Par Frédéric Couteau (RFI)
C’est le point de vue du site d’information Guinée Conakry Infos . Un point de vue partagé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières ivoiriennes. Alors, « ces actes qui incitent à l’espoir, sont notamment, précise Guinée Conakry Infos, la désignation de la dizaine de membres de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (…) et la toute première manifestation (ce week-end) des militants du Front populaire ivoirien, depuis la chute de Laurent Gbagbo. Ce premier meeting de l’ex-parti au pouvoir, honore à la fois les militants et les autorités actuelles du pays », estime le site d’information.
« 11 Eléphants réconciliateurs », s’exclame en Une L’Intelligent. L’Intelligent qui se félicite, à l’instar des autres quotidiens ivoiriens, de la formation de cette Commission Vérité et Réconciliation. Sa composition fait apparemment l’unanimité : « du nord au sud en passant par le centre, l’est et l’ouest, la communauté étrangère vivant en Côte d’Ivoire, la diaspora ivoirienne, tout le monde y est, relève L’Intelligent. Au football on dirait que le directeur technique national, Alassane Ouattara, a constitué une équipe équilibrée. Celle des Eléphants réconciliateurs », donc. « A tout ce beau monde, quand la cerise sur le gâteau se nomme Didier Drogba, star mondiale du ballon rond, on ne peut que se convaincre d’une ‘dream team’ (une équipe de rêve), s’exclame le quotidien ivoirien.
Cette équipe ne sera pas orpheline, soutenue qu’elle sera par le peuple dans son combat contre les maux qui ont déchiqueté la Côte d’Ivoire ces vingt dernières années. (…) Le coup d’envoi peut donc être donné, s’enthousiasme L’Intelligent. (…) Maintenant qu’il n’est plus seul, le Capitaine Charles Konan Banny peut se rendre à Korhogo pour voir Gbagbo, envoyer des coéquipiers à Odienné, pour rencontrer Simone Gbagbo, faire un détour par Bouna, Boundiali, Katiola et la Maca. Accra, Lomé, Cotonou et tous les endroits où se trouvent les exilés devront également recevoir l’équipe nationale. La guerre à la guerre est déclarée, conclut L’Intelligent. La guerre à la haine est engagée. A vos crampons messieurs les Eléphants réconciliateurs ! »
La renaissance pour le FPI ?
Autre signe de décrispation en Côte d’Ivoire : plusieurs meetings tenus par l’opposition le week-end dernier dans différents quartiers d’Abidjan. « Le FPI a en effet décidé d’aller au front, relève L’Inter , de se secouer et donner de la voix pour faire entendre ses angoisses et inquiétudes du moment, ses aspirations et propositions, et surtout marquer sa détermination à jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Ce, en dépit des pressions exercées par le nouveau régime. »
Et L’Inter de s’interroger : « jusqu’où le FPI va-t-il aller dans ce réveil face au régime Ouattara, et avec presque tous ses dirigeants en prison ? (…) Autant de difficultés mais aussi de défis auxquels le FPI se trouve confronté à quelque trois mois des élections législatives, et pour lesquels ce parti a besoin de tout son monde. Le premier test réussi du député Jules Yao Yao est donc un signal fort, estime le quotidien ivoirien, lancé à l’endroit des militants et autres sympathisants cachés ou en exil, que les rassemblements politiques sont désormais possibles. C’est également un bon point à mettre à l’actif des nouveaux dirigeants. »
Une démocratie assainie ?
Analyse similaire pour la presse burkinabé. « Le nouveau régime a joué pleinement sa partition en ne prenant aucune initiative pour empêcher la tenue de cette rencontre politique. C’est un signe encourageant et c’est tout à son honneur, affirme Le Pays . Les responsables du FPI à l’origine de ce rassemblement disent vouloir briser la chaîne de la peur et demandent notamment la libération du président déchu. Il faut espérer que cette exigence sera juste politique et qu’elle ne cristallisera pas les tensions au point de replonger le pays encore convalescent dans une apoplexie. »
Et le quotidien ouagalais de conclure : « tous les Ivoiriens doivent se mettre à la tâche et le régime Ouattara devra veiller à garantir l’expression d’une opinion plurielle, ce d’autant plus que tout pouvoir démocratique digne de ce nom a besoin de contrepouvoirs forts, conséquents, qui inscrivent leurs actions dans la légalité. »
« Les partisans de Gbagbo, jusque-là inquiets, avaient besoin de se rassurer, renchérit L’Observateur ; à présent, ils en ont la certitude : ils peuvent mettre le nez dehors sans susciter pour autant quelque chasse aux sorcières, et sans risquer de faire les frais de quelque vindicte populaire. Et c’est tant mieux pour eux, pour les nouvelles autorités, et pour le paysage politique ivoirien dans son ensemble, s’exclame le quotidien burkinabé. Car la bonne tenue de ce meeting prouve quelque part qu’une saine démocratie est en marche en Côte d’Ivoire sous la présidence d’ADO ; qu’après toutes les divisions et les haines (…), ceux aujourd’hui au pouvoir acceptent d’entendre la voix d’un FPI qui, il n’y a pas vraiment longtemps, était voué aux gémonies, ce qui traduit sans doute le fait que l’heure est à l’apaisement ainsi qu’à l’acceptation de la différence. »
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