Côte d’Ivoire: Ouest montagneux en crise, la résolution passe par la Diaspora

Vue de Man / Photo Connectionivoirienne.net

Par Marie-D.Z. Gnizako | Connectionivoirienne.net

L’ouest montagneux de la Côte-d’Ivoire se compose d’une seule région indivisible, mais subdivisée en deux à cause des appétits politiques. Il y a à peine dix ans de cela, l’ouest montagneux formait une seule région avec pour capitale, la ville de Man. Aujourd’hui, il y a la région des 18 montagnes avec pour capitale Man et la région du moyen cavally qui a sa capitale à Guiglo. Au sein de ces deux régions, vivent des populations de la même grande famille biologique. Les Dan (Yacoubas) des départements de Biankouma, Man, Danané; les Wobés dans les départements de Kouibly et Facobly et les Guérés dans les départements de Bangolo, Duékoué, Toulepleu, Bloléquin, Guiglo et Taï. L’une des régions fortement riche de la Côte d’Ivoire en ressources naturelles de toutes sortes, cette région fait frontière avec les pays voisins que sont le Libéria et la Guinée Conakry.
Le multipartisme en 1990 avait jeté les bases d’une Côte d’Ivoire moderne, un esprit nouveau, tandis que dans l’ouest montagneux, les populations continuaient de lutter « toute seules » contre les impacts de l’instabilité sociale et politique du Libéria et de la Guinée. Les axes Abidjan-Yamoussoukro-Europe sur lesquels se trouvaient au quotidien le Président de la République feu Félix Houphouët Boigny, son entourage et collaborateurs, ont toujours refusé de dire la réalité aux ivoiriens et au monde entier sur les difficultés auxquelles étaient confrontées la population ouest montagneuse. Même les médias d’État que sont la RTI et Fraternité Matin étaient tenus de camoufler les réalités en servant aux autres populations de la Côte d’Ivoire des contre-vérités. Entre temps, dans les discours officiels des autorités les jeux de « gagnes pains » trouvaient tout leur sens, sous la forme de nombreuses demandes d’aide aux pays occidentaux sur le dos des pauvres populations qui, par familiarité et proximité séculaires avec leurs parents de l’autre côté des frontières libériennes et guinéennes, se voyaient condamnés à mourir avec eux. A Abidjan, une fois les sommes d’argent colossales décaissées et virées dans les caisses de l’État pour leur venir en aide, le gouvernement ivoirien trouvait que la région ne le méritait pas. Ainsi, les technocrates et politiques du PDCI avec en tête les sieurs Laurent Fologo, Léon Konan Koffi, Henri Konan Bédié, Balla Kéita, Jean-Jacques Béchio, Sery Gnonléba, Alphonse Djédjé Mady, etc. proposaient au Président Houphouët la réalisation des grands travaux sur Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Gagnoa, Abengourou; dixit le Franco-Anglais Mc Brian Joseph et ex-fonctionnaire des Nations Unies. Et pourtant le territoire ouest montagneux, n’avait jamais arrêté depuis la colonisation jusqu’à aujourd’hui de remplir les caisses de l’État par la production massive du café, du cacao, de l’or, du diamant, du fer et autres matières premières. Même le chemin de fer vers San-Pedro, Soubré, Issia, Duékoué, Man, Touba, Odienné, cette région ne le recevra pas. Et pourtant, les ressources qui ont servi à construire Yamoussoukro dans la folie des grandeurs, pouvaient faire ce chemin de fer et aider à développer tout l’ouest frontalier à la Guinée et au Liberia. L’effet aurait pu faire décoller le Nord Ouest, Odienné, Touba etc.

Le rôle de la diaspora

A l’instar des populations autochtones, la diaspora ouest montagneuse est beaucoup attachée à sa terre natale, à son terroir. Cette terre dont aujourd’hui la gestion du foncier et les appétits sur le riche sous-sol minier, sont à l’origine d’une bonne partie de la crise que traverse la région, avec les allogènes et les nombreuses manipulations des cadres et élus. La diaspora n’a cessé de compatir aux nombreuses souffrances infligées par les partis politiques PDCI, RDR, FPI, UDPCI, PIT, ainsi que les mouvements issus des Forces Nouvelles. Cette population qui ne croit plus à la politique des autorités ivoiriennes, interpelle le Président de la République Ouattara, le Premier Ministre Soro et le Président de la Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation d’associer à toutes leurs démarches dans la région, sa diaspora. Selon une enquête du mois de mai 2011 d’’Action Contre la Faim (ACF), « 95,13 % de la population ouest montagneuse conditionne la stabilisation réussie de la région, à la présence au sein des délégations des nouvelles autorités ivoiriennes, de certains de leurs enfants qui vivent à l’étranger ». Le rôle de la diaspora pour l’ACF selon toujours les populations interrogées, serait de donner l’assurance et de garantir la crédibilité de la parole donnée et des promesses faites par des autorités, élus locaux et chefs traditionnels. La population estime qu’elle a été toujours exploitée et surexploitée par les politiques par le canal des chefs traditionnels depuis le Président Houphouët. La réconciliation pour elle passe et doit passer par l’implication de sa diaspora vivant en occident. Une doléance qui doit être pour Ouattara, Soro et Banny une voie non négligeable à exploiter si vraiment la paix, la stabilité et le développement de l’ouest montagneux figure sur l’agenda de leurs priorités. Une recommandation à prendre en considération. Cependant, comment procéder aux choix équilibrés des enfants de la région qui vivent hors de la Côte d’Ivoire ? Par quels moyens les impliquer dans la quête d’actions de réconciliation durable auprès de leurs parents et groupes de famille ? Quelles démarches pour consolider la paix qui a toujours caractérisé la sociologie des peuples du Mandé du Sud (Dan et Wê) ? A ces questions, Anthonio Gomez de ACF donne une réponse intelligente basée sur ces expériences. Ce natif de Chili en Amérique Latine estime que la sélection des personnes peut se faire sur la base de la neutralité politique des enfants de la région vivant à l’extérieur. Pour lui depuis une décennie, la Côte d’Ivoire a connu une mutation politique qui s’est étendue jusque dans les milieux de la diaspora. Alors, pour opérer les choix, doivent-être éliminés d’office tous les enfants ayant joué ou qui jouent les premiers rôles de représentation des partis politiques ivoiriens à l’étranger. Il va même plus loin pour dire que ces personnes sont connues puisque les bases de données de la Commission électorale indépendante peuvent servir de support pour vérification avant de choisir et nommer ces enfants de la diaspora comme Ambassadeurs de la Nation ou Messager de la République auprès de leurs cantons, villages et quartiers. Tels ont été dit-il « les exemples au Chili, Pérou, El Salvador qui aujourd’hui vivent une stabilité durable après plusieurs années de crises sociales et politiques, coups d’État et actions négatives des cadres et élus politiques ».

Voilà que le Prédisent Ouattara, Soro et Banny sont avertis. L’ouest montagneux les regardent parce qu’elle n’a plus confiance en ces cadres et élus politiques. Aussi, parce qu’elle ne croit pas à la politique de paix et réconciliation de leur région par l’implantation des camps militaires proposée par l’ONUCI et la sécurisation des frontières, les séparant de leurs parents Libériens et Guinéens en rejetant la confiance qui doit-être privilégiée comme moyen au lieu d’engloutir des millions et milliards de francs, sans tenir compte de leurs souffrances quotidiennes depuis des décennies.

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