C’en est désormais fini du suspens sur le futur chef de l’armée ivoirienne. En effet, le président de la république de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, a nommé le général Soumaïla Bakayoko, ancien chef militaire de l’ex-rébellion, au poste de chef d’état-major de la nouvelle armée.
Dans un communiqué des ministères de la Défense et de l’Intérieur, diffusé le jeudi 7 juillet 2011, le chef de l’Etat a également procédé au changement des chefs de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air, de la Marine et de la Gendarmerie.
Le seul « rescapé » dans ses fonctions est le directeur général de la police, l’inspecteur général Bredou M’Bia. Soumaïla Bakayoko, promu général de division, a désormais pour adjoint le général Firmin Detoh Letoh, ancien patron de l’armée de Terre, rallié au camp Ouattara au tout début de la bataille d’Abidjan.
La décision du président ivoirien revêt une élégance qui n’a pas débarqué illico presto le général Philippe Mangou, ancien allié de Laurent Gbagbo, dès la prise d’Abidjan. A tout moment, Mangou dont l’intégrité physique a été respectée par les vainqueurs du moment, a également bénéficié de quelques mois de sursis à son poste.
Est-ce que parce que c’était un homme « fini », dit-on, qui ne pouvait plus inquiéter une mouche, voire les dozos… qu’il était toujours au commandement, en attendant le chamboulement ? Avouons que le bâton de commandement était devenu lourd pour l’ancien homme de confiance de Gbagbo dont le bureau était occupé d’ailleurs par son successeur depuis la fin de la bataille d’Abidjan (31 mars-11 avril). En clair, il était un chef sans attributs de pouvoir ; et quelque part son éviction peut être perçue par l’intéressé et ses proches comme un soulagement, un grand service qu’on lui rend.
Avec l’arrivée de Soumaïla Bakayoko, c’est un renouveau au sein de la Grande muette ivoirienne qui a besoin d’une cure assez pointue, pour s’être livrée bataille entre frères d’armes, durant plus d’une décennie. Une crise politico-militaire et postélectorale qui a coûté la vie à au moins 3 000 personnes et a entraîné de nombreux milliers de déplacés.
Le changement à la tête de la hiérarchie militaire intervient à un moment où le pays est à la quête d’une sécurité et d’une refondation de son armée afin de la rendre plus républicaine et professionnelle. La relance économique de la Côte d’Ivoire dépendra, en bonne partie, de la qualité de travail du nouveau chef d’état-major général de l’armée.
En effet, celle-ci est toujours sous l’emprise de chefs de guerre, plus connus sous l’appellation de « com-zones » qui se sont bâti, au fil des années, une popularité et une certaine crainte ; et la moindre évocation de leur nom dans certains milieux peut suffire à créer la débandade. La preuve, ces com-zones, qui contrôlent le Nord du pays depuis 2002, se sont également réparti Abidjan en zones d’influence. Leur sort reste vraiment ambigu et constituera une équation très complexe à résoudre. Et Dieu seul sait si les armes ne vont pas crépiter pour mettre quelques récalcitrants hors d’état de nuire, comme on l’a, du reste, vu avec Ibrahim Coulibaly, dit « IB ».
Cyr Payim Ouédraogo — L’Observateur Paalga
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