Côte d’Ivoire: Bakayoko parle de l’arrestation des trois Français

Hamed Bakayoko, ministre de l'Intérieur de Côte d'Ivoire MaxPPP

Source: France-Soir.fr

Le ministre de l’Intérieur de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko, a répondu aux questions de France-Soir.fr

Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur de Côte d’Ivoire, a répondu aux questions de France-Soir.fr au sujet de l’arrestation et de la détention arbitraire de trois anciens officiers français en Côte d’Ivoire dans la journée du samedi 20 août. L’affaire, révélée par France-Soir.fr, dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 août crée une intense polémique en Côte d’Ivoire au sujet des actions menées par le commandant Wattao, commandant en second la Garde républicaine, et met dans l’embarras le plus haut sommet de l’Etat. Dans cette interview, Hamed Bakayoko révèle qu’une enquête directement ordonnée par Alassane Ouattara a été diligentée. Il refuse de parler d’arrestation et affirme que les trois Français ont été « entendus ». Selon lui, leur activité dans le domaine sensible de la sécurité en Côte d’Ivoire justifie qu’il y ait enquête. Hamed Bakayoko souligne également son attachement à l’Etat de droit et sa volonté de lutter contre la corruption en Côte d’Ivoire en tant que ministre de l’Intérieur.

France-Soir Il y a quelques jours trois Français, anciens officiers de l’armée travaillant à présent dans la sécurité à Abidjan, disent avoir été « enlevés » par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire dépendant du commandant Wattao, commandant en second de la Garde républicaine. Qu’en pensez-vous ?

Hamed Bakayoko Je me suis renseigné. L’affaire est remontée jusqu’à moi et jusqu’au président de la République qui m’a demandé de faire toute la lumière sur cette affaire. Il faut d’abord savoir qu’il n’ont pas été arrêtés, ils ont été « entendus ».

F.-S. Ces trois hommes n’ont pas été « entendus » par n’importe qui, ils l’ont été par la Garde républicaine elle-même, selon leur témoignage…

H.B. Oui par la Garde républicaine, mais vous connaissez le contexte – dans l’urgence – quand on reçoit l’information il faut savoir agir justement, dans l’urgence. Ils ont reçu l’information et ont estimé qu’il fallait agir vite et ne pas laisser filer. Après, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont passé le relai aux gendarmes et la police.

F.-S. Pour quelles raisons l’armée a-t-elle arrêté ces trois hommes ?

H.B. Ces hommes travaillent pour un français qui a un passé trouble en Côte d’Ivoire, Frédéric Lafont. Parmi ces trois hommes, le premier a été patron d’une société de sécurité sous Laurent Gbagbo (En réalité sous la présidence d’Henri Konan Bédié dans les années 90 NDLR), le deuxième a été chargé de la formation de l’unité du Cecos impliqués dans les massacres de la crise post-électorale (En réalité le colonel de gendarmerie Jean-Grégoire Charaux a été directeur des études à l’école de gendarmerie d’Abidjan entre 1986 et 1987). Il est dès lors normal que les militaires s’intéressent à ce genre de profil et enquêtent sur leurs activités et leurs liens avec Frédéric Lafont. Que faisaient-ils à Abidjan ce jour là ? Pourquoi ? Encore une fois, ils n’ont pas été arrêtés, ils ont été entendus.

F.-S. Comment s’est passée leur détention. Est-il vrai que l’ambassade de France s’est impliquée dans leur libération ?

H.B. J’ai parlé avec le commandant de la Force Licorne qui m’a proposé d’envoyer son Officier de police judiciaire (OPJ). Malheureusement, au moment où l’OPJ arrivait, les trois hommes étaient libres.

F.-S. Ces trois hommes dénoncent de graves entorses aux droit. L’un d’eux, porte plainte pour vol de numéraires, mauvais traitement et arrestation arbitraire puisqu’ils disent avoir été délestés de 41.000 $. Ils sont repartis libres et sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux. Qu’en pensez-vous ?

H.B. C’est leur droit de porter plainte. La question c’est pourquoi ils ont 41.000 $ sur eux !

F.-S. Est-ce que vous savez qui est en possession de cette somme aujourd’hui et où elle se trouve ?

H.B. Non je n’en ai aucune idée. Je ne peux pas tout savoir.

F.-S. Puisque aucune charge n’a été retenue contre ces hommes, peut-on imaginer que l’argent qu’ils portaient soit rendue ?

H.B. Pour l’argent, s’il n’y a pas de charge nous sommes prêts à le rendre. J’ai diligenté une enquête qui fera la lumière sur ce point. Après encore une fois, on ne trimballe pas une somme pareille. A qui est cet argent ? D’où vient-il et où allait-il ?

F.-S. Vous avez signé récemment une charte éthique vous engageant à lutter contre la corruption et à faire respecter l’Etat de droit. Si vous apprenez qu’un de vos subordonnés s’est rendu complice de corruption et ou n’a pas respecté l’Etat de droit, qu’envisagez-vous pour lui ?

H.B. Sans état d’âme je sortirai la personne du rang. Elle n’a pas sa place dans la nouvelle Côte d’Ivoire. Mais il faudra que l’on m’apporte que cette personne est corrompue ou qu’elle n’a pas respectée le droit. Si cet argent a été retenu c’est parce qu’il y avait suspicion.

F.-S. L’Organisation des Nations Unies (ONU) et de nombreuses organisations non gouvernementales comme Amnesty International, International Security Crisis et Human Right Watch s’alarment de la poursuite d’exactions en Côte d’Ivoire. Que répondez-vous ?

H.B. Nous sommes en contact avec ces ONG et nous travaillons de concert. Nous voulons rester informés de la situation et ce n’est pas du langage de politicien. On veut repartir sur les bases d’un Etat de droit. Les gens jugent beaucoup trop vite et beaucoup trop durement. Nous ne sommes là que depuis le mois de mai. Il faut savoir être patients.

F.-S. N’y a-t-il pas néanmoins, à votre corps défendant, des abus de droit ou des exactions commises par les Forces républicaines (FRCI), la police ou la gendarmerie, pas encore formés à l’action en temps de paix ?

H.B. Pas du tout ! Il y a un retour à la normalité avec les forces de gendarmerie et la police qui sont très efficaces sur le terrain. On a besoin d’avoir des résultats par rapport à la situation sécuritaire. Il faut du doigté et de l’intelligence. Nous avons beaucoup de chance avec les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, la police et la gendarmerie.

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