L’Intelligent d’Abidjan
Le premier conseil des ministres du gouvernement Guillaume Soro a eu lieu le vendredi 3 juin 2011 au Palais présidentiel sous la présidence d’Alassane Ouattara. Au terme de cette rencontre, le Premier ministre a eu des échanges avec la presse.
Propos liminaire
«Ce jour s’est tenu le premier conseil des ministres présidé par son excellence le Président de la République. Le gouvernement au grand complet était présent. Le président de la République d’entrée de jeu, a tenu à saluer les uns et les autres. Et après les conseils d’usage, il a donné les orientations que devrait être le travail du gouvernement. Le premier point a été la réconciliation. Il faut travailler à la réconciliation entre les filles et les fils de la Côte d’Ivoire. Le second point, c’est la reconstruction du pays après cette longue traversée du désert. Le troisième point c’est la sécurité. Le président bien entendu a aussi évoqué une charte d’éthique et de déontologie pour les membres du gouvernement. Le président a aussi demandé au gouvernement de se mettre immédiatement au travail. Il a demandé de l’action plutôt que des discours. Le président a souhaité rapidement que le gouvernement puisse donner réponse aux préoccupations du quotidien de tous les Ivoiriens. Mesdames et messieurs, voici ce que le président de la République a donné comme orientation à l’équipe gouvernementale. Bien entendu, les membres du gouvernement sont heureux d’avoir le privilège de siéger au gouvernement qui doit donc ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre pays , qui doit donc se préoccuper et travailler pour faire en sorte que la Côte d’Ivoire redevienne la grande Côte d’Ivoire que nous avions à l’époque connue. Une Côte d’Ivoire qui tourne le dos aux querelles, aux palabres, une Côte d’Ivoire résolument engagée dans la voie du développement. Voici Mesdames et messieurs ce que je voudrais vous faire comme compte rendu de ce conseil. En tout cas, en ce qui nous concerne, les ministres sont invités immédiatement à se mettre au travail. Je crois que dans les prochains jours vous verrez la manifestation concrète de cet engagement. Merci ».
Réponses aux questions
des journalistes
Le Fpi n’est pas représenté à ce gouvernement. Qu’est-ce qui explique cela ?
Il faut que les choses soient claires. Le 28 novembre 2010, un président de la République a été démocratiquement élu. Il revient au président de la République démocratiquement élu et conformément à notre Constitution de nommer un Premier ministre qui lui propose un gouvernement. Donc, nous ne sommes plus dans le contexte ou dans le cadre de l’accord politique de Linas-Marcoussis qui avait prévu une clé de répartition entre les formations politiques. C’est terminé. Nous ne sommes plus dans le cadre de ces partages par clé de répartitions des portefeuilles ministériels. Un président est élu. Il nomme un Premier ministre conformément à la Constitution qui lui propose un gouvernement. Mais bien entendu, après les difficultés de transmission du pouvoir pacifiquement au président de la République élu , le président a considéré – et vous l’avez vu dans les orientations qu’il nous a données en conseil des ministres – que pour renforcer la réconciliation entre les fils et les filles de la Côte d’Ivoire, il fallait ouvrir son gouvernement aux forces politiques qu’il juge utile d’associer dans le cadre d’un gouvernement d’union. C’est de la responsabilité du président de la République et ça relève d’une volonté politique. C’est conformément donc à cette volonté politique que le président m’a demandé tout de même de prendre langue avec certains responsables de formation politique en vue de la formation du gouvernement en précisant à chacun que ce n’est plus une affaire de clé de répartition. Le Président se réserve le droit avec le Premier ministre de former le gouvernement en sollicitant lui-même des personnalités pour figurer au gouvernement. Je me suis rendu à Daoukro pour voir le président Bédié, président du Pdci-Rda. J’ai rencontré le ministre d’Etat Mabri et bien d’autres responsables. C’est dans la même logique que j’ai reçu le président intérimaire, je crois, du Fpi M. Mamadou Koulibaly pour échanger et l’informer de l’importance pour le président d’associer toutes les filles et fils au gouvernement. Et en l’espèce, le président me chargeait de l’informer que le Fpi aussi sera sollicité. Après cet entretien , le président intérimaire du Fpi m’a envoyé un courrier le 1er juin m’informant de ce que le Fpi considérait que sa place était dans l’opposition républicaine et que le Fpi ne souhaitait pas s’associer. Il nous a même indiqué que c’est justement cette façon de procéder qui avait créé l’inertie et leur échec. Donc, le Fpi n’a pas souhaité fait partie du gouvernement et ce gouvernement a été formé. Le président tout à l’heure en conseil des ministres a regretté que le Fpi n’ait pas saisi la main tendue du président de la République pour participer au gouvernement. Je ne peux que le regretter en tant que Premier ministre que cette volonté de réconciliation de mettre ensemble tout le monde, de construire le pays, n’ait pas été l’occasion pour toutes les filles et fils de se montrer solidaires du gouvernement et du président de la République.
