Commission dialogue, vérité et réconciliation: Banny a oublié la France

Source: Notre Voie

C’est ce lundi, sauf changement, que la liste des 11 membres du bureau central de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) sera rendue publique. L’information a été livrée officiellement à la presse, vendredi dernier, par l’ex-Premier ministre, Charles Konan Banny, président de la Cdvr, au sortir d’une audience au palais présidentiel sis au Plateau avec Alassane Dramane Ouattara. Selon M. Banny, ces 11 membres représentent les principales régions et les communautés vivant en Côte d’Ivoire. Il s’agit notamment des représentants des régions du Sud, du Nord, de l’Ouest, du Centre et de l’Est. S’ajoutent à eux, les membres cooptés au sein des principaux groupes religieux (chrétien et musulman), de la diaspora ivoirienne, des communautés ressortissantes de la Cedeao. «L’ordonnance dit que le président de la Cdvr propose et le président de la République nomme. C’est dans cette procédure que je suis. Je suis venu lui faire part de mes propositions. Il a agréé mes propositions», a soutenu, face aux journalistes, le président de la Cdvr. Avant de confirmer que la vedette du football mondial, l’Ivoirien Didier Drogba, figure au nombre des 11 membres de la Commission.

Un acteur important de la crise

Il faut saluer l’initiative de l’ex-Premier ministre, Charles Konan Banny, consistant à inclure des représentants des communautés de la Cedeao vivant sur le sol ivoirien dans la Commission. C’est d’autant judicieux que certains pays de la Cedeao ont ouvertement ou par l’entremise de mercenaires, pris part au conflit en Côte d’Ivoire. Ces pays se sont mobilisés pour un acteur politique ivoirien, notamment Alassane Dramane Ouattara, depuis plus que 15 ans. Il s’agit du Burkina Faso, du Sénégal, du Nigeria, du Mali, …pour ne citer que ceux-là. Certains de leurs ressortissants étaient impliqués dans le coup d’Etat contre Henri Konan Bédié en décembre 1999 puis dans la rébellion armée contre le régime Gbagbo, à partir de septembre 2002 jusqu’en avril 2011. A preuve, et c’est un secret de polichinelle, l’on parle, aujourd’hui, au sein des forces pro-Ouattara, de Frci-Burkina Faso, Frci-Mali etc. Pour démontrer le degré d’implication des ressortissants de ces pays dans le drame ivoirien. Les combattants traditionnels dozos, membres des forces pro-Ouattara, qui continuent de sévir dans l’Ouest et le Centre-Ouest du pays, sont majoritairement originaires du Mali et du Burkina Faso. Ce dernier pays a même servi de base-arrière à la rébellion armée qui a attaqué la Côte d’Ivoire en septembre 2002.
A l’instar de certains pays de la Cedeao, la France constitue un acteur important (sans doute le plus important) de la crise en Côte d’Ivoire. On comprend donc mal pourquoi, des officiels français de premier ordre ne figurent pas parmi les membres de la Commission. Peut-on réellement parler de stabilité définitive et de réconciliation en Côte d’Ivoire en ignorant la France et dans une moindre mesure les Etats-Unis ? Nous estimons que non. Puisque depuis la mort, en 1993, de Félix Houphouët-Boigny, la France, à travers des succédanés puis par le biais de son armée, a imposé sa volonté politique et économique à la Côte d’Ivoire. Paris s’est évertué par tous les moyens à installer au pouvoir, son homme, Alassane Dramane Ouattara. Bédié et Gbagbo ont été les victimes de cette option française. L’un en 1999, l’autre en 2002. La France a massacré des Ivoiriens en 2004 (devant l’Hôtel Ivoire à Abidjan et à l’intérieur du pays) puis en 2010 (à travers des bombardements lors du coup d’Etat contre Gbagbo). Un tel tableau fait inévitablement de Paris, un acteur sans lequel, la réconciliation nationale façon Ouattara serait infructueuse.

Didier Depry didierdepri@yahoo.fr

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