le FPI en Europe donne de la voix: « Le parti doit rester ferme sur ses principes et exigences »

Par leur ampleur et leurs conséquences, les évènements qui ont marqué la crise post-électorale en Côte d’Ivoire resteront sans conteste les plus tragiques et les plus douloureux que notre pays a connus depuis les indépendances.
La Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays totalement défiguré, un État disloqué et désorganisé, une nation fracturée et profondément minée par des maux de tous ordres qui compromettent dangereusement la reconstruction nationale et l’avenir de plusieurs générations.
Disons-le tout de suite : Devant la multiplicité et la complexité des tâches qui s’imposent pour une normalisation rapide et une véritable relance de la vie politique, économique et sociale du pays, il appartient avant tout aux nouvelles autorités de prendre conscience des nombreux enjeux et de mettre en oeuvre des actions concrètes en prenant en compte les positions du FPI sur les principales questions :

I- La Restauration de la Sécurité

De mémoire d’Ivoirien, jamais l’insécurité n’a atteint le niveau et les proportions que connaît actuellement notre pays depuis les douloureux évènements du 11 avril 2011.
La terreur et la psychose s’étendent partout. Pire, le sentiment d’insécurité est renforcé chaque jour par l’inertie totale et la duplicité criarde des nouvelles autorités qui jusqu’à présent ont fait preuve d’une incapacité notoire et d’un manque de volonté réelle dans la mise en route d’une justice indépendante, impartiale et équitable contre tous les auteurs des exactions.
Une hostilité agressive et meurtrière continue en effet d’être constamment orchestrée contre les libertés et les droits fondamentaux de la personne humaine, générant partout et de manière permanente la peur et la méfiance au sein des populations ivoiriennes.
Les poursuites intempestives, les arrestations arbitraires, les détentions abusives, les exécutions extra-judiciaires, les viols, les mutilations et les humiliations continuent d’être le lot quotidien des militants FPI et de tous les partisans du Président Laurent Gbagbo pendant que très curieusement et malgré les nombreuses preuves irréfutables qui les accablent, certains éléments des FRCI et certains membres du RHDP restent intouchables.
Le nombre des réfugiés ne cessent d’augmenter dans les pays voisins. Ceux qui en sont revenus repartent après avoir découvert les cruelles réalités du terrain.
Il va sans dire que l’insécurité généralisée a aussi de graves conséquences économiques. Les entreprises sont pillées et ferment les unes après les autres, les opérateurs économiques et les travailleurs sont livrés aux agressions de bandes armées opérant partout de jour comme de nuit. Portés par un surendettement débridé et indécent érigé en système de gestion, le désordre structurel et l’indice de risque pays découragent tous les investisseurs, même les plus téméraires.
Comment dans ces conditions apocalyptiques pense-t-on remettre debout un pays plongé dans un indescriptible marasme économique chronique ?
Une restauration de la sécurité s’impose et implique :
– Le désarmement de tous les groupes armés y compris les dozos;
– Le rapatriement des mercenaires encore présents et actifs ;
– Des garanties de sécurité pour les FDS loyalistes et leur réintégration dans les différents corps d’origine ;
– L’encasernement des FRCI ;
– Le déploiement des Forces de Police et de Gendarmerie à Abidjan et sur toute l’étendue du territoire national ;
– L’adoption de mesures de sécurité et de protection pour les membres de la Direction intérimaire du FPI ;
– L’introduction dans les grilles de la RTI d’un programme de promotion de la sécurité pour tous et pour chacun ;
– Etc.

II- La Réconciliation nationale

Contrairement à ce que d’aucuns seraient tentés de croire, la réconciliation que chacun appelle actuellement de tous ses voeux sera en réalité une utopie si les nouvelles autorités continuent d’afficher une suffisance démesurée et dédaigneuse vis-à -vis du Front Populaire Ivoirien et du peuple.
Il est impérieux que les discours officiels sortent des promesses vagues et fallacieuses pour activer les mécanismes d’une réconciliation participative et fructueuse, capable de prendre rapidement corps avec le tissu social.
C’est par des signaux forts envoyés aux populations et aux divers acteurs politiques et sociaux d’une manière sincère, responsable et courageuse que la restauration de la confiance mutuelle et de la cohésion sociale peut devenir une réalité.
Il ne faudrait donc pas se voiler la face : tout processus de réconciliation se voulant aujourd’hui sincère en Côte d’Ivoire doit forcément passer par des étapes majeures qui sont :
– La libération du Président Laurent Gbagbo, du Camarade Président Pascal Affi N’Guessan, des Camarades Vice-Présidents Abou Drahamane Sangaré et Simone Gbagbo ainsi que de tous les détenus FPI et LMP ;
– La restitution aux propriétaires légitimes des biens mobiliers et immobiliers injustement arrachés et confisqués ;
– Le déblocage des comptes bancaires mis sous scellé ;
– L’organisation d’un retour sécurisé des exilés ;
– L’adoption d’une loi d’amnistie générale prenant en compte toute la période de la crise ;
La réconciliation, la vraie, qu’attendent les Ivoiriennes et les Ivoiriens, c’est celle au cours de laquelle ils verront Laurent Gbagbo s’adresser à eux, avec les mots justes et apaisants dont lui seul a le secret, pour leur dire que la guerre est finie, que toutes les souffrances sont terminées, qu’il faut sécher les larmes, se remettre debout pour ensemble reconstruire le pays.
La réconciliation, la vraie, qu’attendent les Ivoiriennes et les Ivoiriens, c’est celle au cours de laquelle ils verront Laurent Gbagbo et tous les grands protagonistes de la crise côte à côte et chantant à l’unisson l’hymne de l’espérance et de la fraternité retrouvées.
Nous ne devons pas oublier que s’il y a deux camps qui doivent se réconcilier, il y a avant tout deux principaux leaders, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui doivent se rencontrer et se parler. C’est à ces deux leaders d’initier le dialogue pour permettre à la réconciliation de prendre forme. Une réconciliation sans Laurent Gbagbo ne serait donc qu’une aventure médiatique solitaire et hypocrite d’Alassane Ouattara. Elle sera vouée à l’échec car les Ivoiriens, dans leur immense majorité, ne se sentiront pas concernés.

