Désarmement à Yopougon: Chasse à l’homme entre soldats français et Frci

Soir Info – Par Armand B. DEPEYLA

Le désarmement des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ( Frci), qui s’opère silencieusement, depuis peu, dans la commune de Yopougon, donne lieu en ce moment à une chasse à l’homme entre les « bérets verts » français, ceux de l’opération de l’Onuci et certains éléments des Frci qui refusent de rendre les armes. Le mercredi 1er juin 2011, entre le pont de la Sideci et le carrefour Saint-Pierre « Yopougon à gauche », nous avons été témoin d’une scène pour le moins insolite. Des éléments des Frci, kalachnikov en bandoulière, fuyant à grandes enjambées à la vue des soldats français. « Jeunes ! Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi fuyez-vous ? », avons-nous demandé aux fuyards. « Non, il n’y a rien. On veut nous arracher nos armes. Mais nous ne sommes pas d’accord, parce que nous n’avons pas encore été profilés », nous ont-ils répondu, tout en haletant… Depuis quelques jours, les soldats français de l’opération Licorne, appuyés par des éléments de l’Onuci, sont à la manette à Yopougon pour retirer aux supplétifs des Frci, les armes dont ils disposent. Ils traquent, à travers les rues, ces éléments, qui détiennent, encore, irrégulièrement des armes. Dernier bastion du camp Laurent Gbagbo, ex-chef de l’Etat déchu le 11 avril 2011, Yopougon fourmille d’hommes en armes difficilement identifiables du fait des tenues aussi bigarrées que disparates qu’ils portent. Personne ne peut dire avec exactitude de quel commandement ses « soldats » répondent. Depuis le vendredi 21 avril, cette commune réputée proche de l’ancien président Laurent Gbagbo est tombée aux mains des Frci. De nombreux jeunes gens désœuvrés ont intégré les rangs des Frci à leur arrivée à Abidjan. Aujourd’hui, ils trainent les pieds à se faire « profiler ». L’opération de profilage, piloté par Daniel Kossonou Ouattara, qui en est le coordonnateur national, a démarré le 8 mai 2011 à l’état-major des Armées avec les éléments du groupement tactique 3 du commandant Chérif Ousmane et s’est poursuivi à la base navale de Locodjro. Après les éléments du commandant Chérif Ousmane, les équipes de « profileurs » se sont rendues au camp commando d’Abobo pour « enrôler » les éléments des groupements tactiques 2 et 4. Ensuite, à la Garde républicaine de Treichville pour le groupement tactique 1 et le reste des éléments du groupement tactique 2. Les opérations d’identification des Frci, en ce qui concerne les éléments présents à Abidjan, ont pris fin le 26 mai 2011. Au total, 2276 éléments des Forces républicaines, issus du groupement tactique 3, ont été profilés par le Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc). Ce profilage vise à préparer l’encasernement des Frci et devrait permettre, à terme, d’asseoir une base de données claire du Pnrrc. Mais de nombreux « combattants » de la vingt-cinquième heure des Frci ne se sont pas enregistrés pour bénéficier d’un « programme de vie ». Ce sont donc ces éléments-là qui sont dans le viseur des « bérets verts » français, en première ligne dans cette opération de désarmement. La place Ficgayo a été transformée en camp retranché des militaires français et de l’Onuci. Des chars et autres VAB (Véhicules avant blindés) ont pris position dans cet espace… Chaque matin, des colonnes de jeep sont lancées à travers les rues de la commune, à la chasse des soldats Frci qui détiennent illégalement les armes. Des hélicoptères de l’Onuci suivent l’opération par des patrouilles aériennes. « Lorsque les soldats français arrivent et qu’ils trouvent un groupe d’éléments des Frci, ils les encerclent, vérifient leurs « récépissé de profilage ». Ceux qui détiennent les armes et qui n’ont pas ce « sésame » se voient immédiatement retirer les armes, de gré ou de force », nous a expliqué un commandant d’unité Frci, qui a requis l’anonymat. Les opérations, pour le moment, sont concentrées à Niangon où les soldats français ont installé « un camp », notamment au carrefour « Bar Etoile », à la hauteur de la station « Texaco ».

C’est de là que partent les patrouilles vers les quartiers « Maroc, Cité Verte, Académie et Sideci ». Un adjudant de la Force Licorne, que nous avons interrogé, sur les tenants et les aboutissants de cette opération, nous a répondu par un simple sourire. Il faut dire que cette opération de désarmement est en train de faire des étincelles. Aujourd’hui, les rues de Yopougon se sont sensiblement vidées des soldats Frci et la circulation est devenue fluide.

La peur des populations est en train de s’estomper…

Armand B. DEPEYLA

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