El Hadji Diouf: « il y a beaucoup de magouilles dans le football sénégalais »

Par Eric Mamruth – RFI

Le meilleur joueur africain de l’année 2001 et 2002 se trouvait à Bamako ce week-end pour participer au premier SIDAFOOT. Une initiative de l’association Mali Événement qui s’est traduite par la tenue d’un match de Gala au stade du 26 mars. L’occasion pour Eric Mamruth d’aller à la rencontre de l’actuel attaquant des Blackburn Rovers, prêté ces six derniers mois aux Glasgow Rangers. Une longue interview durant laquelle El Hadji Diouf, sans concession, évoque sa situation en club et en équipe nationale du Sénégal (première partie).

Par DR

RFI : El Hadji Diouf, pourquoi participez-vous à ce SIDAFOOT ?
El Hadji Diouf : Ce que le football nous a donné, il faut le rendre au football. Si nous n’avions pas la santé, si nous n’étions pas exposés (médiatiquement), nous ne participerions pas à ce type d’événement. Depuis pas mal de temps, les footballeurs participent à des œuvres de charité. Je crois que c’est une bonne chose parce que les enfants aiment les footballeurs. Nous devons être des modèles.

RFI : Pourquoi n’y a-t-il pas eu de match de bienfaisance avant celui-ci, selon vous ?
El Hadji Diouf : Ce n’est pas pareil, ici (en Afrique). L’organisation prend plus de temps qu’en Europe où les gens s’occupent de tout. C’est ce qui nous manque encore. Heureusement, de jour en jour, nous progressons et nous grandissons. Aujourd’hui, c’est une grande première mais pourquoi ne pas le refaire chaque année dans un lieu différent ? Aujourd’hui, c’est pour la lutte contre le Sida, demain ce sera peut-être pour la paix en Côte d’Ivoire. Nous avions déjà joué un match en Casamance pour la paix dans cette région. Ça avait porté ses fruits. Il faut multiplier les actions de ce type parce que le football peut régler pas mal de choses dans ce monde.

RFI : Ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas exprimé sur RFI au sujet de votre carrière alors que vous avez atteint la trentaine. Etes-vous toujours un joueur du championnat d’Ecosse ?
El Hadji Diouf : Pour le moment, je suis toujours un joueur des Rovers de Blackburn et ça se passe super bien. J’ai gagné le championnat d’Ecosse et la Coupe (avec Glasgow Rangers où El Hadji Diouf est prêté). J’étais très heureux à Glasgow la saison passée. Si les gens pensent que le football ne vaut rien là-bas, ils se trompent. C’est un excellent club, grand comme Manchester United. J’ai joué à Liverpool et je sais reconnaître les grands clubs. Les Rangers de Glasgow sont un très grand club.
Maintenant, il faut faire les choses dans les règles. Il me reste un an et demi de contrat avec Blackburn. Je dois retourner faire la pré-saison là-bas et après on verra. Dans le football actuel, un jour on est là et le lendemain, on n’est plus là.

RFI : Cela signifie-t-il que vous êtes ouvert à toute proposition ?

El Hadji Diouf : Oui, mais comme je l’ai dit, je suis toujours à Blackburn. Si les Rovers me disent de rester, on verra, on discutera. Pour l’instant, rien n’est encore fait. Je suis en vacances et j’ai envie d’en profiter avec ma famille, mes amis et le peuple sénégalais. […] La saison a été longue et difficile. Le championnat d’Ecosse est le seul au monde où on n’est rien si on n’est pas premier.

RFI : Vous avez annoncé votre retraite internationale il y a deux ans puis vous avez changé d’avis. Aujourd’hui quel est votre désir vis-à-vis de la sélection sénégalaise ?
El Hadji Diouf : Je souhaite jouer avec mon club tout d’abord. En sélection, je n’ai plus de rêve à atteindre. J’ai pris le bon wagon en équipe nationale, celui de 2002. Mon rêve actuel, c’est de jouer avec mon club et de prendre du plaisir. Si je joue en sélection, ça fera plaisir à mon peuple. Si je ne suis plus convoqué, c’est la vie.

RFI : Le désir est-il toujours là ?
El Hadji Diouf : Le désir de faire plaisir à mon peuple est toujours là. Mais pas celui de demander à l’entraineur de me prendre. […] Si on m’appelle, je viens avec plaisir parce que mon peuple n’attend que ça. J’étais à Dakar et les gens savent là-bas que l’équipe nationale a gagné des matches mais qu’elle ne joue pas. Les Sénégalais savent qu’il manque quelque chose à la sélection. Tout le monde me demande de revenir. Chaque chose en son temps.

RFI : Avez-vous discuté avec le sélectionneur, Amara Traoré ?
El Hadji Diouf : Non, nous n’avons pas eu de discussion. C’est un entraîneur et j’ai toujours fonctionné de la même manière. Je suis bon, tu me prends ; je ne suis pas assez bon à tes yeux, tu ne me prends pas et ainsi va la vie. […] Il n’y a pas de malentendu entre nous. Il a toujours été avec nous. Il prend les joueurs selon leurs performances en club. J’ai joué six mois avec les Rovers puis six mois avec les Rangers. J’ai réussi le doublé Coupe-Championnat d’Ecosse. Si je ne suis pas convoqué, c’est parce qu’il y a beaucoup de magouilles dans le football sénégalais. Ils ont très peur de moi parce qu’ils savent que ma voix est très écoutée. Je dérange. Ça ne va pas. La preuve : les joueurs n’ont pas touché leurs primes après les deux rencontres contre le Cameroun (en éliminatoires de la CAN 2012). C’est grave !

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