III- Les élections législatives, municipales et départementales

Dans ce contexte tendu de recherche d’une solution définitive de sortie de crise, les futures élections devraient être mises au service de la décrispation et de la réconciliation. C’est dire qu’au-delà des ambitions légitimes des différents partis politiques en lice, il devrait surtout être assigné aux divers rendez-vous électoraux prochains l’objectif de contribuer pleinement au retour de la confiance et de la concorde entre les Ivoiriens en abordant les campagnes électorales et les opérations de vote comme des occasions appropriées pour renforcer la liberté d’expression et consolider la liberté citoyenne de choix.
Ces élections, si elles devraient s’organiser et si le FPI devrait y participer, n’auraient donc de sens que si elles peuvent permettre de refermer la douloureuse parenthèse de la crise meurtrière et non ouvrir la porte à d’autres incalculables fléaux.
Une élection est avant tout une occasion unique pour le peuple d’exprimer sa volonté en choisissant librement celui (ou celle) qui doit le représenter.
La question fondamentale est aujourd’hui de savoir si les thérapies idoines seront trouvées pour que puisse s’opérer librement ce choix populaire. Nous restons très sceptiques.
D’une manière ou d’une autre, le bon sens aurait conseillé que les différentes élections (législatives, municipales et départementales) soient organisées à la fin du processus de réconciliation qui aurait ainsi exorcisé auparavant les peurs et les craintes et aurait posé les bases d’une paix réelle et durable.
Organisées dans ce chaos socio-politique auquel nous assistons actuellement, ces élections pourraient fort bien ne pas répondre aux attentes démocratiques et risqueraient même d’accroître les tensions et les frustrations déjà exacerbées.
Le FPI doit donc veiller aujourd’hui à ce que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Il faut absolument éviter aussi de servir de faire-valoir, éviter d’ajouter une autre couche au vernis constitutionnel avec lequel Alassane Ouattara tente cyniquement de maquiller son régime autocratique et sanguinaire.
Ainsi, les conditions de participation aux différentes élections doivent être clairement exprimées. Liées aux questions de liberté et de sécurité déjà mentionnées pour la restauration de l’État de droit et la réconciliation nationale, elles doivent intégrer diverses exigences d’ordre technique :
– Le remplacement de Youssouf Bakayoko au poste de Président de la CEI par une personnalité de la société civile et véritablement neutre;
– Le rééquilibrage de la CEI pour adapter sa nomenclature actuelle aux nouvelles réalités ;
– La révision de la liste électorale pour y ajouter les absents de l’enrôlement et les nouveaux majeurs de 18 ans;
– L’implication totale de l’ONUCI dans l’organisation des différents scrutins pour veiller à la sécurité, la régularité et la transparence;
– L’introduction dans les textes de la CEI d’une clause imposant un processus de validation et le recomptage des voix en cas de litige;

Conclusion
Aussi curieux que cela puisse paraître, le FPI, notre Parti, semble aujourd’hui en position de force dans le débat politique face à un Alassane Ouattara discrédité par ses déboires économiques et par les exactions incessantes et internationalement décriées de ses FRCI.
Passé les premières heures du terrible choc psychologique et émotionnel du 11 avril, les réflexes de lutte se remettent en place, la rage au combat renaît, le goût de l’effort, le sens de la persévérance et de l’abnégation se réinstallent.
Il faut donc accompagner le mouvement et pousser l’adversaire dans ses derniers retranchements. Tout en restant donc ouvert aux négociations et tout en donnant les gages de sa volonté d’aller à Paix et à la Réconciliation, le FPI doit rester ferme sur ses principes et sur ses exigences.
Au vu de tout ce qui se passe actuellement dans le microcosme socio-politique ivoirien, il nous semble en effet qu’Alassane Ouattara et le RHDP soient en train d’attendre d’avoir une certaine visibilité sur les chances ou le sort de leur principal soutien, le Président français Nicolas Sarkozy, aux prochaines élections présidentielles de 2012 dont le premier tour est prévu pour le 22 avril et le second tour le 06 mai, pour commencer réellement ou non à prendre beaucoup plus au sérieux le processus de réconciliation .
Si donc nous avons la volonté d’aller à la Paix et à la Réconciliation, nous devons constamment évaluer le degré de bonne foi et d’engagement sincère de nos adversaires.
C’est dire que nous devons continuer de faire de la libération de Laurent Gbagbo et de tous les détenus politiques la clé de voûte de toutes nos initiatives.
C’est dire aussi que nous rejetons catégoriquement toute réconciliation sans la satisfaction de nos exigences.
C’est dire enfin que nous n’irons à aucune élection sans la libération de Laurent Gbagbo.

Fait le mardi 23 août 2011
Les représentants du FPI en Europe

Le Représentant du FPI en Allemagne
Diaby Kalilou
Le Représentant du FPI en Belgique
Bernard Gueu Touna
Le Représentant du FPI en Espagne
Guy Patrick Vermont Doba
La Représentante du FPI en France
Brigitte Kuyo
Le Représentant du FPI en Grande Bretagne
Abdon Georges Bayeto
Le Représentant du FPI en Italie
Aimé Danon
Le Représentant du FPI en Suède
Jean-Claude Okou
Le Représentant du FPI en Suisse
Vincent Yayaud

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