Sylvestre Konin “le rééquilibrage de la Commission Electorale est un de nos préalables”

Soir Info

Crise post-électorale : Sylvestre Konin (Membre-fondateur de Lider) : « Pourquoi Koulibaly n’a pas été arrêté »

Sylvestre Kouassi Konin, né le 31 décembre 1968 à Daloa, possède une maîtrise en Mathématiques pures obtenue en 1992 à l’Université d’Abidjan. Il est également diplômé de l’Ecole des Sciences Economiques et Commerciales de Paris (Essec, 1995) et diplômé de l’Institut des Actuaires Français (Paris, 1997). Associé-gérant du cabinet Actu Conseil depuis 2003, M. Konin a travaillé pour des groupes d’assurances internationaux. Il a également exercé des fonctions de Directeur de publication et d’administrateur au sein d’organes de presse ivoiriens. Membre fondateur de Lider, le parti de Koulibaly Mamadou, il est depuis le 14 juillet 2011, administrateur et secrétaire général de la Fondation Les Amis de l’Excellence et secrétaire général des actuaires de Côte d’Ivoire.

M. Konin, anciennement au Fpi, vous êtes membre-fondateur de Liberté et Démocratie pour la République. Le fait de quitter le Fpi au moment où Laurent Gbagbo est en prison n’est-il pas une trahison vis-à-vis de ce dernier ?

Sylvestre Konin : Ceux qui ont quitté le Fpi pour fonder ou rejoindre Lider s’étaient entendus à l’époque avec leurs camarades d’alors sur des objectifs politiques à mettre en œuvre une fois le pouvoir conquis. Malheureusement, cette ligne directrice a été dévoyée en cours de route et il est devenu impératif – surtout au vu des événements et de la réalité politique actuels – de créer un cadre non corrompu pour se donner les moyens d’agir efficacement pour mieux aboutir au retour de l’état de Droit, à l’amélioration du niveau et du cadre de vie des Ivoiriens, à la rupture du Pacte colonial et à la construction d’une Nation forte et unie, toutes choses dont bénéficieront tous les Ivoiriens, y compris le président Laurent Gbagbo. Les gens qui adhèrent à un parti politique n’ont pas vocation à être le club de soutien d’un homme, d’un clan ou d’une ethnie. Un parti politique est une aventure collective qui doit idéalement mener à l’implémentation d’un programme politique discuté, connu et accepté par les militants et voté par la majorité des citoyens. Lider lutte pour la liberté, la démocratie et le progrès de la Côte d’Ivoire. Ses adhérents sont et seront toujours d’une loyauté sans faille envers ces objectifs.

Pourquoi Mamadou Koulibaly, qui est pourtant le numéro 2 de l’ancien régime, n’a-t-il pas été arrêté par les nouvelles autorités, ni ses comptes bancaires gelés ?

S.K. : Seul le pouvoir en place peut répondre à cette question. Cependant, la réputation d’intégrité et d’intransigeance du Professeur Mamadou Koulibaly couplée au fait qu’il est de notoriété publique qu’il avait été écarté depuis fort longtemps de la gestion des affaires de l’Etat par les tenants de l’ancien régime peuvent être une explication. Il est d’ailleurs à noter que plusieurs caciques de l’ancien régime sont libres de leurs mouvements pour l’instant : l’actuel président par intérim du Fpi et son secrétaire général, par exemple, n’ont jamais été inquiétés, de même que d’autres éminents membres de Lmp.

Quel contre-pouvoir Lider peut-il réellement exercer en tant que parti d’opposition dans un pays qui cherche encore ses marques et avec une présidence forte ?

