane Diarrassouba comme le cerveau du coup d’État de 1999 en Côte d’ivoire alors que c’est plutôt le nom du Sergent Ibrahim Coulibaly qui se murmure lorsqu’on parle des vrais auteurs du coup…

Joachim Beugré (en photo, ci-dessous) : Il y avait 3 groupuscules qui ont fini par se rencontrer et qui ont décidé de fusionner. Il y avait le groupe de Souleymane Diomandé dit « La Grenade » ; il y avait également celui mené par Aboudramani Ouattara dit « L’enfant de Kong » et enfin, le groupe d’Ibrahim Coulibaly dit « IB ». Le meneur était le sergent Souleymane Diarrasouba, dit aussi « Vieux Lion », qui était le plus charismatique, le plus stratège et le plus organisé du groupe. C’était un sergent du corps d’élite qu’était la Force d’intervention rapide des para-commandos. Bien que sous-officier, il était formateur à l’École de police. Aujourd’hui encore, on peut constater le charisme et le sens de l’organisation de « La Grenade » sur le terrain militaire. Cherif Ousmane, Gaoussou Koné dit « Jah Gao » et Coulibaly Ousmane dit « Ben Laden », qui étaient des éléments de « La grenade » sont reconnus pour être les plus organisés des chefs militaires.

Comment expliquez-vous le fait que les auteurs du coup d’État de 1999 soient également ceux de la rébellion de 2002

En 1999, leur mobile était la crise identitaire. Ils étaient tous des sous-officiers de la même ethnie du nord de la Côte d’Ivoire. Ils estimaient que leur communauté ethnique et religieuse était brimée par le régime de Henri Konan Bedié. Ils constataient que Bedié, avec son concept d’ivoirité, divisait plus qu’il ne bâtissait une nation et ils ont alors décidé de le renverser pour installer des hommes qui seraient plus soucieux de bâtir une véritable nation et d’instaurer la démocratie. Et si en 2002 ils ont tenté de renverser Laurent Gbagbo, c’est parce qu’ils ont constaté les mêmes dérives identitaires.

Le livre lave Alassane Ouattara de tout soupçon quand à une éventuelle participation à ce coup d’État…

Ce n’est pas le livre qui blanchit Ouattara, ce sont les auteurs eux-mêmes qui disent, dès le 28 décembre 1999, qu’il ne leur a été d’aucun soutien, ni moral, ni financier dans la préparation et dans l’exécution de ce coup. Aboudramani Ouattara qui reconnaît avoir approché Ibrahim Ouattara, le frère d’Alassane Ouattara, explique clairement que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent. Toutefois, je reconnais qu’Alassane Ouattara leur a servi de terreau fertile pour mener leur coup d’État puisqu’ils voyaient tous Ouattara comme le porte-flambeau du Nord. Malgré la sympathie qu’ils avouent tous avoir pour Ouattara, c’est le général Guei qu’ils ont décidé de porter à la tête de l’État.

Mais en septembre 2000, ils sont accusés d’avoir tenté de renverser Robert Guei. C’est le « complot du Cheval blanc » sur lequel vous revenez dans l’ouvrage.

Ils accusaient Robert Guei de haute trahison en décidant de se présenter à l’élection présidentielle suivante. Le projet a échoué et Souleymane Diomandé et Aboudramani Ouattara y ont laissé leur vie. Dans une interview, le premier était clair : « si le général Guei s’accroche au pouvoir pour semer la dictature et la division, il sait ce qui l’attend »

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Propos recueillis par Edwige Hardmong, à Abidjan

Côte d’Ivoire : coup d’État de 1999. La vérité enfin, Joachim Beugré, les Éditions du Cerap, Abidjan 2011, 220 pages.

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9 ans après sa mort, L’Udpci se souvient de Robert Guéï

La direction de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) n’a pas voulu manquer le rendez-vous. Hier, à la faveur du 9e anniversaire du décès de son premier président et fondateur du parti, les responsables et quelques militants du parti arc-en-ciel se sont retrouvés pour prier pour le repos de l’âme du disparu. C’est le siège du parti, aux Deux-Plateaux, qui a abrité la cérémonie d’hommage et de recueillement. « Nous sommes réunis pour honorer la mémoire de Robert Guéï. Je vous invite à prier pour le repos de son âme, et pour la Côte d’Ivoire, pour la consolidation des acquis », a exhorté Albert Toikeusse Mabri, l’actuel leader du parti. Il n’a pas manqué de saluer la détermination des militants qui sont, selon lui, restés debout malgré ce coup fatal qui a été porté au parti aux premières heures de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002. Et, tout en réaffirmant la nécessité de faire la lumière sur l’assassinat de Robert Guéï et de plusieurs membres de sa famille, Albert Toikeusse Mabri a invité les militants à maintenir allumée, la flamme militante. « Nous devons surmonter la tristesse, relever les défis qui nous attendent et faire de l’Udpci un parti capable de gouverner dans la paix », a recommandé l’héritier de ‘’Bob’’.

M.D.
Nord-Sud

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