Est-ce la réunification de l’armée a été abordée ?
Dans le volet sécurité, il y a la restructuration de l’armée, etc. Donc ce sont des chantiers qui seront forcément abordés à l’occasion du conseil du gouvernement et ensuite le conseil de ministres.
Qu’est-ce qui va changer ?
Tout va changer. Je vous le dis. Le président de la République a insisté sur le fait qu’il aura une charte d’éthique et de déontologie des ministres. Ça montre bien que déjà sur ce plan, des choses vont changer, le comportement des ministres, la responsabilité de l’équipe gouvernementale vis-à-vis de non seulement du bien public, mais vis-à-vis du citoyen. Beaucoup de choses vont changer. Le président a insisté pour que le gouvernement se mette au travail pour changer la Côte d’Ivoire. Nous savons que les aspirations et les attentes des Ivoiriens sont nombreuses. Et nous savons aussi que les Ivoiriens sont impatients pour voir les choses positivement évoluer. Nous sommes pleinement conscients de la responsabilité qui est la nôtre. Nous travaillerons et ferons en sorte que de façon concrète, manifeste, vous puissiez voir le changement qu’il y a. Le conseil a commencé à dix heures. La ponctualité, c’est peut-être un détail, mais c’est important. Les choses ont commencé et dans cette direction nous entendons persévérer.
Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est un gouvernement pléthorique ?
Je comprends, mais que les Ivoiriens soient indulgents mais tout de même. Nous sortons d’une situation difficile. Donc, il était tout à fait normal que le gouvernement ait cette taille. 36 ministres, c’est quand même moins des 80 ministres qu’on a vus dans d’autres pays qui n’ont pas connu la situation que nous avons. Tout près de nous au Sénégal, c’est un gouvernement de 34 ministres. On n’a que deux membres de plus. Je peux citer plusieurs exemples. Je pense que les Ivoiriens ont fait confiance au président de la République. Le président de la République met un gouvernement en place. Les Ivoiriens doivent attendre le travail de ce gouvernement et l’efficacité de l’équipe gouvernementale. Nous sommes à 36 membres. Ce n’est pas la première fois que je me soumets à l’exercice de former un gouvernement. 36 membres, je ne vois pas ce qui est pléthorique. Quand nous sortions de Marcoussis, nous étions à peu près à plus de 40 ministres. Ensuite, quand nous sortions de Ouagadougou, nous étions autour de 34 ministres. Je ne vois pas ce qui est vraiment excessif ici. Le gouvernement va se mettre au travail. Nous voulons des résultats. Nous vous en donnerons.
Il n’y a que cinq femmes au gouvernement. Qu’est-ce qui explique le faible taux de la gent féminine à ce gouvernement ?
Cinq femmes, ce n’est pas assez. Nous devons en convenir même si le dernier gouvernement, que j’avais mis en place n’en comptait que deux. Evidemment il faut faire des progrès et nous sommes d’accord. Le président, je dois le dire, a insisté pour que nous puissions donc proposer des femmes au gouvernement. Nous avons travaillé. M. Mabri est témoin. J’ai bien insisté pour que les uns et les autres proposent des femmes au gouvernement. Evidemment, ce n’est pas facile non plus parce qu’au sein des forces politiques, il y a des échanges et interactions pour proposer les femmes ; Donc cinq femmes au gouvernement, ce n’est pas assez. Cette culture du genre aussi bien dans les formations politiques que dans l’administration va s’améliorer.
Des armes circulent. Nous avons appris que des nouvelles tenues seront mis à la disposition des Frci. Qu’en est-il ?
La sécurité, les nouvelles tenues, ce sont des questions très pratiques. Il reviendra donc au gouvernement de décider. Ce qu’il faut retenir, c’est que le gouvernement est mis en place et a été constitué le 1er juin. Nous avons tenu notre premier conseil aujourd’hui 3 juin. La machine est en marche et c’est maintenant qu’il faut commencer à regarder, à jauger et à juger le gouvernement. Laissez-nous donc travailler. Il y a quand même une période de grâce pour tout gouvernement. Permettez que nous prenions possession de nos ministères et que nous nous mettions à travailler. Mesdames et messieurs les journalistes, c’est avec plaisir que nous avons échangé avec vous. Je voudrais conclure notre point de presse pour dire que le président de la République, ce matin, solennellement à l’occasion du conseil des ministres, a mis le gouvernement au travail. Nous demandons aux Ivoiriens de garder la sérénité et le calme. Nous avons une bonne équipe. Je dirais même une très bonne équipe. Des ministres motivés, déterminés. Je dirai même des ministres prêts et engagés à travailler dan le sens de la réconciliation de la Côte d’Ivoire, de la reconstruction du pays pour apporter la sécurité à tous. C’est ainsi que nous pourrons relancer l’économie ivoirienne et partant le développement de notre pays. En tout cas, c’est par notre détermination à travailler et à faire en sorte que la Côte d’Ivoire redevienne ce grand pays que nous avons connu.
Propos recueillis par Touré Abdoulaye
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