S.K. : La construction d’un contexte démocratique solide et pérenne fait partie des principaux objectifs de lutte de Lider. L’on ne peut pas parler de combat et ne pas s’attendre à rencontrer des obstacles, à devoir gérer des crises, à surmonter des embûches. Il faut savoir affronter les difficultés plutôt que les fuir. Nous avons la volonté, le courage et les idées nécessaires pour trouver les moyens de rendre au peuple sa souveraineté et sa liberté. Si chaque fois que des défis gigantesques sont apparus au cours de l’Histoire, les gens avaient baissé les bras au lieu de se retrousser les manches, alors il y aurait encore l’esclavage en Afrique, l’apartheid en Afrique du Sud, le monopartisme en Côte d’Ivoire…

Qu’espère Lider d’une compétition électorale dans des conditions que certains jugent critiquables ?

S.K. : Il est évident que le jeu démocratique est biaisé en ce moment en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs pour cela que nous travaillons à la mise en place des préalables nécessaires à la libre expression et au respect de la volonté populaire: l’encasernement des Frci, le redéploiement des forces de sécurité conventionnelles, la révision des listes électorales, le rééquilibrage de la Commission Electorale, qui doit être adaptée à la réalité de terrain, sont des conditions sine qua none pour la tenue des prochaines élections. Si toutes les conditions sont remplies, il n’y a aucune raison pour que Lider ne gagne pas des sièges lors des législatives à venir.

Qu’est- ce qui différencie Lider de la multitude de partis qui existent sur l’échiquier national ?

S.K. : Le fait de ne pas aborder la question de l’Etat sous l’angle de savoir qui va gouverner la Côte d’Ivoire, mais plutôt qu’est-ce que l’Etat doit gouverner en Côte d’Ivoire nous distingue de tous les autres. Notre conception de l’Etat maîtrisé est unique dans notre pays. Nous proposons concrètement de remettre les hommes politiques dans le rôle constitutionnel de serviteurs du peuple qui leur est dévolu, en leur retirant leurs usurpés habits de maîtres tout puissants des populations qu’ils se sont insidieusement, et parfois même violemment, fabriqués au fil du temps. D’où l’inscription dans notre programme de la nécessité de passer au régime parlementaire. Nos idées et propositions sur la monnaie, le libre-échange, le droit foncier sont également distinctifs. Il y aura toujours des thèmes communs à la plupart des partis politiques, mais notre façon de les aborder et les voies que nous suggérons pour leur mise en œuvre sont reconnaissables entre toutes et susciteront l’adhésion et l’engouement des Ivoiriens lors des prochaines joutes électorales, si elles se déroulent dans un cadre transparent, équitable et démocratique, ce à quoi nous travaillons actuellement.

Et si les conditions ne sont pas remplies ?

S.K. : Lider ne participera pas aux élections si les préalables précités ne sont pas remplis et si la sécurité intégrale n’est pas une réalité.

Réalisé par Kisselminan COULIBALY

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Interview/ Dr Brissi Takalea Claude au FPI, apres les attaques: » Si Koulibaly vous manque,rejoignez-nous a Lider »
L’Intelligent d’Abidjan

1- Dr Brissi vous avez été président de l’AG constitutive de Lider, le parti présidé par le Prof Koulibaly. Vos anciens amis de l’ex LMP, parmi lesquels William Ateby et Nyamien Messou dont il était facile de reconnaitre la plume et les idées dans une communication publiée à un nom d’emprunt dans notre édition de jeudi 25 août, vous attaquent sans complaisance à la fois sur une histoire de plagiat mais sur des aspects de votre programme politique LIDER. Que vous inspirent ces écrits quelque peu haineux ?

JE ne pense pas que mes amis dont vous parlez soient à l`origine de ces écrits dans le cas contraire, ces attaques ont le mérite de clarifier la séparation et d’assainir le débat pour ceux qui avaient du mal à tourner la page. Il est assez amusant de constater qu’ils découvrent après tout le monde que la déclaration de départ du FPI du Président Koulibaly était inspirée du rythme de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. C’était évidemment intentionnel et recherché. Ces propos quelque peu aigre-doux ressemblent à du dépit amoureux. Si Koulibaly leur manque, qu’ils viennent nous rejoindre à LIDER au moins ils auront d’autres occupations que de décortiquer nos discours, cachés derrière des noms d’emprunt, pour finalement comprendre un mois plus tard ce que d’autres ont apprécié dans l’instant. Quant aux idées que porte LIDER, il y`a entre autre l`amélioration de l`indice global de la tranquillité dans le pays. Nous le devons tous aux ivoiriens. Je suis heureux que comme tout le monde ils lisent notre programme. Tout cela promet des débats passionnants et c’est tant mieux pour les Ivoiriens et la démocratie en général.

