Les autorités sénégalaises ont interdit jeudi tout rassemblement politique dans le centre de Dakar, à deux jours d’une manifestation programmée par l’opposition pour protester contre l’intention du président Abdoulaye Wade de briguer un nouveau mandat en février 2012.
Des observateurs craignent que cette mesure d’exception exacerbe les tensions entre les membres de l’opposition et les partisans d’Abdoulaye Wade, d’autant qu’une marche prévue par ces derniers dans la banlieue de la capitale sénégalaise ne tombera pas sous le coup de cette interdiction.
Dans une interview à paraître vendredi dans La Croix, le président sénégalais, âgé de 85 ans, réitère sa proposition d’une élection présidentielle anticipée.
Pression de la rue
«Je suis prêt. Je ne suis pas trop vieux (…) C’est parce que l’opposition me demande de partir maintenant que je lui ai proposé une élection anticipée», dit-il.
Prié de dire s’il envisage de partir «maintenant», il répond: «Non, car mon départ créerait au Sénégal un chaos pire qu’en Côte d’Ivoire. Qui pourrait me remplacer ‘maintenant’ ? Personne de crédible». Le Sénégal a connu une série de violentes manifestations à la fin du mois de juin. Les manifestants reprochaient notamment à Abdoulaye Wade de vouloir s’accrocher au pouvoir à tout prix.
Sous la pression de la rue, le président sénégalais avait dâ à l’époque revenir sur une réforme qui aurait réduit à 25% des suffrages le minimum requis pour gagner le prochain scrutin présidentiel en un seul tour – ce qui, arguaient ses adversaires, lui aurait permis de l’emporter face à une opposition divisée.
Force de l’opposition
Ses opposants l’accusent également de vouloir faire de son fils Karim, ministre d’Etat influent mais impopulaire, son successeur au cas où la situation exigerait une relève.
Dans La Croix, Abdoulaye Wade assure qu’il n’a jamais envisagé de proposer son fils comme candidat à la vice-présidence. «Mais personne ne peut l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle après ma mort. La perspective qu’il devienne un jour président du Sénégal ne me déplaît pas», dit-il. Jeudi, le ministre de l’Intérieur a expliqué que la décision d’interdire tout rassemblement politique à Dakar avait été prise pour des raisons de sécurité.
L’annonce de cette mesure intervient quelques jours après la promesse d’Abdoulaye Wade de réprimer durement toute manifestation qui s’inscrirait dans la lignée de celles de la fin du mois de juin. «Cela prouve que les positions se durcissent au gouvernement contre les manifestants qui lui sont hostiles», a dit à Reuters un diplomate basé à Dakar.
Reuters
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