Musellement de la presse en Côte d’Ivoire
« Le Cnp [Conseil national de la presse] veut
couvrir les exactions contre les proches de Gbagbo »
« Dans son courrier adressé à notre rédaction, dont l’objet indique : «Avertissement», le Conseil national de la presse (Cnp) écrit ceci : «votre quotidien n°255 du jeudi 30 juin 2011 publie à la page 5 une photographie de Michel Gbagbo, fils de M. Laurent Gbagbo, torse nu, en illustration à l’article intitulé «Prisonniers de Bouna – Cas Michel Gbagbo : voici ce que ADO a décidé». Cette image attentatoire à la dignité de Monsieur Michel Gbagbo a tout de même été publiée par votre journal, en violation de la note circulaire n°009/Cnp/Dp/Sg, qui exige «qu’il soit mis fin à la publication de toutes photographies dégradantes concernant le président déchu et son entourage.» En conséquence de ce qui précède, le Cnp vous inflige un avertissement.» Le Conseil national de la presse vient ainsi de dire la messe et l’on ne sera pas étonné que dans les prochains jours, Le Nouveau Courrier qui vient de publier les photographies du même Michel Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan et leurs codétenus, en train de subir des supplices dans la prison de Bouna, sanctionné (pour combien de parutions ?). Cette démarche du Cnp vise-t-elle à empêcher les journaux qui le jugent humain, et qui ont pour souci la sauvegarde constante des droits de l’homme, de faire table rase sur la souffrance des personnes régulièrement martyrisées par leurs bourreaux. Tant que ses publications ne vont pas à l’encontre de la loi sur la presse, qui prescrit le respect de l’éthique et la déontologie du métier, Le Nouveau Courrier aura toujours pour souci, dans cette crise post-électorale, de prendre le contrepied des discours soporifiques du gouvernement ivoirien et de l’Onuci sur les «bons traitements» dont jouiraient les prisonniers politiques qui, rappelons-le, sont détenus illégalement puisqu’ils ne sont pas inculpés et n’ont reçu aucun décret les assignant en résidence surveillée. Le Nouveau Courrier a pour souci de rappeler à la communauté internationale, qui a accompagné Alassane Ouattara dans sa prise de pouvoir, l’étendue de sa responsabilité face aux dérives avérées sous son régime. S’il n’en fait pas cas, Le Nouveau Courrier se rend complice (ce qui est contraire à sa ligne et la loi qui exige une assistance à personne en danger) des hors-la-loi dont le souci est de se faire entendre que par le crépitement de la kalach.
Rappelons que Le Nouveau Courrier ne fait que montrer tout simplement à l’opinion ce qui est fait de «la dignité de Michel Gbagbo» (que le Cnp appelle à préserver) par les nouvelles autorités et non par lui. C’est dans un souci de prendre à témoin les Ivoiriens, notamment ceux qui se font chantre de la réconciliation et de défenseur des droits de l’Homme, que Le Nouveau Courrier se voit dans l’obligation d’attirer l’attention des uns et des autres sur les exactions contre les proches de Laurent Gbagbo. »
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