2- A propos de programme, certains soupçonne Alassane Ouattara qui se présente comme un libéral, de financer LIDER, un parti libéral. Que répondez-vous à ces allégations ?

On a parfois l’impression que le dire c’est le faire. S’affirmer libéral ne veut pas dire que vous l’êtes, il suffit de regarder le bilan politique de Wade au Sénégal qui se dit libéral il est tout sauf liberal. Mais sans aller si loin, regardons le début du mandat du Président Ouattara. Force est de constater que nous sommes loin d’une politique libérale. L’Etat de droit est bafoué ce qui veut dire que l’investissement privé est extrêmement risqué dans le pays, voir impossible, la propriété est violée quotidiennement, le recours à l’aide publique se fait dans des proportions inquiétantes, les institutions de la République sont giflées, la constitution piétinée. D’évidence Mr Ouattara et nous, ne sommes pas de la même famille politique. LIDER a une autre vision d’un Etat de droit. Tentez de mettre une étiquette Mercedes sur une autre voiture, ça ne sera jamais une Mercedes même si c’est écrit dessus. Si le Président Ouattara était un libéral autrement que par l’étiquette, LIDER n’aurait aucune raison d’être. Quant aux financements de LIDER par Mr Ouattara, cela me fait sourire car en principe on finance une opposition amorphe qui est là pour simuler une démocratie, LIDER n’est pas une simulation, loin de là. LIDER est une vraie opposition qui dénonce, propose, veille, éveille ! Nous ne sommes pas l’opposition idéale pour Ouattara parce qu`il sera vite rattrapé par ses promesses innombrables de campagne. Nous avons d’ailleurs vu que nos efforts ne sont pas restés vains car, à force de dénoncer le non paiement des indemnités des députés, représentants du peuple de Côte d’Ivoire, le pouvoir a dû céder et payer une partie des rémunérations même s’il y aurait beaucoup de choses à dire sur les coupes effectuées arbitrairement dans ces paiements. N`oublions pas qu`au sortir d une rencontre à Daoukro il avait été dit que le mandat des députés était fini depuis 2005. Sans jamais parler du mandat des collectivités territoriales prorogé par une loi votée par cette même législature au delà de 2005. L’avancée avec le pouvoir est certes imparfaite mais, si LIDER ne s’était pas insurgé publiquement, les députés seraient restés dans l’oubli. C’est cela le rôle d’une opposition dynamique. Notre action s’inscrit totalement dans la construction de la démocratie en Côte d’Ivoire et dans la préservation des intérêts des populations. Les populations d abord tel est notre credo.

3- Le 11 août dernier, lors de votre conférence de presse de présentation de LIDER vous avez appelé les militants de l’ensemble du pays et de la diaspora à installer LIDER pour en faire un parti politique de proximité. Comment se présentent les choses ?

Les choses se mettent en place avec certes les balbutiements du début mais une volonté forte et une détermination qui laisse présager du meilleur. Peu à peu, la carte accrochée dans nos bureaux au siège de Lider se remplit de petits points de couleurs représentant les délégations LIDER dans le pays. Je vais devoir également accrocher une carte du monde car la diaspora s’organise et nous bouscule même pour que nous avancions plus vite. C’est très encourageant. nous pensons organiser l inauguration de notre siège ce mois justement.

4- Vous avez annoncé que LIDER voulait jouer sa partition lors des prochaines élections législatives. Pensez-vous que le climat sécuritaire et le cadre général du processus électoral puisse permettre un consensus national autour de ce scrutin ? Et si les conditions ne sont pas réunies, LIDER se lancera t-il dans la « bataille » des législatives ?

LIDER, en effet, souhaite avoir des candidats aux prochaines élections législatives et municipales. Nous travaillons dès maintenant. En effet, nous devons faire pression sur les autorités ivoiriennes et les différents acteurs du processus électoral dont l’ONUCI, pour qu’un consensus autour d’un scrutin serein soit établi. Il faut définir clairement la règle du jeu avant car après c’est trop tard comme nous l’avons vu lors des dernières élections présidentielles. Nous ne voulons pas envoyer nos candidats et les électeurs à l’abattoir et nous nous battrons pour que le cadre soit sécurisé et que les espaces d’expression des candidats de tous bords soient préservés. Concernant la composition de la CEI, ce n’est pas un problème car nous pensons simplement que la CEI n’a pas vocation à entrer dans ce scrutin local. Mr Ouattara a tout intérêt à faire en sorte que les scrutins à venir soient clairs et transparents, sans menaces, sans intimidations, ni violence sans quoi il lui sera très difficile de parler de démocratie ou d’Etat de droit. A un moment la communication ne suffit plus à convaincre, il ne peut plus arguer d’une situation d’exception, il faut des faits. Le moment des faits est arrivé. Si les conditions ne sont pas remplies cela signera l’échec d’ADO. On verra tous qu’il n avait pas de solutions.

5- Dans ce contexte post crise quels seraient les chantiers prioritaires d’une administration Koulibaly ?

Difficile dans une seule interview d’exposer tout mais en allant à l’essentiel, le chantier prioritaire d’une administration Koulibaly serait le rétablissement de l’état de droit. Il faut que la sécurité des Ivoiriens soit assurée au plus vite et que leur propriété ne soit plus malmenée. Les Forces Républicaines doivent retrouver leurs casernes pour laisser la place aux gendarmes, aux policiers et aux sociétés de gardiennage. Ce n’est plus possible de voir des hommes en armes devant les maisons, les boutiques, les administrations, les banques, les carrefours, etc et tout cela au prix de paiements parallèles alors qu’il s’agit, dit on, d’une armée régulière.

Les décisions importantes telles que le budget seraient expliquées aux populations puis soumises aux députés pour débat et vote. Les ordonnances prises seraient également soumises au Parlement pour avis et autorisation, validation, légalisation et ratification, en respect des règles constitutionnelles.

Parallèlement une administration Koulibaly dégagerait rapidement des espaces de libertés pour redynamiser l’entreprenariat et le libre-échange. On dit de manière triviale qu’en période de crise il faut être dirigiste, c’est faux et l’histoire nous l’a prouvé à de multiples reprises. C’est de flexibilité et d’ouverture que l’économie a besoin pour redémarrer. Ce n’est pas l’aide publique qui peut nous faire progresser. Dans cette logique le code des marchés publics devrait être respecté pour éviter d’imposer aux Ivoiriens des monopoles protégés qui les étouffent à la fois par des prix excessifs à la consommation mais également par la piètre qualité de service qui nous guette quand la concurrence n’existe pas. C’est aussi un moyen de relancer la consommation en augmentant le pouvoir d’achat.

Une administration Koulibaly poserait sur la table des débats en Côte d’Ivoire la question de l’octroi des titres fonciers définitifs sur le foncier rural comme instrument de lutte contre la pauvreté. La propriété privée de la terre étant pour nous un instrument de justice sociale.

Une administration Koulibaly ferait de la liberté un socle de la cohésion sociale, dépourvu de considération tribale, ethnique et religieuse pour aborder sereinement un processus de réconciliation. Au-delà du volet judiciaire de ce processus qui doit être abordé sans parti pris, il faut un objectif commun. Pour vivre en paix, nous devons être libres. La liberté est la voie du progrès social qui peut ressouder le peuple ivoirien, nous n’avons plus le droit de la leur refuser

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